Santé

Complexe du sexe : Catia, 32 ans, et sa « difficulté à jouir sans sextoy »

Catia, 32 ans, a reçu un Womanizer lors de son dernier anniversaire, de la part de ses amies. Comme le Satisfyer, également très prisé, le Womanizer est un sextoy nouvelle génération dédié au clitoris, dont la promesse est claire : avec lui, on jouit puissamment et rapidement. « Les sensations sont magiques, j’atteins l’orgasme en une minute ou deux », raconte Catia. Le revers de la médaille ? Une impression de lenteur, une difficulté à jouir et des orgasmes plus timides, plus mous, quand elle fait l’amour avec son partenaire. Résultat, Catia fait face à un complexe d’un nouveau genre, celui d’être « mauvaise en orgasme quand on est deux », ou, exprimé à l’inverse, d’être « seulement bonne en orgasme avec un sextoy ». Comment accepter que nos orgasmes ne soient pas les mêmes, d’une situation à l’autre ? Comment dépasser la gêne de ne pas jouir « en grand » avec son partenaire, quand on se sait pourtant capable d’une telle prouesse en solo ?

Jouir plus facilement avec un sextoy, un complexe des temps modernes

« Connaître de très chouettes orgasmes avec un sextoy lors de la masturbation et rencontrer des difficultés à jouir en couple est un sujet qui revient fréquemment en consultation », commente la sexologue Diane Deswarte, fondatrice du Club Kamami, qui estime que cette problématique est apparue quelques années après la commercialisation en masse des stimulateurs clitoridiens. En effet, en 2014, le premier Womanizer débarquait sur le marché, et nous montrait combien un sextoy était capable d’appréhender le plaisir féminin. On sait que la pénétration vaginale n’est pas la voie royale pour atteindre l’orgasme ; seules 28% des femmes parviennent « très facilement » à l’orgasme de la sorte*. « Le clitoris est l’épicentre du plaisir féminin, et 90% de ses nerfs sont concentrés sur son gland », rappelle la sexologue. « Les fabricants d’aspirateurs clitoridiens l’ont compris et proposent des stimulations ultraciblées, répétées et infatigables, grâce à des embouts de tailles différentes, qui s’adaptent à chaque clitoris. »

Une révolution dans l’univers de la masturbation, mais aussi des pratiques sexuelles à deux – un sextoy, ça s’utilise aussi à plusieurs ! Nombre de femmes ont découvert des orgasmes puissants grâce à l’ingéniosité de ces sextoys. Seulement, à l’instar de Catia, on peut s’habituer à des sensations particulières et inédites, au point de juger fade le retour « à la vraie vie ». Le complexe apparaît alors : on s’en veut de le penser, et on se demande pourquoi notre corps ne décroche qu’un demi-rideau quand notre compagnon de plaisir ne se recharge pas sur secteur.

Distinguer nos orgasmes pour surmonter le complexe

Le réflexe Womanizer, ou Satisfyer, nous invite à flirter avec des orgasmes qui ne se font pas prier. On est sur un plaisir très mécanique, très bien géré. A contrario, avec notre partenaire, la rencontre se tisse en douceur, l’excitation monte au gré des caresses et des pratiques, et l’orgasme ne jaillit pas soudainement. Parfois, il peut même manquer de panache, tant les stimulations (digitales, péniennes, pubiennes…) ne délivrent pas la même intensité et régularité. Le fossé entre ces deux types d’orgasmes est à l’origine du complexe. « Ils sont incomparables, et c’est parce que nous les comparons que nous nous questionnons ensuite sur notre capacité à jouir sans sextoy », remarque la sexologue.

Et s’il fallait arrêter de comparer nos orgasmes ? Mesurons la chance de posséder un Womanizer à l’efficacité redoutable, et mesurons la chance de faire l’amour avec une personne que l’on aime, à « l’efficacité humaine ». Qui dit « efficacité humaine » dit complicité, aléas, surprise, mariage des humeurs du jour, des désirs de la semaine, des inspirations du moment. A deux, le rapport se construit, puis construit un orgasme unique et artisanal. « Parfois, on n’a pas envie de cuisiner et on commande des sushis vite avalés, et parfois, on passe deux heures à cuisiner avec son partenaire, et on se régale. Dans les deux cas, c’est bon et c’est bien », rassure la sexologue.

Remettre le sextoy à sa place

Distinguer ses orgasmes et les accepter, voilà qui va nous aider. Mais pour aller plus loin, on peut revisiter notre relation au sextoy, notamment en l’utilisant de manière différente chaque fois qu’on le sort du tiroir. « Pourquoi ne pas jouer avec des vibrations faibles, stimuler le reste de la vulve ou les tétons, changer de contexte, faire des pauses dans le plaisir, ou bien s’en passer de temps en temps, pour utiliser ses doigts ? », suggère Diane Deswarte. Une façon de varier les plaisirs, mais surtout de remettre cette notion de plaisir au cœur de notre sexualité. Car à force de dégainer notre Womanizer dans les mêmes conditions, pour un petit coup rapide, voilà que l’on se concentre seulement sur le feu d’artifice, on a nommé l’orgasme. On fait de l’orgasme une quête, et donc un objet de comparaison.

Modifier sa relation au sextoy permet également de ne pas entrer en dépendance, et donc en accoutumance. « Chaque sensation de plaisir procurée par un sextoy, ou un rapport sexuel, active notre système de récompense », observe la sexologue. In fine, il n’est pas impossible que notre cerveau exige « toujours plus » pour prendre son pied : habitué à sa bonne dose, il en réclame une supplémentaire, pour davantage de plaisir encore, d’où, peut-être le sentiment de vivre des orgasmes qui ne pulsent pas assez une fois en duo.

Apprendre de son sextoy pour s’épanouir sexuellement

En sus, il arrive que le complexe du « moins bien jouir à deux » questionne la qualité de nos rapports sexuels. En effet, il ne suffit pas toujours d’admettre que le couple n’est pas un Womanizer pour accepter nos écarts de jouissance. Parfois, on sent bien que nos frustrations en duo reflètent un manque de satisfaction sexuelle. Et si on trouvait les orgasmes moins intenses, ou moins faciles à atteindre, parce que les rapports sexuels ne répondent pas à nos attentes ? Ce que le Womanizer nous enseigne est simple : le clitoris existe, le clitoris aime être stimulé ! Si on le vit ainsi lors de la masturbation, pourquoi partager des rapports qui excluent le plaisir clitoridien ? C’est une piste à creuser.

« Les aspirateurs clitoridiens font réfléchir : en nous rappelant que la pénétration ne fait pas tout, ils dézinguent la vision de la sexualité pénétrocentrée. Cela peut générer des déclics chez certains couples : et si le plaisir était accessible en changeant de formule ? », interroge la sexologue, qui appelle les couples à « établir une stratégie ». Ensemble, réfléchissons au plaisir. Ensemble, regardons le Womanizer et décidons de l’utiliser non pas comme un sextoy, mais comme un levier de notre épanouissement sexuel : que peut-il nous apprendre sur nos préférences sexuelles ? Quelle énergie pouvons-nous investir ? Quelles vibrations ?

*« Les Françaises et l’orgasme », enquête de l’Ifop pour CAM4 – Décembre 2014

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