Santé

Santé mentale : que peut l’art-thérapie ?

Est-ce une vraie thérapie ?

« Oui, c’est une méthode psychothérapeutique où les mots sont remplacés par une expression artistique, même s’il y a souvent un temps de parole avec l’art-thérapeute avant de passer à l’œuvre. C’est d’ailleurs à partir de ce dialogue que le patient couche ses émotions sur le papier ou sur la toile. Parfois, il est tellement centré sur ses douleurs que celles-ci imprègnent fortement la production, sans même qu’il s’en aperçoive. Ce pouvoir de création est réparateur, car il permet au patient d’introduire une dynamique dans ce qui était figé, il lui donne la possibilité de faire quelque chose de ses tourments et de les symboliser. Devenir ainsi auteur permet de redresser la tête face à l’épreuve, d’avoir une attitude plus active et de projeter sa douleur vers l’extérieur. C’est aussi une thérapie qui s’adresse au “cerveau droit”, dédié à l’intuition, à l’imagination, aux émotions. »

Comment savoir si c’est pour moi ?

« L’art-thérapie peut convenir à tout le monde, mais elle sied particulièrement aux personnes qui n’aiment pas parler d’elles-mêmes, à celles qui ont un problème avec le langage, qui fuient l’introspection, qui ont l’impression d’avoir visité l’ensemble de leurs problématiques mais qui sentent néanmoins qu’un malaise persiste sans pouvoir mettre des mots dessus. Ou alors aux personnes qui ne veulent pas aborder des sujets trop brûlants. Ce peut être notamment des secrets de famille dont on s’interdit de parler ou que l’on a du mal à verbaliser. » dans une problématique, on s’aperçoit en fait que l’on est capable de réaliser une œuvre d’une force surprenante. Par ailleurs, l’art-thérapie ne se limite pas aux arts plastiques, et j’aurais tendance à proposer une autre discipline aux personnes qui les maîtrisent. L’écriture de contes, le théâtre, les marionnettes, la danse, le chant, la musique… ou encore l’art du clown, qui invite le patient à jouer avec ses failles et son désarroi. L’idée est d’explorer un champ que l’on ne maîtrise pas, mais où l’on n’est pas mal à l’aise non plus. Si l’on a des problèmes avec son corps, on évitera le théâtre ou la danse,

Je ne sais pas dessiner, ça marche quand même ?

« Une art-thérapie n’est en aucune manière un atelier d’artiste ! Ne pas savoir dessiner offre d’ailleurs une plus grande liberté dans l’expression : on n’est pas pris dans une forme d’académisme. Cela permet aussi de découvrir quelque chose de soi que l’on ne connaît pas et de se surprendre soi-même. Ainsi, alors que l’on se sentait figé qui risquent d’être trop “violents”, pour choisir plutôt le dessin ou le récit d’invention. »

Puis-je pratiquer seul ?

« Quand on est saisi par un malaise, on peut inventer une histoire, dessiner ou faire un collage pour s’exprimer, mais cela reste de l’ordre du soulagement momentané. Tandis que la création accompagnée permet de s’installer dans un processus de construction de soi. »

Comment trouver un bon art-thérapeute ?

« Il doit avoir suivi une psychothérapie et pratiquer lui-même un art, afin de pouvoir guider le patient plus loin dans son expression. Je conseille de passer par des écoles reconnues, comme Les Pinceaux (lespinceaux.org), Puzzle (puzzle-art-therapie.com), le Bataclown (bataclown.com), ou l’Inecat (inecat.org), que j’ai créée il y a une quarantaine d’années. De manière générale, il faut s’assurer que l’école à laquelle on s’adresse a au moins une vingtaine d’années d’expérience. »

« Que sais-je ? L’Art-Thérapie », de Jean-Pierre Klein (éd. Puf).

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