Santé

L’orgasme du mois : l’anal, il existe ?

On pourrait se satisfaire de l’orgasme tel qu’on le connaît et l’expérimente, on a nommé l’orgasme féminin, obtenu par stimulations clitoridiennes ou vaginales – ou les deux. Mais le plaisir sexuel étant une quête infinie, et notre curiosité un guide motivé et motivant, une question revient souvent : peut-on jouir en empruntant un autre chemin, celui de l’anus et du rectum, et si oui, à quoi ressemble le fameux orgasme anal, tantôt décrit comme fantastique, tantôt perçu comme une illusion ? 

La sodomie peut-elle se solder en orgasme ?

Si on sait que la sodomie se veut de plus en plus courante – 53% des femmes l’auraient déjà pratiquée*, aucune donnée ne nous éclaire quant à l’orgasme qui va avec : existe ou n’existe pas ? Répondre à cette question est bien plus difficile qu’il n’y paraît : si l’orgasme durant la sodomie peut survenir, il peut être accompagné d’une stimulation clitoridienne ou vaginale qui brouille les pistes.

Pour la sexologue Diane Deswarte, aussi fondatrice du Club Kamami, « spécifier d’où vient le plaisir n’est pas essentiel, l’orgasme est souvent le résultat d’un ensemble de stimulations de plusieurs zones érogènes qui travaillent de concert, mais aussi d’émotions, d’énergies, de sentiments ». Ainsi, certaines femmes peuvent témoigner d’un orgasme anal alors que d’autres zones étaient engagées via des caresses nettes et précises. On pourrait parler d’un orgasme mi-clitoridien, mi-anal, ou même d’un multi-orgasme, cette locution ne faisant pas seulement référence au fait de jouir plusieurs fois successivement. Quant à savoir, finalement, si le rectum et l’anus seuls sont capables d’un feu d’artifice ? La sexologue est formelle : « Oui, on peut jouir grâce à une stimulation anale, et seulement une stimulation anale, même si en sus, le cerveau, évidemment, participe ». La nouvelle est plaisante, mais comment expliquer cette réalité pour l’invoquer ? 

Un « réseau plaisir » au cœur de la zone génitale

« L’anus est une zone sensible et innervée, qui réagit aux stimuli et peut provoquer un orgasme », affirme la spécialiste. Ainsi, on peut prétendre que le clitoris, présenté comme l’organe de la jouissance féminine par excellence, n’est pas toujours le principal acteur du plaisir. L’anus a du pouvoir. « Les terminaisons nerveuses situées au niveau de l’anus sont réceptives aux frictions et aux changements de température, et les terminaisons nerveuses situées au niveau du rectum, à l’intérieur, sont plutôt sensibles à la pression », note la sexologue. 

Toutefois, si l’anus et le rectum se donnent des airs de cavaliers seuls du plaisir, il ne faut pas oublier, toujours, qu’ils appartiennent à la zone génitale. Lorsqu’on les stimule, les muscles périnéaux s’engagent à leur tour et peuvent émettre des contractions agréables, qui se diffusent. A noter également que le nerf pudendal, qui prend racine dans le sacrum, présente des ramifications qui « desservent » les organes génitaux, dont la zone anale et le complexe clitoridien. « Ce nerf est telle une autoroute, explique la sexologue. Lorsqu’il est en action, le plaisir qu’il engendre se répand, tellement qu’il a longtemps été surnommé le nerf honteux. » 

L’orgasme anal est aussi un orgasme cérébral

« Historiquement considérées comme déviantes, les pratiques anales demeurent encore taboues, si bien qu’elles proposent, à celles et ceux qui s’y essaient, un sentiment de transgression qui peut accentuer le plaisir », soulève la sexologue Diane Deswarte. Comprendre : et si, en se lançant dans une sodomie ou en manipulant un plug anal, la conscience de flirter avec l’interdit générait du plaisir, un plaisir qui peut nous sembler plus impressionnant, car défendu et inédit ? En somme, l’orgasme anal dépendrait de notre rapport aux pratiques anales : plus nous jouons avec les (nos) limites, plus le plaisir est capable de nous surprendre.

C’est sans dire, aussi, qu’accueillir des sensations agréables via la sodomie exige du lâcher prise et de l’abandon, deux ingrédients qui parfont la sexualité. Ajoutons à cela la rareté d’une telle jouissance : « De ce que j’observe chez les personnes que j’accompagne, la pratique anale est généralement loin d’être quotidienne, et c’est parce qu’on peut la solliciter de temps en temps qu’elle est susceptible d’apparaître avec davantage de sensations et un potentiel orgasme », poursuit Diane Deswarte.

Comment est-il, cet orgasme anal ?

Que ressent-on durant le plaisir anal ? Peut-on le reconnaître ? « Certaines décrivent un orgasme plus puissant, plus intense, mais n’oublions surtout pas que le ressenti est subjectif », note la sexologue. En effet : à orgasme égal, les mots choisis pour le raconter ne seront jamais les mêmes, d’autant que nous ne pouvons ignorer nos postulats de base : le regard que nous posons sur l’expérience anale alimente notre représentation de l’orgasme et son vécu.

Tous les orgasmes sont uniques, et heureusement que nous ne disposons pas d’études sur l’orgasme anal, sa façon de s’exprimer, d’habiter nos corps. « Si les témoignages sur les sensations orgasmiques peuvent être libérateurs, ils sont parfois, à l’inverse, perçus comme des injonctions à l’origine de nouveaux complexes », développe la sexologue. En effet, un orgasme anal décrit comme extraordinaire pourrait générer de la déception chez celles qui ne le rencontrent pas.

Des pistes pour tâter le terrain

On pourrait se demander où réside l’intérêt de l’orgasme anal quand on sait que la nature nous a dotées d’un clitoris richement innervé et généreux de plaisir. Un élément de réponse ? Si le désir de rencontrer son anus survient, et que notre appétit est là, il est toujours intéressant de s’aventurer sur un terrain nouveau.

Pour commencer, il peut être judicieux de stimuler la zone génitale dans son ensemble – bonjour clitoris, notamment – afin de se disposer et de ressentir un plaisir grandissant, apte à nous déconnecter. Dans cet état d’esprit, la visite de l’anus, voire du rectum, sera potentiellement plus agréable. « Si on se sent de caresser d’emblée l’anus, pourquoi pas, c’est à la carte », précise la sexologue, qui insiste ensuite sur l’usage d’un lubrifiant à base d’eau, l’anus et le rectum ne lubrifiant pas naturellement.

L’important, ensuite, sera la douceur : on parle d’une zone sensible, qu’il faut aborder gentiment pour éviter les douleurs, voire les microlésions. Ensuite, on retiendra que le plus important reste de faire l’amour avec envie, dans la confiance et avec un partenaire de confiance. Atteindre un niveau d’intimité tel avec le partenaire, c’est aussi ce qui alimente le potentiel orgasme à venir, car, à deux, il sera question de créer une bulle puissante, et presque rebelle, au sein de laquelle tout est permis, sauf de passer de l’anus au vagin avec le même jouet (ou pénis pas lavé), car les germes, eux, existent.

*« Étude Ifop pour ELLE réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 28 au 29 janvier 2019 auprès d’un échantillon de 1 007 femmes, représentatif de la population féminine âgée de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine. »

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