Santé

Comment l’ASMR permet de lutter contre l’insomnie et l’anxiété

Craquements, murmures, crépitements… le pouvoir de l’ASMR (« réponse autonome des méridiens sensoriels ») sur le cerveau est extrêmement puissant. Si certaines personnes se disent insensibles aux bruitages et autres images satisfaisantes, d’autres ont retrouvé le sommeil grâce à ces stimuli auditifs et visuels. C’est le cas de Charlotte*, 34 ans, qui a longtemps souffert d’insomnie. « À l’adolescence, il m’arrivait de dormir deux heures par nuit. Au départ, ce n’était pas forcément lié à l’anxiété. Mais au fil du temps, le stress a accentué mes insomnies. Plus je craignais de ne pas m’endormir, moins je trouvais le sommeil. »

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Des picotements dans la tête

Lecture, cinéma, méditation, exercices de respiration, sport, médicaments à base de plantes… Charlotte a testé de nombreuses méthodes dans l’espoir de plonger dans les bras de Morphée, en vain. Jusqu’au jour où elle s’est tournée vers l’ASMR. « Depuis toute petite, il m’arrive de ressentir des picotements dans la tête, à n’importe quel moment de la journée, ou parce que je m’attarde sur une personne qui lit un bouquin dans le métro. Cette sensation est hyper apaisante, comme un massage qui partirait de la nuque jusqu’au sommet du crâne. Si je me détends complètement, je peux très vite m’assoupir », explique-t-elle. Une description qui ressemble étrangement à l’état émotionnel suscité par l’ASMR. « Quand j’ai découvert que ces vidéos existaient, cela m’a permis de mettre un nom sur cette sensation bizarre mais agréable, que je connaissais depuis longtemps », poursuit la jeune femme, qui est parvenue à trouver le sommeil grâce à ces images relaxantes, comme un remède miracle. Des bienfaits qui ont fonctionné sur le long terme. « Aujourd’hui, je ne fais quasiment plus d’insomnies. Le fait de savoir que j’ai un moyen concret vers lequel je peux me tourner, m’a beaucoup détendue. » Alors, comment expliquer ce phénomène ?

Cocktail d’hormones du bonheur

Le signe ASMR (pour « autonomous sensory meridian response »), a été employé pour la première fois en 2010, par l’Américaine Jennifer Allen. « Que ce soit des, le coiffeur qui nous coupe les cheveux dans le cou, l’éclatement du papier bulle… chaque personne est sensible à des bruits, des images ou des sensations qui peuvent provoquer des frissons, souligne Pierre Lemarquis, neurologue et auteur des « Pouvoirs de la musique sur le cerveau » (Éd. Odile Jacob). L’ASMR est une synthèse de tout ça. » De manière très schématique, le cerveau est divisé en deux zones : celle qui capte les informations par les sens, qui confronte cela à la mémoire et qui nous dit quoi faire pour nous maintenir en vie ; et celle liée au « système du plaisir et de la récompense », activé par la musique et par l’ASMR. Cette région de la matière grise sécrète des endorphines, qui permettent de mieux dormir et de calmer l’anxiété ; de la sérotonine, l’hormone du bonheur que l’on retrouve dans les antidépresseurs ; du cortisol, le neuromédiateur du stress, qui ralentit le cœur. 

« C’est une façon de nous protéger des attaques et du stress du monde extérieur »  

« Ces images nous permettent d’oublier le reste et de chasser les soucis le temps d’une vidéo, comme un petit lorsqu’on écoute de la musique ou que l’on regarde une peinture. C’est une façon de nous protéger des attaques et du stress du monde extérieur », ajoute Pierre Lemarquis. Un processus confirmé par une étude américaine menée en septembre 2018. En effet, selon les chercheurs, le corps produirait également de l’ocytocine, l’hormone de la confiance. 

Chuchotements ou coups de pinceaux ? 

Cependant, tout le monde n’est pas réceptif aux vidéos ASMR. Si ces images procurent un sentiment de bien-être chez certains, d’autres les trouvent insupportables. « Il faut être capable de lâcher prise. Les personnes plus cartésiennes, qui ont tendance à tout vouloir contrôler, auront plus de mal à accrocher. Ces différences sont liées à la génétique, mais aussi à l’éducation que l’on a reçue », explique Pierre Lemarquis.

Par ailleurs, tous les adeptes de l’ASMR ne sont pas sensibles aux mêmes types de vidéos. « J’ai horreur des tapotements de doigts sur des verres, ou des vidéos de femmes qui me susurrent des mots à l’oreille. Je trouve qu’il y a un côté hypersexualisé, et ce n’est pas ce que je recherche avec l’ASMR », souligne Charlotte, qui préfère les vidéos de lecture ou de coups de pinceaux. « Les ASMR exploitent tous nos canaux sensoriels (auditifs et visuels, notamment), qui sont plus ou moins développés. Ces préférences peuvent également être liées à des souvenirs conscients ou inconscients, à nos premières empreintes », explique Pierre Lemarquis. 

Certaines vidéos, qui n’avaient pas cette vocation, sont devenues des références dans l’univers de l’ASMR. C’est le cas des vidéos du peintre américain Bob Ross. Près de 30 ans après la mort de l’artiste, le hashtag #BobRoss cumule 1,9 milliard de vues sur TikTok. « Les personnes qui nous regardent, comme si elles prenaient soin de nous, participent à cette sensation de bien-être », précise le neurologue, qui recommande de se tourner vers ce type de « vidéos interactives », pour faire ses premiers pas dans le monde envoutant de l’ASMR… 

@bob.ross0098 #bobross #painting #asmr #paintingasmr #viralvideo #viraltiktok #CapCut ♬ original sound – BOB ROSS

(*) Le prénom a été modifié. 

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