EconomieLe Matin

Les progrès et les défis à relever pour la fonction «Achats»

La fonction achat au Maroc montre encore un fort ancrage du « moins cher » à l’achat sans tenir compte du coût réel d’utilisation sur la durée de vie.

La fonction «Achats» a nettement renforcé son importance stratégique. Mais selon un baromètre établi par ESCA École de management et l’Association marocaine de la communauté des achats, les entreprises familiales et nationales ont encore du chemin à parcourir en termes d’objectifs d’achats annuels, d’analyse du marché et de pré-sélection des fournisseurs. Selon ce baromètre, plus de 29% des entreprises familiales considèrent les achats comme une fonction support plutôt qu’un levier de création de valeur. Les détails.

La fonction «Achats» a nettement renforcé son importance stratégique dans les entreprises marocaines comme partout dans le monde pendant et après la pandémie de la Covid-19. Il a fallu, dans un premier temps, réagir aux annulations de commandes lors du début de la pandémie ; ensuite, selon les secteurs, il a fallu renforcer cette fonction ou encore minimiser son importance pendant le confinement. La fantastique reprise de l’économie qui s’en est suivi s’est déroulée en même temps que l’apparition de nombreuses pénuries combinée à une hausse des coûts de transport. Enfin, sur 2022, il a fallu encore faire face à des ruptures dans la chaîne d’approvisionnement, des coûts de transports qui n’ont diminué qu’en fin d’année et surtout à une inflation globale inconnue dans son ampleur depuis près de 40 ans.

Pour mieux cerner ces enjeux, ESCA École de management et l’Association marocaine de la communauté des achats (AMCA) ont présenté, en fin de semaine dernière, les résultats de leur baromètre intitulé «Maturité de la fonction Achats dans les entreprises marocaines». Le baromètre, lancé par l’AMCA, en partenariat avec l’ESCA École de management, a pour objectif principal de dresser un état des lieux de la pratique de la fonction Achats au Maroc, d’évaluer sa maturité et de repérer les meilleures pistes de son amélioration au sein des entreprises marocaines. Il vise également à benchmarker la performance Achats entre les entreprises afin de déterminer les meilleurs axes d’amélioration dans le contexte actuel. «Ce baromètre répond à un triple objectif et son but est de mesurer la maturité de la fonction Achats dans les entreprises marocaines», a déclaré Yassine Serhani, président de l’AMCA.

Pour sa part, Amr Mir, directeur des programmes Achats et Supply Chain de l’ESCA, a expliqué que ce baromètre est unique en son genre, caractérisé par son aspect scientifique basé sur des méthodologies rigoureuses de collecte et d’analyse des données. «Il contient également des indicateurs de performance qui mesurent la maturité de la fonction Achats des entreprises marocaines». Selon Amr Mir, cette méthode de mesure a été élaborée par les directeurs de la fonction Achats de l’AMCA qui connaissent parfaitement les réalités du métier dans le pays. Les spécialistes pourront tirer les conclusions nécessaires pour améliorer la performance Achats dans leurs entreprises grâce à ce document.

Baromètre des achats 2022 : décryptage

Le Baromètre des achats analyse cette fonction selon le type d’entreprise : multinationales (30% du panel), les grands groupes (25%), les entreprises à dimension nationale (28%) et enfin les entreprises familiales (17%). Les critères observés par cette étude peuvent être regroupés selon certains domaines : la stratégie et l’organisation, le processus, la gestion des fournisseurs, celle des clients internes, la digitalisation, l’innovation et le critère responsable ou non des achats. Cette étude fait bien ressortir les progrès qui restent à accomplir dans le domaine des achats pour les entreprises familiales et nationales. Ainsi, l’on apprend dans ce baromètre que 28,57% des entreprises familiales et 31,57% des entreprises nationales ne fixent pas d’objectifs d’achats annuels. Dans la même veine, 29% des entreprises familiales et 37% des nationales ne procèdent pas à une analyse du marché fournisseurs. L’une des raisons de ces problèmes : 29% des familiales et 53% des nationales considèrent les achats comme une fonction support et pas comme un levier de création de valeur alors que ce département est devenu encore plus stratégique pour la rentabilité des entreprises ces 2 dernières années. La négation de l’importance des achats pour les entreprises familiales est confirmée par le fait que 29% d’entre elles ne présélectionnent pas les fournisseurs. Concernant le choix du fournisseur, la fonction achat au Maroc montre encore un fort ancrage du «moins cher» à l’achat sans tenir compte du coût réel d’utilisation sur la durée de vie ; c’est encore le cas pour 31% des entreprises interrogées.

Une digitalisation en marche

27% des entreprises interrogées n’ont pas de système d’automatisation de la demande d’achat ou ont un système, mais ne l’utilisent pas. De même, 30% des sociétés concernées n’utilisent pas de système d’automatisation de la commande. Côté risque, et on sait combien le nombre de défaillances et de pénuries a augmenté dans le monde, il est sidérant de constater qu’un tiers des entreprises n’ont pas de système de gestion des risques fournisseurs et que 19% d’entre elles, bien que disposant d’un tel système, ne l’utilisent pas. On terminera cette analyse par un point positif, puisque 60% des entreprises, tous profils confondus, intègrent un axe lié à la RSE dans leur politique Achats.  


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