Art & CultureLe Matin

Rapatriement d’un crâne de crocodile au Jardin zoologique Rabat

Le ministre Mehdi Bensaid pendant la visite du fossile rapatrié.

Le 3 mars de cette année 2022 est une date qui restera mémorable dans l’univers paléontologique marocain. C’est le jour où le ministre de la Jeunesse, de la culture et de la communication, Mehdi Bensaid, a procédé à la présentation du crâne fossilisé rapatrié au Jardin zoologique de Rabat. Et ce en présence du chargé d’affaires des États-Unis, des collaborateurs français et du directeur du Patrimoine au département de la Culture.

Datant de 56 millions d’années, le crâne fossilisé de crocodile rapatrié a été extrait du pays de manière illicite, puis saisi en 2014 parmi 7.000 autres artefacts, lors d’une opération de contrôle dans une ferme appartenant à un archéologue amateur américain dans l’État d’Indiana. Dans son allocution, le ministre Mehdi Bensaid a indiqué que ce crâne représente un bien culturel, comme tout objet d’art ou patrimoine qui participe à la transmission de la mémoire d’une communauté ou d’une Nation. «Le pillage et la contrebande conduisent à la destruction de ces biens et à travers eux ceux d’une partie de notre Histoire et sont une atteinte à l’intégrité même de notre mémoire collective. À l’occasion de cette cérémonie, nous rappelons à ceux qui font de l’Histoire des peuples un marché lucratif que nous sommes attachés auprès de nos partenaires à ce que cette Histoire reste un bien commun de l’humanité et qu’il nous revient, en tant que responsables, de veiller sur cet indispensable devoir de mémoire.

Cette restitution nous permettra d’allier le travail scientifique qui s’annonce à nos chercheurs au devoir de mémoire qui nous incombe à toutes et à tous», précise le ministre de la Jeunesse, de la culture et de la communication. C’est de cette manière que ce fossile, qui a traversé les siècles, protégé dans la roche marocaine, est désormais de retour. De ce fait, insiste le ministre, «la sécurité du patrimoine national et la lutte contre le trafic illicite des biens culturels marocains constituent un enjeu prioritaire de la politique culturelle que nous menons et notre rencontre aujourd’hui en est témoin». La représentante de l’ambassade des États-Unis a, de son côté, évoqué la récupération de ce crâne de crocodile fossilisé comme un exemple concret de l’intérêt porté pour la préservation et la protection d’objets d’importance culturelle et historique. «Cela témoigne également de la forte collaboration entre les institutions de sécurité de nos pays.

Et nous sommes heureux de voir ce fossile retourner à son pays natal et la terre à laquelle il appartient». Et d’ajouter que «les États-Unis sont très attachés à la préservation des objets historiques et nous apprécions la collaboration du gouvernement du Maroc dans le partage de notre engagement dans la préservation culturelle». Quant à la directrice générale des Instituts français du Maroc, elle a rappelé le soutien de la France à des opérations de ce genre, respectant ainsi la Convention de l’Unesco de 1970. «Cette restitution témoigne de la volonté conjointe des autorités françaises, marocaines et, bien sûr, américaines et européennes de lutter contre le trafic illicite de biens culturels.

Car, ce fléau prive les peuples d’un patrimoine auquel tous devraient avoir accès. La question du pillage archéologique est un phénomène mondial qui s’est accentué au cours des dernières décennies du fait notamment des conflits se déployant autour de la Méditerranée, pénalisant gravement la recherche scientifique et détruisant des gisements entiers qui auraient pu apporter des données essentielles sur l’histoire géologique et humaine de la région». À noter que cette opération rentre dans le cadre des efforts déployés par le ministère de la Culture pour rapatrier toutes nos richesses paléontologiques qui se trouvent à l’extérieur de notre pays. Sachant que cette restitution s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention de l’Unesco de 1970 concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriétés illicites des biens culturels, mais aussi dans le cadre de la coopération bilatérale entre le Maroc et les États-Unis d’Amérique, notamment le Mémorandum d’entente pour la préservation du patrimoine culturel marocain signé le 14 janvier 2021 à Rabat. Ainsi, afin de préserver son patrimoine national, le Maroc a pu récupérer, au cours de l’année 2021, quelque 25.000 pièces du patrimoine géologique, archéologique et ethnographique, constitué d’un ensemble de grande importance appartenant à des sites du sud du Royaume et de l’Anti-Atlas et datant de la préhistoire.


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