Art & CultureAujourd'hui le Maroc

«Les Marocains auront la chance de découvrir tous les films du FIFM dans les salles» – Aujourd’hui le Maroc

Entretien avec Mohamed Khouna, distributeur marocain de films

Rencontré à Marrakech, Mohamed Khouna partage son expérience en distribution de films au Maroc. L’occasion pour lui de faire des révélations sur ses projets dans le Royaume.

ALM : En tant que distributeur marocain, pourriez-vous nous révéler la manière dont vous contribuez à la renommée du cinéma national de par le monde ?
Mohamed Khouna : J’accompagne le cinéma marocain à l’étranger puisque je travaille sur les festivals de Cannes et de Berlin. Donc, nous essayons, avec mon équipe, d’apporter notre réseau, notre synergie et notre expérience pour les films qui ont vocation à voyager !

Déjà, le 7ème art national commence à gagner en visibilité hors des frontières vu les prix qu’il y récolte ainsi qu’au Maroc. Comment, d’après vous, peut-il arriver à s’imposer davantage ?
Les films marocains ont un scénario qui est de plus en plus construit pour l’étranger. Comme vous le savez sur les films marocains, il y a des œuvres tournées pour la classe populaire pour les Marocains et d’autres qui sont aussi construits pour «l’exportation». Ces films sont souvent accompagnés par le Centre cinématographique marocain (CCM). Un film marocain qui va au-delà des frontières, c’est aussi le pays qui voyage autant par exemple que Gad El Maleh lorsqu’il fait ses one-man-shows que ce soit en Suisse, en Angleterre ou ailleurs, il transporte le Maroc dans ses valises. C’est exactement la même chose. Et nous avons besoin de faire voyager ces films qui permettent à la fois de mettre en avant l’identité parce que sur chaque film marocain que j’ai vu et que j’ai l’occasion d’en voir dans les festivals à l’étranger, c’est notre identité qui voyage aussi.

Vous participez à différents festivals dont le FIFM. Pourriez-vous nous raconter votre expérience dans ces événements de taille ?
Pour ma part, je pars au festival de Cannes en tant que distributeur pour défendre les films sélectionnés afin de défendre les prochaines sorties au Maroc. Nous avons «Io capitano» (Moi capitaine) du réalisateur italien Matteo Garrone, qui vient d’être projeté au 20ème Festival international du film de Marrakech (FIFM) et qui est un film très fort. C’est une histoire et on peut dire que c’est un sacré film d’auteur puisque cela parle des «herragas» (immigrants clandestins) et malheureusement nous en avons aussi au Maroc qui tentent l’aventure et qui, hélas ne comprennent pas un petit peu la dangerosité.

Entre-temps, quelle serait la date de sortie de ce long-métrage ?
Le film sort le 4 janvier au Maroc. Et j’aurais souhaité que ce soit les parents qui emmènent leurs enfants regarder ce film parce que c’est très dangereux ! Ce long-métrage parle de Subsahariens qui traversent le désert libyen mais nous avons aussi nos frères qui traversent soit la mer Méditerrannée, soit ils passent par le désert algérien et c’est aussi dangereux que leur odyssée. Et le film s’arrête à la mer, on ne va pas plus loin parce que politiquement c’est très compliqué en ce moment en Europe pour pouvoir accueillir autant de films.

Mais c’est un long-métrage qui raconte une histoire vraie sauf qu’il y a eu quelques éléments forts qui ont été pris. Si on devait raconter réellement ce qui se passe, vous pouvez imaginer la suite… aujourd’hui il y a cette torture et tous ces passeurs qu’on enrichit indirectement. Ce qu’il faut retenir de ce film c’est que les Subsahariens ne sont plus considérés comme des humains et c’est cela qui est dur ! Alors nous allons essayer d’associer les écoles, les collèges afin de pouvoir sensibiliser ici. Ce film n’est pas commercial d’ailleurs comme tous les films de Matteo Garrone, c’est sa thématique.

Qu’en est-il des autres sorties ?
Nous avons « Banel et Adama » de la Sénégalaise Ramata-Toulaye Sy, également projeté au FIFM et qui a récolté le Prix de la mise en scène, qui est une très belle histoire ! C’est un long-métrage qui met en avant le changement climatique qui intervient même dans la vie de couple et l’émancipation de la femme. Dans certains villages en Afrique, il y a des codes qui sont aujourd’hui compliqués à faire sortir. Après, nous avons, avec mon assistante Rachida El AMrani, «Winter Break» du Gréco-américain Alexander Payne. C’est un film qui raconte une histoire qui se déroule un petit peu durant la période de Noël. Elle rassemble un professeur grincheux et un élève un peu turbulent et qui se retrouvent coincés pendant les vacances. Et de là va naître une très belle amitié. Il sera de sortie au Maroc le 13 décembre. Nous en sommes les distributeurs. Donc tous les films au FIFM, les Marocains auront la chance de les découvrir dans les salles de cinéma.

Vous accompagnez également l’équipe de Pathé BC Afrique. Quelle évaluation en faites-vous ?
Le Groupe Pathé BC Afrique est un distributeur qui prend les droits et distribue sur tout le Maghreb et l’Afrique francophone. Aujourd’hui je suis le distributeur de Pathé BC Afrique sur le Maroc que j’accompagne autant que j’accompagne la synergie et la promotion. Pathé BC Afrique prend les droits sur tout le Maghreb et l’Afrique francophone et ensuite les détache sur la Tunisie, l’Algérie et le Maroc ainsi que tout le reste de l’Afrique.

Vous avez un projet qui vous tient à cœur au Maroc. Qu’en est-il de votre démarche pour le pérenniser au moment où des platesformes de streaming regorgent de films ?
J’ai un objectif très clair au Maroc qui est de retranscrire par le biais de mon expérience et de faire évoluer un petit peu l’industrie cinématographique. Le premier objectif c’est de réunir tout le monde. C’est exactement de faire ce qu’a fait l’équipe du Maroc lors de la dernière Coupe du monde. C’est de réunir la production, la distribution et l’exploitation. Mon deuxième objectif c’est de promouvoir aussi la production marocaine à travers le Maroc. C’est très important pour moi. J’ai accompagné Asmae El Moudir lors du dernier festival de Cannes et je suis très fier qu’elle ait été au FIFM.

La chance qu’elle a c’est qu’elle a ses parents et sa grand-mère avec elle. Le troisième objectif c’est que j’ai eu la chance d’avoir une très belle équipe au ministère de la culture et au CCM ainsi que des personnes 2.0 et des jeunes. Ensemble ils essaient de faire évoluer les choses. Nous ne venons pas au Maroc avec un esprit financier mais pour dire que nous sommes là pour faire rayonner ce Royaume et de montrer que nous Marocains sommes capables aussi de faire de belles choses.

Nous adorons le Maroc. Le monde entier en parle par le biais de ses traditions, sa culture et notre Roi ! Au Maroc, nous aimons tous notre Roi ! Et on a fait montrer au monde entier notre manière de faire et c’est très important ! Aujourd’hui, le Royaume avance énormément dans la culture que ce soit en cinéma ou en musique ou en art. Nous avons aussi un passif qui est formidable. Une culture qui nous appartient et qui est nôtre. C’est notre ADN et je suis très fier de participer à cette évolution. Et Au Maroc, nous avons énormément de talents dont la jeunesse qui ne demande qu’à s’émanciper et s’épanouir. Et c’est sincère.

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