Santé

L’orgasme de la semaine : multiple, s’il vous plaît !

À première vue, l’orgasme multiple, c’est un peu comme le ticket gagnant à la loterie : ça n’arrive qu’aux autres. Une question de hasard ? Faut-il être bien née pour bénéficier de cette « aptitude sexuelle », jouir une fois, deux fois, trois fois ? Est-ce, sinon, donné à tout le monde ? On pourrait en douter à la lecture de ce chiffre : selon une étude Ifop, 78% des Françaises sexuellement actives admettent avoir déjà eu des difficultés à jouir, alors de là à multiplier les orgasmes… Découragées, vous êtes ? Il ne faut pas.

La sexothérapeute et coach en sexualité Jessica Pirbay, aussi auteure de « Puissance et orgasmique » (éd. Leduc), explique d’entrée de jeu que l’orgasme multiple est accessible, mais « pas comme on l’imagine ». Car oui, penser que l’orgasme multiple se concrétise par des orgasmes successifs, qui auraient patiemment fait la queue et se décideraient à nous surprendre par magie, est une ineptie. En réalité, « si on jouit plusieurs fois, c’est parce que l’on fait l’amour plusieurs fois lors d’un seul et même rapport sexuel ». Peu clair ? Cette semaine, entrons dans l’orgasme multiple et sa vérité.

Le clitoris, allié de l’orgasme multiple

Qui n’a jamais entendu que les femmes étaient capables de jouir plusieurs fois, tandis que les hommes seraient privés de cette joie orgasmique ? Vrai ou pas vrai ? Pour répondre à cette question, qui mérite d’être traitée pour comprendre l’orgasme multiple, Jessica Pirbay s’appuie sur la « réponse sexuelle », soit les différentes étapes que nous traversons lors des rapports, telles qu’identifiées par Masters & Johnson dans les années 60 : après une phase d’excitation, nous entrons en phase de plateau – le plaisir est présent et constant, puis vient le tour de la décharge orgasmique. Seulement, une fois l’orgasme atteint, que se passe-t-il ? Les hommes accusent une phase dite réfractaire, qui se caractérise par une « déturgescence » – le sang qui a afflué vers le pénis pour générer l’érection fait demi-tour, si bien qu’ils ont besoin d’une pause plus ou moins longue pour pouvoir, ensuite, remonter à cheval.

Chez les femmes, cette phase existe, mais elle est différente : « Le sang quitterait moins rapidement le clitoris, organe de la jouissance féminine, qui peut donc rester gonflé et éveillé », explique la sexothérapeute, qui précise néanmoins que l’on manque d’études à ce sujet. Ainsi, difficile de tout miser sur un clitoris toujours dans les starting-blocks : « Beaucoup de mes patientes témoignent plutôt d’un clitoris hypersensible après l’orgasme, qui ne souhaite plus être caressé », ajoute l’experte. Mais étant un organe très innervé et réceptif, il est capable de réagir à nouveau, et rapidement, et c’est là le secret de l’orgasme multiple. »

Se concentrer sur d’autres zones érogènes

Si l’orgasme multiple a tout d’une réalité qu’il est possible d’expérimenter, ce n’est pas seulement parce que le clitoris a de la réserve et dispose de plus de 10 000 fibres nerveuses, à en croire une étude récente. C’est aussi, et surtout, « parce que les femmes disposent d’autres leviers pour prendre à nouveau du plaisir dans la foulée », précise la sexothérapeute.

Qu’entendons-nous par d’autres leviers ? « Le vagin ou les seins, par exemple, demeurent des zones érogènes fortes, sur lesquelles il est possible de se concentrer pour repartir, notamment si l’on ne ressent pas l’envie de stimuler le clitoris immédiatement après le premier orgasme, car celui-ci aurait exigé un temps d’arrêt », note Jessica Pirbay. Ainsi, il faut comprendre que les femmes peuvent jouir plusieurs fois si elles prennent le temps de se remettre en conditions d’excitation. L’idée ? Reprendre le cycle de la réponse sexuelle. « Une fois l’orgasme atteint, les femmes peuvent entamer une nouvelle phase d’excitation, en engageant d’autres parties du corps, pour gagner ensuite une nouvelle phase de plateau et donc un nouvel orgasme », développe la sexothérapeute.

Prendre son temps et utiliser du lubrifiant

« Pour jouir une nouvelle fois, on peut profiter d’un clitoris toujours demandeur, ou bien approcher des organes ou des zones moins sensibles pour remettre le corps en état d’excitation et réveiller doucement la vulve », récapitule la coach en sexualité Jessica Pirbay. Voilà pourquoi, finalement, l’orgasme multiple ne se définit non pas par une série d’orgasmes imprévus et hasardeux, mais bel et bien par une série d’orgasmes qui apparaissent à la fin de chaque cycle de la réponse sexuelle, à condition de remettre une pièce dans la machine et de se payer un nouveau tour de manège.

« On veille, évidemment, à revenir vers le clitoris quand celui-ci se sent prêt, et on n’hésite pas à utiliser un lubrifiant pour encourager la mécanique, car la lubrification peut être moindre à ce stade, puisqu’elle n’est pas automatique et constante », conseille l’experte.

L’orgasme multiple, une possibilité, pas une nécessité

« Pour vivre l’orgasme multiple, j’aime rappeler qu’il faut se conditionner. Combien sommes-nous à croire que c’est impossible et à percevoir l’orgasme comme la conclusion du rapprochement intime ? », questionne la sexothérapeute. Très intéressant : en osant prendre le temps du sexe, en osant un moment durant lequel on s’embrasse et on se caresse plutôt que de remettre sa culotte, on s’offre l’opportunité de réitérer l’orgasme, mais on s’explique aussi à soi-même que rien n’est terminé, que tout est encore possible.

En parallèle, évidemment, pas la peine de courir après l’orgasme multiple comme s’il était indispensable à notre épanouissement sexuel. « Ce n’est pas parce qu’il est atteignable qu’il doit survenir à chaque rapport, au contraire », précise la sexothérapeute. Jouir plusieurs fois est une option sympa, et elle le sera d’autant plus si elle ne devient pas une habitude. « Il ne faut pas complexer si on ne touche pas le septième ciel maintes fois, mais plutôt voir cette potentialité comme une exploration. L’orgasme multiple propose de quitter les courts purement génitaux, en invitant à redessiner les moments intimes, en les prolongeant, en accentuant la connexion avec le partenaire », poursuit Jessica Pirbay. En somme, pourquoi ne pas se dire que ce soir, on ne va pas faire l’amour une fois, mais peut-être dix, finalement ? Façon de parler, bien sûr, mais l’orgasme multiple, dans le fond, ce n’est que ça : du temps pris, du temps que l’on s’accorde, pour, qui sait, remettre le couvert alors que l’on n’est même pas sorties de table.

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