Santé

Crise de la quarantaine : Marie, 40 ans, « en voyageant seule, j’ai donné une importance à cet anniversaire »

Quand Marie a eu 40 ans, elle a pris une décision qui a changé sa vie. Elle a annoncé à ses proches qu’elle partait en randonnée de plusieurs semaines en Turquie, toute seule. Elle voulait découvrir le monde autrement qu’à travers des voyages organisés et se sentait assez forte pour voyager tout à fait seule avec son sac à dos et sa tente : « Je ne suis pas une aventurière. Ce n’est pas mon genre de faire d’avoir des projets fous. Je ne suis même pas spécialement sportive. Mais à mes 40 ans, je voulais faire quelque chose qui marque le coup. Je voulais surtout me connaître un peu mieux, faire quelque chose qui ai du sens pour donner une importance supplémentaire à cet anniversaire charnière. J’ai acheté un guide de voyage, je me suis fait un plan. J’ai acheté du matériel. J’ai pris un congé au travail. Et j’ai prévenu mes proches. Je ne pouvais plus reculer. »

Julie Laurent-Marotte thérapeute psycho-corporelle intégrative et autrice, appelle à se faire confiance : « La meilleure façon de marcher est encore la nôtre, c’est de mettre un pied devant l’autre et de recommencer… » dit cette chanson de colonie de vacances pour se donner de l’entrain lors de longues marches…  Elle rappelle aussi qu’il n’y a pas une façon et une seule de faire les choses mais que c’est à chacun de trouver ses bonnes pratiques. 

Nouvelles résolutions 

Les proches de Marie ont tout de suite pensé au danger qu’il pouvait y avoir à voyager seule. Pour Marie, c’était tout l’intérêt de ce projet : « J’ai réalisé qu’à 40 ans je n’avais jamais rien fait seule. J’ai eu un groupe de copine à partir du lycée, un autre groupe à la fac et ensuite une bande au travail. Je vois beaucoup ma sœur et j’ai eu quelques amoureux. Je ne vais jamais au cinéma seule, au restaurant seule. Et, avant de faire ce voyage, je ne me sentais pas capable de le faire. »

Pour Julie Laurent-Marotte, nous ne sommes pas toutes égales avec ce concept : « Même si c’est agréable de partager et de faire avec d’autres, entreprendre seule est sans nul doute une pratique qui a ses vertus. On est à son rythme, on prend ses décisions sans culpabilité ni influence, le temps (et l’argent), l’ordre des choses deviennent des contraintes bien moins essentielles, il est vite possible de trouver du plaisir dans cette liberté assumée. Faire les choses seule donc, aller manger seule au restaurant, faire les boutiques seule, aller boire un café en terrasse seule, aller au cinéma seule… ça se fait naturellement pour beaucoup, mais c’est parfois un long apprentissage, une longue autorisation à intégrer pour d’autres. »

Je n’avais pas conscience que c’était quelque chose d’aussi dingue

Pendant la préparation de ce voyage, Marie a consacré plus de temps à rassurer ses proches à qu’à se préparer elle-même : « Je n’avais pas conscience que c’était quelque chose d’aussi dingue. J’ai toujours trouvé que c’était une faiblesse ou un défaut de ma part, d’ être toujours dépendante des autres pour faire les choses. Ça m’a fait rater des films au cinéma, parce que personne ne voulait m’accompagner. Ça m’a fait repousser des visites de musée, parce que personne n’était disponible. Mais dès que j’ai exprimé le fait de prendre mon indépendance, je me suis heurtée à un mur. »

Julie Marotte met en avant les nombreux avantages de la solitude et des activités en solitaire : » « Faire les choses seules, c’est avoir cette faculté de se mettre dans sa bulle, de se promener avec soi, de donner un avis sur l’endroit où vous êtes posée pour manger un morceau sans que l’autre critique cet endroit, c’est pouvoir marcher à son rythme, prendre le temps qu’il faut pour essayer cette montagne de vêtements sélectionnés, c’est apprendre, enfin, à avoir confiance en soi et foncer, c’est mettre la musique à fond dans la voiture pour chanter fort et faux et ne pas entendre le bruit étrange du moteur pour faire ces 600 kilomètres seule, c’est se dire « Je n’arriverai peut-être à rien, mais seule. Quelle fierté à la fin, en se retournant, que d’avoir réussi à dompter cette peur, cette morale, cette croyance… J’ai réussi donc je suis, je l’ai fait et j’en suis fière ! » »

Une expérience enrichissante 

Marie s’est tenue à son projet. Elle n’a pas écouté les appréhensions et les critiques des autres et elle garde aujourd’hui un merveilleux souvenir de son périple : « Je ne peux pas dire que je n’ai jamais douté ou que je ne me suis pas retrouvée à pleurer dans ma tente. Mais j’ai aussi fait des rencontres formidables que je n’aurais jamais fait sans ce voyage. J’ai vu des paysages, des couchers et des levers de soleil que je n’aurais jamais pu imaginer. Surtout, j’ai eu beaucoup de temps pour penser et échanger avec moi-même. Ça m’a donné d’autres envies et ça m’a poussée à changer des choses au travail. Ce voyage, il a tout changé. »

Julie Laurent-Marotte appelle à l’importance de mesurer le chemin parcouru : « C’est important de se servir de cette expérience positive pour visualiser et préparer les prochaines fois, se servir du ressenti de « pouvoir » intérieur pour aller de l’avant et retenter l’expérience. « Je peux le faire, j’ai le droit de le faire si j’ai envie ! » Face au regard, au discours des autres, nous pouvons déjà comprendre qu’ils projettent leurs propres croyances, incapacités ou peurs à faire seul.e. On peut être tellement bien avec soi-même ! Le plus important est de ne pas subir, mais d’agir en conscience ! »

J’ai l’impression que je n’ai plus de limites, je n’ai plus peur d’être seule

À 46 ans, Marie a déjà d’autres voyages en tête : « Je suis en train de préparer le voyage de mes 50 ans. Je veux faire un tour d’Asie à vélo. Je suis en couple, mais je sais que je vais faire ça toute seule. Je fais la différence entre mes voyages à moi et ceux que je vais aller faire avec mon compagnon. J’ai hâte d’être à la retraite pour pouvoir en faire d’autres. J’ai l’impression que je n’ai plus de limites. Je n’ai plus peur d’être seule. Je me sens même plus libre que quand j’étais plus jeune. Je le conseille à toutes mes amies. »

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