Santé

Thérapie de couple : Ariane (43 ans) et Justin (38 ans), « On s’aimait mais il y avait clairement un problème au quotidien »

Ariane a 43 ans et son compagnon depuis 7 ans, Justin, en a 38. Le couple a décidé de ne pas avoir d’enfant et ils se concentrent depuis le départ sur leurs carrières respectives, dans le milieu bancaire. Ensemble, ils partagent de nombreuses activités sportives : cours de yoga, running et randonnée pendant les vacances. Ils habitent ensemble un bel appartement dans une grande ville et espèrent bientôt acheter le foyer de leur rêve.

« J’ai pensé que la thérapie de couple serait une bonne solution », Ariane

Pour Ariane, la question de la thérapie de couple a commencé à se poser peu après le premier confinement : « J’ai vu Justin changer complètement. Il était obsédé par les informations, par les différentes recommandations sanitaires. Un moment, on a eu une sorte de sas dans l’appartement où il voulait qu’on mette tous nos vêtements qui venaient de l’extérieur, après il a fallu nettoyer et désinfecter toutes les courses. Je sais bien qu’au début, on était très mal informés mais il est resté assez angoissé depuis.

Cette proposition lui montrait que je ne le lâchais pas

Il continue de se mettre du gel hydroalcoolique plus de 10 fois par jour en plus de se laver les mains dès qu’il change d’activité. Il désinfecte tout. Il change nos draps trois fois par semaine. Il m’a demandé de suivre ses consignes et se mettait dans des colères noires quand je refusais ou qu’il me voyait les ignorer. Je ne savais plus quoi faire, j’ai pensé que la thérapie de couple serait une bonne solution parce que ça nous concernait tous les deux ainsi que notre vie au quotidien mais aussi ça lui montrerait que je ne le lâchais pas. »

« Je me suis orientée vers celui qui avait de meilleures notes sur Google », Ariane

Elle cherche un thérapeute sur internet : « Il y a eu peu de gens qui proposent des thérapies de couple mais elles sont souvent orientées vers des problèmes sexuels ou des conflits qui peuvent mener au divorce. Nous, on s’aime, on fait encore l’amour mais il y avait clairement un problème au quotidien avec des conséquences importantes sur notre vie ensemble. Je me doutais bien que je n’allais pas trouver un thérapeute spécialisé donc je me suis orientée vers celui qui avait de meilleures notes sur Google. Il faut bien que ça serve à quelque chose. »

« C’est un travail sur lui qu’il a commencé », Ariane

Ariane appréhende le premier rendez-vous : « J’avais peur que ce ne soit pas du tout la bonne personne pour nous, qu’elle ne nous prenne pas au sérieux et aussi que Justin ai un comportement défensif. Je n’ai pas arrêté de lui répéter que c’était important pour moi. Que ça faisait plus d’un an qu’on vivait avec la peur du virus et qu’il fallait qu’on lâche du lest. Évidemment, il m’a répondu qu’on était en pleine crise sanitaire mais devant ma détresse il a fini par accepter de faire un effort.

Et ça a payé. Au premier rendez-vous, on a pu raconter toute notre histoire, les conséquences de la pandémie sur notre vie quotidienne, la peur et les colères de Justin. Au bout de deux rendez-vous ensemble, le psychothérapeute a proposé que Justin ne vienne plus que seul. J’ai continué à l’accompagner jusqu’à la salle d’attente mais maintenant c’est un travail sur lui qu’il a commencé. Je pense que ça n’aurait pas été possible du tout si on n’avait pas commencé ensemble. »

« J’étais incapable de voir que j’avais un problème », Justin

Après presque 2 rendez-vous de thérapie de couple et 2 ans de thérapie personnelle, Justin avoue être un autre homme : « Je suis tombé dans une spirale négative, la peur de la mort, la peur de la maladie, des petits relents complotistes ont pris toute la place dans ma vie, quitte à me faire douter de ma propre compagne. Que j’ai toujours aimé en plus. Je ne pensais plus correctement. Tout était sujet à remise en question, tout était dangereux. Je me sentais en contrôle de tout nettoyer encore et encore. Ce n’est pas une vie.

Ce geste qu’on a fait ensemble a confirmé notre engagement

J’ai eu de la chance qu’Ariane supporte ça pendant un an et puis qu’elle propose de faire une thérapie à deux pour me mettre le pied à l’étrier. Je n’avais jamais fait de thérapie avant, je n’y avais même jamais pensé. Je pense que j’étais incapable de voir que j’avais un problème donc encore moins de prendre ce genre de décision. Ce geste qu’on a fait ensemble, ça a confirmé notre engagement l’un envers l’autre et notre envie de rester ensemble le plus longtemps possible. »

« Je ne pourris plus la vie de la femme que j’aime », Justin

Justin confirme que la thérapie, à deux d’abord puis tout seul, lui a fait beaucoup de bien : « Ça ne part pas du jour au lendemain mais la thérapie cognitivo-comportementale a été d’une grande aide. En plus du soutien constant d’Ariane, qui n’a jamais jugé mes rechutes, m’accompagne aux rendez-vous aussi souvent qu’elle peut, parle avec moi. Ne pas me sentir abandonné une fois que j’avais compris que j’avais un problème a, bien sûr, joué avec la réussite de la thérapie. Maintenant, j’y retourne pour parler, un peu moins souvent qu’au début. J’y vais aussi « à la demande » quand il y a une actualité qui me stresse et dont je n’ai pas réussi à me protéger. Ça reste fragile.

Au moins, au quotidien, je ne pourris plus la vie de la femme que j’aime. Je n’arrivais plus à me projeter non plus et là c’est de nouveau possible. On est en train de rechercher l’appartement idéal pour notre premier achat. C’est quelque chose qu’on a beaucoup repoussé est maintenant je me sens prêt à faire ça avec elle, pour notre avenir. »

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