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Musée Forbes, la caserne tangeroise aux 110 000 soldats de plomb

Situé au cœur du palais Mendoub à Tanger, l’ancienne demeure de Malcolm Forbes, a abrité durant de longues années le musée éponyme. Le milliardaire acquit une partie du Palais Mendoub auprès du représentant du sultan à Tanger, Si M’Hamed Tazi. L’idée première de Forbes était d’en faire le siège des éditions arabes de son magazine, quand Beyrouth connu les malheurs de la guerre (Tanger : porte entre deux mondes, ACR Edition (1992)).  Le magnat de la presse, amoureux du Maroc, en fera un musée accessible au grand public et qui accueillait sa plus importante collection, dont une partie toujours préservée au Maroc.

Le musée Forbes contenait une extraordinaire collection de 110 000 figurines de soldats de plomb et plus de 600 statuettes qui ornaient l’immense jardin de la demeure. Ce lieu «attirait et instruisait» des centaines de Marocains et étrangers. Les visiteurs pouvaient circuler librement dans le jardin de la demeure, où «il était possible de croiser l’homme d’affaire en train de lire», se remémore Ahmed, devenu guide touristique à Tanger.

Demeure de Malcolm Forbes à Tanger./Ph.DR

Jusqu’au années 1990 les visiteurs pénétraient dans la demeure du milliardaire, qu’il accueillait souvent lui-même. Les curieux venaient ainsi admirer de près une collection de figurine, moins impressionnante certes, mais qui pourrait rappeler la fameuse armée de terre cuite de l’Empereur Qin.

Pour les privilégiés qui ont pu s’y rendre comme Ahmed, le show était impressionnant. En effet, la collection qui se trouvait au rez-de-chaussée (seule partie accessible avec le jardin), servait d’éléments de reconstitution de différentes batailles historiques, telles que celles de Waterloo ou encore de «Điện Biên Phủ», grand tournant de la guerre d’Indochine. Sur place, les figurines reprenaient vie et repartaient en guerre. Des scènes recréées à la perfection grâce au effets sonores et lumineux, nous confie Ahmed qui a eu l’occasion de se rendre à plusieurs reprises au musée.

Dans le jardin qui donnait sur le détroit et par lequel il était possible d’entrevoir les côtes espagnoles, outre les 600 statuettes silencieuses, Malcolm Forbes entreposait son impressionnante collection de motos Harley Davidson et s’adonnait à une autre de ses passions, celle des montgolfières. Une vie luxuriante comme en atteste la cérémonie organisée pour son 70ème anniversaire, ou ce que la presse américaine décrivait comme étant «l’anniversaire du siècle».

Un amoureux du pays et de ses traditions

Si son dernier anniversaire est surnommé l’anniversaire du siècle ce n’est pas pour rien. Pas moins de 110 journalistes et photographes ont fait le déplacement, parmi eux Martha Sherrill correspondante pour The Washington Post.

Elle relate dans un article daté de 1989 que le dress code ce soir-là était «cravate noir pour les hommes et robe traditionnelle marocaine pour les femmes». L’allée du palais était recouverte par un tapis de 3 000 mètres, musiciens et danseurs ont assuré le show sur des rythmes marocains. D’ailleurs toute la soirée reprenait les codes d’une cérémonie marocaine. Installés sous des tentes, les invités ont pu découvrir ou redécouvrir la cuisine locale. Une gastronomie à la facture salée, avec 8 millions de dirhams rien que pour le groupe de restauration Chez Ali.

Malcolm Forbes et Elizabeth Taylor au centre./Ph.DRMalcolm Forbes et Elizabeth Taylor au centre./Ph.DR

Ce soir-là tous les invités, parmi eux Calvin Klein, Donald Trump ou encore Elizabeth Taylor s’accordaient à dire que le milliardaire avait réussi a organisé la plus spectaculaire des soirées du siècle. Si le milliardaire a pu avoir des dromadaires, organisé un véritable «moussem», et avoir une pleine lune accrochée au ciel, le seul détail que The Washington Post n’a pas manqué de souligner, c’est l’absence de son grand ami, le roi Hassan II. En effet, parmi les quelques 800 invités, seul le roi Hassan II avait décliné l’invitation, pour des raisons toujours inexpliquées. Il avait cependant convié tous les invités de Forbes à un déjeuner au Royal Country Club de Tanger.

Le musée transformé en palais d’hôtes

La relation d’amitié entre les deux hommes n’était un secret pour personne. En atteste, le complexe Natirar dans le New Jersey que le roi Hassan II avait acquis en 1983. C’est son ami Forbes, qui lui avait initialement présenté la propriété comme moyen d’avoir une propriété près de l’Université de Princeton, où les fils du roi étaient inscrits. A sa mort, le roi Mohammed VI a vendu les 200 hectares pour 22 millions de dollars au comté de Somerset en 2003.

Malheureusement le rêve de Jean Louis Miège et d’autres, dans «Tanger : porte entre deux mondes», de voir le Maroc et Tanger hériter de ce joyau du patrimoine national, ne verra jamais le jour. En effet, la demeure du défunt milliardaire a été vendue par ses fils au gouvernement marocain, qui en a fait le Palais des Hôtes Royaux (PHR), qui accueille comme son nom l’indique des invités du souverain, tels que François Hollande en 2015.

Néanmoins, il est toujours possible d’admirer une petite part de la collection qui est au musée Talim, situé au sein d’un autre musée situé au sein de l’ancienne légation américaine. La quasi-totalité de la collection, comprenant les figurines, motos et montgolfières ont été déplacés au musée de New York.  

Une des maquettes conservée au musée Talim à Tanger./Ph.DRUne des maquettes conservée au musée Talim à Tanger./Ph.DR  


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