Santé

Faut-il se quitter en bons termes pour mieux vivre une rupture ?

« Je n’avais pas imaginé que cela allait se passer aussi bien entre nous. Je n’avais pas prémédité cette séparation aussi respectueuse », confie Mona, la quarantaine, à peine divorcée et séparée depuis maintenant un an. « Je l’aime profondément, je ne veux pas lui faire de mal ni le faire souffrir. C’est une question de sensibilité. » Après 15 ans de vie commune et deux enfants, la Parisienne a quitté son conjoint sans heurts, sans disputes, mais surtout sans rancœur. Une fin d’amour paisible qui tranche avec l’imaginaire collectif : non, une séparation ne doit pas se terminer avec pertes et fracas et en déclarant la guerre ouverte. « Même si on peut culpabiliser de blesser l’autre, une relation peut se terminer paisiblement, surtout lorsqu’on réalise que l’on a fait le tour et que la situation ne nous convient plus », explique Catherine Blanc, psychanalyste. « C’est d’autant plus facile si les deux partenaires ont acté que la flamme était morte. Se quitter en bons termes, c’est aussi se faire du bien à soi-même et à l’autre. »

Un soir alors que leur petite fille de cinq ans dormait, Maéva et son partenaire ont démarré une discussion sur leur couple. « Notre rupture est arrivée un peu par hasard. On s’entendait bien, mais on était devenu un couple parental », raconte la jeune femme. « En commençant à lister tout ce qui ne nous allait plus dans notre vie à deux, on a pris la décision d’arrêter là. Le tout en buvant un verre de vin, avec quelques larmes, mais c’est comme si on avait eu tous les deux un déclic », ajoute Maéva, séparée aujourd’hui depuis 4 ans.

Le bien des enfants, l’enjeu de la séparation

Mais aussi douce qu’a pu être leur séparation, la trentenaire s’est néanmoins posée des questions par la suite. « J’ai été perturbée pendant plusieurs mois : on est resté ce «  couple parental » pour notre fille, on a continué à bien s’entendre, peut-être même mieux qu’avant. À tel point que je me posais la question sans cesse, mais au fait pourquoi on s’est séparé au juste ? », partage la jeune femme. Le cheminement a été le même pour Mona, qui a pleuré sa séparation pendant un an, malgré sa rencontre avec un nouveau compagnon dont elle est aujourd’hui très amoureuse.

En restant bons amis, cela confère aussi une place très habitée auprès de l’autre

Des questionnements tout à fait légitimes pour Catherine Blanc. « Pour ces couples-là, les séparations en douceur permettent également d’acter l’amour vécu ensemble, comme si se déchirer indiquait que l’on s’était fourvoyé », explique la psychanalyste. « Mais en restant bons amis, cela confère aussi une place très habitée auprès de l’autre, qui plus est si on a des enfants. Comme si on ne voulait pas perdre notre place dans la vie de l’autre. » Ce qui peut compliquer les choses lorsqu’on rencontre un nouveau partenaire par exemple, mais qui permet aux enfants de mieux vivre cette séparation et faciliter l’acceptation de cette décision. « Nos deux filles vivent bien notre séparation. On continue à avoir des moments tous les quatre, cela permet à la famille d’exister mais d’une manière différente », raconte Mona.

Même son de cloche pour Maéva : « Nos nouveaux compagnons ont très bien accepté notre entente. Nous fêtons tous ensemble, par exemple, chaque année l’anniversaire de notre fille qui est ravie de souffler ses bougies avec ses deux parents à ses côtés », explique la jeune femme. Avant d’ajouter : « il aura toujours une place privilégiée dans ma vie, même si aujourd’hui j’ai un amoureux avec qui je vis. Mon ancien compagnon est et restera le père de ma fille. » Un avis partagé par la psychanalyste : « cela a du sens de rester bons amis, car on a des enfants ensemble au-delà de leur fabrication. »

La thérapie pour dénouer les tensions

Mais pour arriver à une telle entente dans la séparation et permettre une nouvelle vie plus sereine, la thérapie peut-être aussi un bon moyen de se dire les choses sans se déchirer et de mieux les comprendre, surtout si l’un des conjoints est moins enclin à la rupture. « Cela peut être un bon moyen d’épurer les tensions », conseille Catherine Blanc. « Mais aussi d’expliquer pourquoi on s’en va dans un espace dédié où l’on peut parler de soi. » Même en douceur, pour la psychanalyste, une rupture reste néanmoins une épreuve. « C’est courageux de quitter un cadre réalisé pour de l’inconnu, même si on part pour un amant. Certains renoncements peuvent être douloureux, les enfants que l’on voit moins, une autorité parentale à partager, un confort matériel que l’on abandonne… Il faut une certaine solidité intérieure pour se choisir soi, mais se quitter avec tendresse peut permettre de mieux de vivre la rupture. »

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