EconomieMaroc Diplomatique

L’offre est là, la crise aussi 

Par Mariem Idrissi

Entre crise sanitaire, inflation, coûts exorbitants de la vie, les Marocains sont aujourd’hui au bout du gouffre. Pire, à l’approche de l’Aïd Al Adha, la frustration monte et les citoyens ne cessent de s’insurger quant aux prix des ovins qui, semble-t-il, restent assez chers par rapport au pouvoir d’achat moyen des ménages. Il est 10h, nous nous sommes rendus à un des souks les plus prisés de la région de Berrechid pour découvrir les prix. Nous y avons rencontré Nabil, un jeune Casablancais, trentenaire et père de famille. « Je touche 5.000 DH par mois et ma femme ne travaille pas ». Selon lui, les prix poussent à s’abstenir. Nous l’avons suivi jusqu’à ce qu’il ait enfin pu négocier son “sardi” à 3.500 dirhams après s’être rendu trois fois avant cela au même souk pour essayer d’acheter. Selon le vendeur, « nous n’y pouvons rien, les prix de l’alimentation du bétail ont augmenté de façon vertigineuse. »

Par ailleurs, les réseaux sociaux ne cessent de s’enflammer, notamment à travers le hashtag “Annulation de l’Aïd Al Adha”, qui semble avoir fait forte impression auprès des internautes. De son côté, le ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts avait annoncé le mois dernier que les prix des moutons devraient augmenter de 15 à 25 % par rapport à l’année précédente, assurant que le gouvernement veillerait à réguler les prix. Pourtant, les citoyens dénoncent la cherté “inexpliquée” des ovins cette année, surtout après un ramadan percuté de plein fouet par l’inflation.

Une tendance expliquée par l’année difficile qu’a connue le Royaume, la crise accentuée par la sécheresse et le déficit pluviométrique affiché lors de l’actuelle saison agricole qui a atteint 46 %. Aussi, le conflit russo-ukrainien n’a pas été sans conséquences et les éleveurs signalent une hausse remarquable des prix de l’alimentation du bétail, donnant ainsi lieu à une inflation sans précédent.

Pour ce qui est de l’offre, celle-ci est au rendez-vous. Selon la Direction régionale du ministère de l’Agriculture de la région Casablanca-Settat, la région dispose d’environ 2,2 millions de têtes, entre ovins et caprins. Dans le détail, 920.000 têtes de bétail ont été recensées en collaboration avec l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSA).

Pour sa part, la région de Doukkala se taille, à elle seule, la part du lion en abritant 206.000 têtes d’ovins et de caprins destinés à l’abattage, répartis entre la province de Sidi Bennour (115.000) et la province d’El Jadida (91.000).

Bien que la situation actuelle laisse présager une possible annulation de l’Aïd, aucune communication officielle n’a eu lieu à l’heure où nous mettions en ligne.

 

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