Santé

Au travail, comment dire non à son manager ? Les conseils d’une coach pro

Oser dire « non » dans le cadre du travail ne coule pas de source pour tout le monde. Cette difficulté à refuser une demande exprimée par son supérieur hiérarchique est en partie liée à la culture judéo-chrétienne sur laquelle est fondée notre société, selon Alice Matton, coach en évolution professionnelle. « On ne dit pas non tout simplement parce qu’on veut être aimé, ou parce qu’on a peur de décevoir », explique-t-elle.

Lire aussi >>  Comment gérer au mieux les conflits ou exprimer un désaccord dans la vie pro ?

Dans une société où le plafond de verre résiste encore, les femmes auraient plus de mal à dire non que leurs collègues masculins. Aussi, elles seraient plus à même d’accepter un poste sans demander d’augmentation, tandis que les hommes auraient plus souvent tendance à imposer ou insister pour que leur salaire soit revu à la hausse. « Je le vois dans les stages en développement personnel que j’anime depuis un an et demi. Sur ces thématiques-là, 80 % des participants sont des femmes. Les situations dans lesquelles elles auraient voulu dire non mais n’ont pas réussi à l’exprimer, sont la plupart du temps liées à la peur de décevoir ou de ne pas être à la hauteur. À l’inverse, les hommes ont tendance à dire non pour s’affirmer, comme s’ils reprenaient une forme d’autorité », rapporte l’experte. Une observation qui fait écho aux chiffres d’une étude britannique réalisée par OnePoll et relayée par « The Mirror » en avril 2023. Selon un sondage, plus de la moitié des femmes ont déjà souffert du syndrome de l’imposteur. Pour les trois quarts d’entre elles (72 %), ce sentiment est plus susceptible d’affecter leur vie professionnelle. À l’inverse, 54 % des hommes déclarent qu’ils n’ont jamais été touchés par ce sentiment d’illégitimité.

La méthode « OSBD » pour exprimer un refus 

Or, apprendre à dire « non » est essentiel pour se respecter soi et ses besoins. Imposer ses limites est l’une des clés de l’affirmation de soi. « Il faut garder en tête le fait qu’on ne dit pas non à une personne, mais à la situation. Il est important de motiver son refus, en faisant comprendre à l’autre que sa priorité n’est pas la nôtre, ou que notre état de fatigue n’est pas compatible avec ce qu’il ou elle nous demande de faire », insiste Alice Matton. Alors, comment s’y prendre concrètement ? 

Pour dire « non » à son manager, Alice Matton recommande de s’appuyer sur la méthode OSBD. Cet outil de communication non violente est basé sur un acronyme très simple.

O comme « Observation » : Il s’agit d’observer et relater les faits, pour expliquer ce qui nous pose un problème. Par exemple : « Aujourd’hui, j’ai telle charge de travail, j’ai dû remplacer telle personne sur telle mission » (on est dans le registre du factuel et de l’indiscutable). Pour éviter de tomber dans la justification, « il faut être le plus précis possible, souligne Alice Matton. Il faut faire attention à ne pas confondre une opinion, un ressenti et un fait. Les faits doivent être observables pour éviter les quiproquos et la manipulation. »

S comme « Sentiment » : La deuxième phase consiste à identifier ce que cette situation provoque en soi. Est-ce que l’on se sent en colère, embarrassée, déçue ? Il est important de pouvoir nommer ses émotions pour avancer de façon constructive et affirmée.

B comme « Besoin » : Il faut pouvoir déterminer ses besoins fondamentaux. Par exemple : « J’ai besoin de continuer à faire mon travail, de m’organiser sans courir du matin au soir, parce que j’ai l’impression de faire beaucoup, mais moins bien. Je voudrais donc faire moins et mieux, pour ne pas perdre le sens de ce que je fournis chaque jour. »

D comme « Demande » : L’ultime étape consiste à exprimer une demande concrète à son manager, en lui proposant, par exemple, de reprioriser les missions demandées. « Peux-tu me dire ce qui est important pour toi, ce que tu attends de moi, pour pouvoir reprioriser ensemble, reporter certaines choses, voire éliminer des tâches, pour que je puisse me concentrer sur les dossiers primordiaux ? » Cette approche permet d’ouvrir la discussion et d’éventuellement s’entendre sur des compromis. Les besoins de chacun seront ainsi honorés.

Continuer la lecture

close

Recevez toute la presse marocaine.

Inscrivez-vous pour recevoir les dernières actualités dans votre boîte de réception.

Conformément à la loi 09-08 promulguée par le Dahir 1-09-15 du 18 février 2009 relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel, vous disposez d'un droit d'accès, de rectification, et d'opposition des données relatives aux informations vous concernant.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page