Santé

Allô Giulia ? « Je ne supporte plus la jalousie de mon conjoint »

« Chère Giulia,

Marc a encore pété un plomb hier. Ça faisait très longtemps que ça ne lui était plus arrivé, il savait qu’il devait faire attention, et il le faisait depuis des mois, mais hier, il a recommencé. Marc est jaloux. Très jaloux. C’est un grand insécure, il ne s’aime pas beaucoup, et depuis le début de notre relation, il y a cinq ans, il me dit assez régulièrement qu’il se demande quand est-ce que tout ça va s’arrêter : on est très heureux, très amoureux, mais il a eu une enfance et une adolescence un peu compliquées, des histoires d’amours pas très satisfaisantes non plus – une fois, sa nana l’a trompé, et il dit qu’il n’a pas supporté. Qu’il est jaloux depuis ce moment-là, et qu’il n’arrive pas à se contrôler. Et le résultat, c’est que, moi, je me contrôle tout le temps.

J’ai peur qu’il explose, j’ai peur qu’il ait mal, alors je fais gaffe. À des trucs hyper anodins, en plus : par exemple, il est jaloux d’un ex, avec qu’il n’y a plus rien depuis longtemps. À chaque fois qu’on se voyait, le retour à la maison était compliqué : il faisait la gueule pendant des jours, et je culpabilisais – alors que, encore une fois, il ne s’était rien passé. Pour avoir la paix, et pour sauver ma relation, j’ai mis les distances avec mon ex. Je le regrette, je l’aimais beaucoup, mais c’était la seule solution. Sauf que ça n’a rien calmé. La jalousie de Marc s’est déplacée sur d’autres mecs, et puis, en fait, sur tous les moments où je lui échappais un peu : mon travail, que j’adore, mes copines, auxquelles je tiens… Il m’a dit, un soir, qu’il se sentait abandonné, perdu, qu’il ne savait plus où était sa place et que c’était pour ça qu’il le vivait si mal.

Alors, à ça aussi, j’ai fait attention : s’il m’envoie un texto, même quand je suis en plein travail, ou avec une copine, je réponds tout de suite. Je sors quand lui sors aussi. Je bosse quand lui bosse aussi. A ce rythme-là, entre nous, tout est devenu très, très lourd. Un jour, c’est moi qui aie explosé – sur une énième réflexion qu’il m’a faite, je ne sais même plus laquelle. J’ai pris mes affaires, je me suis barrée chez ma sœur. Cette fois, il a complètement flippé. On a vachement parlé, on a compris, tous les deux, d’où ça lui venait, et il a fait profil bas. Plus aucune crise pendant un an. On s’est retrouvés, on était tellement heureux… Jusqu’à hier. On dînait avec des copains, on passait une super soirée – du moins, c’est ce que je croyais. Sauf que, à peine rentrés, Marc me dit, glacial : « ça va, tu t’es bien amusée ? ». Et c’était reparti. J’avais dit un mot qu’il avait mal pris, et, d’après lui, je me foutais de lui en public, et je l’humiliais, et d’ailleurs, il avait vu mon petit jeu avec Jeff (l’un de nos potes) etc. Je n’en ai pas dormi de la nuit. Je ne sais pas comment on va sortir de ça, cette fois. J’ai pensé à une chose : est-ce que ce serait possible qu’il fasse ça à chaque fois qu’on est heureux ? Ce serait tellement bien que ça lui fait peur, et que du coup, c’est plus fort que lui, il faut qu’il casse tout ? » – Bérengère, 42 ans.

« Chère Bérengère,

J’aimerais pouvoir vous répondre – je suis un peu là pour ça… Mais je n’en sais strictement rien. Comme vous n’en savez rien. Vous n’êtes pas dans la tête, dans le cœur, dans le passé ou dans le présent de Marc. Et, a priori, même lui n’en maîtrise pas grand-chose : ces « crises », le débordent complètement. Vous avez une relation suffisamment bonne pour que vous réussissiez à en parler tous les deux, et, pour tenir toutes ces années : franchement, chapeau – on peut faire voler des assiettes pour moins que ça !

Maintenant, les blessures de Marc m’ont l’air un peu trop profondes pour que vous sachiez les guérir tous les deux. Pardon pour l’analogie un peu foireuse, mais elle n’est pas si foireuse que ça… S’il avait juste mal à la tête, et que vous passiez à côté d’une pharmacie, vous avez la solution à portée de main pour lui, elle ne vous coûte rien, ou presque : vous lui achetez du Doliprane, il le prend, et vingt minutes après, tout va mieux. En revanche, s’il avait une gangrène qui lui bouffait la totalité de la jambe, vous décideriez-vous à l’amputer toute seule, avec les moyens du bord, c’est-à-dire les couteaux de cuisine ? Je ne pense pas – ou alors, je n’espère pas… Vous sauriez que vous n’êtes pas celle qui pourra le soigner. Vous n’en avez ni les diplômes, ni la fonction. Et vous pourriez, oui, lui refiler votre Doliprane : vous soulageriez les symptômes, pendant un temps. Mais vous ne guéririez pas la cause, et les symptômes finiraient toujours par revenir.

Vous avez assez donné, Bérengère – de temps, d’espace, et d’écoute, et de matière grise. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça n’a pas réglé le problème. Ça vous a juste épuisée, et on vous comprend. N’oubliez pas que la seule fois où vous avez vu une différence, c’est après votre départ chez votre sœur. Le message que vous lui avez envoyé, ce jour-là, c’est : tu as dépassé les bornes, tu peux avoir tous les problèmes du monde, je n’en suis pas responsable et je n’ai pas à tout supporter. Faites pareil : montrez vos limites et recadrez-le. Envoyez-le chez un psy, mais de toute urgence, et sans négociation possible. Il n’y a pas d’autre solution : le problème de Marc, est le sien, pas le vôtre. Vous n’en êtes pas à l’origine, vous n’avez pas les moyens de le régler. À lui de le faire, avec l’aide de quelqu’un dont c’est le métier. Courage à vous. »

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