Avec la récurrence de la sécheresse qui a une fois de plus affecté la production de blé tendre au Maroc cet été, le Royaume prévoit d’accroître ses importations pour la campagne 2023/24 par rapport à l’année précédente. Selon les estimations du Conseil international des céréales (CIC), ces importations devraient atteindre 5,40 millions de tonnes, comparativement à 4,80 millions de tonnes en 2022/23.
La consommation nationale de blé tendre au Maroc devrait également augmenter, passant de 7,82 millions de tonnes à 8,17 millions de tonnes d’une campagne à l’autre, principalement en raison de la prévision d’une augmentation de l’utilisation à des fins alimentaires. En effet, l’année précédente, le Maroc a été fortement impacté par une récolte désastreuse due à une sécheresse sévère, ce qui l’a conduit à se tourner vers la France. Cette année encore, le Royaume a été confronté à un grave déficit hydrique, laissant peu d’espoir quant à des récoltes conséquentes pour l’année 2023. Aussi, des importations substantielles seront nécessaires en 2023/24.
Au cours des derniers mois, les programmes d’exportation en France ont connu un essor considérable en raison de la demande provenant du Maroc. Effectivement, le pays montre une demande particulièrement marquée au début de la campagne de commercialisation 2023/24, comme cela a été révélé lors d’un point de situation sur les marchés céréaliers organisé par FranceAgriMer le 11 octobre. Bien que la production s’améliore en 2023 par rapport à 2022, elle demeure insuffisante pour satisfaire les besoins nationaux, comme l’a-t-on expliqué.
C’est particulièrement notable dans le cas du blé tendre. Le CIC estime que la production marocaine pour la campagne 2023/24 atteindra 2,82 millions de tonnes, comparativement à 1,89 million de tonnes en 2022/23. Les stocks initiaux ne s’élèveraient qu’à 1,43 million de tonnes, contre 2,60 millions de tonnes l’année précédente. La consommation augmenterait, passant de 7,82 millions de tonnes à 8,17 millions de tonnes d’une campagne à l’autre, principalement en raison de l’anticipation d’une hausse de l’utilisation pour l’alimentation humaine.
En conséquence, les importations de blé tendre au Maroc devraient atteindre 5,40 millions de tonnes, selon les estimations du CIC (et 7 millions de tonnes selon l’USDA) pour cette campagne, par rapport à 4,80 millions de tonnes en 2022/23 et environ 4 millions de tonnes au cours des trois campagnes précédentes. Les achats de blé dur augmenteraient également par rapport à la campagne 2022/23, passant de 1,02 million de tonnes à 1,12 million de tonnes.
À la fin de septembre, l’office marocain interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL) a annoncé que le gouvernement mettait en place des subventions pour les opérateurs afin de faciliter l’importation de 2 millions de tonnes de blé tendre entre le 1er octobre et le 31 décembre. D’après les informations des Douanes ainsi que les données de Refinitiv et Reuters, le Maroc a importé 2,8 millions de tonnes de blé tendre français au cours de la campagne 2022/23, ce chiffre étant en comparaison à 1,7 million de tonnes en 2021/22 et 1 million de tonnes en 2020/21. La question qui se pose à présent concerne la campagne 2023/24.
Au cours des trois premiers mois de cette nouvelle campagne, les achats de blé tendre français par le Maroc se sont élevés à 880 000 tonnes, ce qui représente une baisse par rapport à la campagne 2022/23. Agritel avait expliqué à la fin du mois d’août que, comme d’autres partenaires historiques, le marché marocain est devenu plus concurrentiel ces dernières années, ce qui a favorisé les importations de blé tendre en provenance de la région de la Mer Noire.
Pour atteindre ses objectifs en matière d’exportation, la France devra « reconquérir » ce marché au cours de la campagne 2023/24. Reuters rapportait début octobre que selon “Intercéréales“, le Maroc importerait 2,5 Mt de blé tendre français sur cette campagne, soit environ 46% de ses besoins, contre 60% en 2022/23.
