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La crise s’installe dans la durée!

À scruter les articles de presse française sur le Maroc qui se multiplient, avec des angles d’attaque précis, portés par une agressivité inédite, la conviction est là. Le fossé qui sépare les autorités françaises et marocaines se creuse et s’approfondit à vue d’œil. Ce qui montre que la crise entre Emmanuel Macron et le Maroc s’installe dans la durée et que les deux pays vont devoir gérer un long hiver dans leurs relations.

Il faut dire que les malentendus étaient déjà là, tapis dans l’ombre mais on officiellement reconnus par la diplomatie française. Tandis que le Maroc manifestait sourdement sa mauvaise humeur, la non désignation d’un ambassadeur se voulait un signe de colère et de déception, Paris se livrait à une politique de l’autruche. Sa diplomatie s’interdisait de reconnaître l’ampleur de la crise et des divergences entre les deux pays.

Puis est intervenu le séisme et sa gestion diplomatique. Le non choix de la France comme un des premiers pays à apporter une aide aux sinistrés au profit d’autres Etats considérés comme plus proches comme l’Espagne, la Grande Bretagne, les Emirats arabes unies et le Qatar, a agi comme un révélateur de cette crise.

Cette position du Maroc, somme toute souveraine, a irrité en haut lieux. Après avoir proposé à multiples reprises son aide, Emmanuel Macron est allé jusqu’à s’adresser directement aux Marocains à travers une vidéo au style inédit dans les relations entre les deux pays. S’en est suivi une campagne de critiques et de dénigrements lâchée avec une densité qui a choqué la majorité des Marocains, public toujours fidèle des médias français.

Le violence des critiques, le côté organisé, pensé, anticipé qui confirme plus une stratégie d’acharnement qu’une spontanéité conjoncturelle, renseigne sur la gravité de la crise qui marque aujourd’hui les relations entre Rabat et Paris. Tout indique que ce tourbillon de critiques, ces clashs entre Marocains et Français par médias interposés, rend difficile une normalisation à court terme des rapports entre les deux pays.

Dans cette crise, un nouveau pallier de critiques a été franchi. Il dépasse le cadre politique pour toucher la sphère personnelle et intime. C’est sans aucun doute ce paramètre qui va compliquer un possible retour à la normale dans des délais raisonnables à toute crise.

Aujourd’hui, alors que le séisme vient de frapper la région d’Al Haouz, un autre séisme d’une autre nature vient faire voler en éclats une entente franco marocaine déjà fragilisée par des divergences politiques. Aujourd’hui, les deux pays sont face à un énorme défi à double visage. Ou s’accommoder de cet état de crise en attendant des jours meilleurs que seules des accélérations inattendues de l’histoire peuvent provoquer, ou prendre le taureau par les cornes et créer les conditions d’une vraie normalisation entre les deux pays.

Dans cette équation, c’est la France d’Emmanuel Macron qui est exclusivement interpellée. La presse a beau faire des focus sur des affaires qui empoisonnent les relations entre les pays comme celle du logiciel espion Pegasus et l’affaire des visas, mais il y a une unanimité à considérer que les relations entre Paris et Rabat bloquent sur une divergence majeure, celle du Sahara marocain.

Sous la pression d’Alger, Paris refuse de sortir de la zone grise et reconnaître pleinement la souveraineté du Maroc sur son Sahara, comme l’ont fait des pays qui ont tenu à exprimer leur véritable amitié avec le Maroc.

Il y a fort à parier que si demain le président Emmanuel Macron prend la décision historique de reconnaître la marocanité du Sahara, toutes ces péripéties sur Pegasus, les visas, les campagnes de presse les plus sournoises ne seront que de mauvais souvenirs. Le partenariat franco-marocain sera relancé sur de nouvelles bases et une nouvelle dynamique sera donnée à l’axe Paris Rabat.

Les plus pessimistes peinent à parier sur un tel tournant que pourrait prendre Emmanuel Macron, ligoté comme il est dans sa politique maghrébine par son tropisme algérien. Ils affirment par ailleurs que dans ce bras de fer, le Maroc dispose de l’élément « Temps », 2027 où le locataire de l’Elysée va forcément changer par la force des élections.

Les optimistes affirment au contraire qu’on n’est pas à l’abri d’un heureux accident de l’histoire, le fruit d’une possible inspiration d’Emmanuel Macron sur le Sahara, qui rebattrait les cartes et rendrait à la relation France-Maroc sa vocation et son dynamisme.

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