Santé

Joséphine, 33 ans : « J’ai peur que, un jour, il réalise qu’il est trop bien pour moi »

« Je ne sais d’où me vient cette peur viscérale et omniprésente d’être toujours rejetée par les hommes qui partagent ma vie, confesse Joséphine*. Je ne pense pas avoir manqué d’amour durant mon enfance, ni vécu de traumatisme particulier (ou alors il est si enfoui que je n’en ai gardé aucun souvenir). Qui plus est, on me trouve plutôt jolie, et loin d’être idiote. Et pourtant, dès que je rencontre quelqu’un, c’est plus fort que moi, j’ai l’impression que je ne lui arrive pas à la cheville, que je ne le mérite pas et que j’ai une chance inouïe qu’il ait posé ses yeux sur moi. Je me sens tellement illégitime que je passe, grosso modo, mon temps à attendre le moment où il va (forcément) s’apercevoir qu’il y a erreur sur la personne et m’annoncer qu’il a rencontré une autre femme, plus belle, plus sexy et que, du coup, il ne veut plus de moi. ».

Bref, elle se pourrit la vie en se faisant des films

Voici bientôt trois ans que cette attachée de presse parisienne est en couple avec Pierre-Antoine, un professeur de mathématiques, originaire de la région nantaise. Le trentenaire a beau lui dire régulièrement qu’il l’aime et que « eux deux, c’est du sérieux », Joséphine ne peut pas s’empêcher d’être constamment aux aguets, à la recherche d’une menace potentielle (« pourquoi sourit-il à chaque fois qu’il regarde son portable ? Aurait-il des choses à me cacher ?… »), ou du moindre signe de lassitude de la part de son cher et tendre (« n’était-il pas un peu froid, ce matin, en allant au lycée ? Serait-ce la raison pour laquelle nous faisons moins l’amour depuis quelques jours ?.. »). Bref, elle se pourrit la vie en se faisant des films, alors qu’elle n’a, reconnaît-elle elle-même, aucune raison objective de penser qu’elle va être rejetée ou délaissée par celui qui partage sa vie.

Une situation angoissante

« Je sais que ça peut sembler incompréhensible (et totalement paradoxal, parce qu’on s’attend plutôt à l’effet inverse), mais plus mon couple s’installe dans la durée et plus cette peur que Pierre-Antoine m’abandonne augmente, glisse la jeune femme, elle-même décontenancée par ses propos. Je n’arrive pas à imaginer, un quart de seconde, ma vie sans lui. S’il partait, je crois que j’en mourrai ». Joséphine, qui a beaucoup galéré avec les hommes (« j’ai fait fuir tous ceux que j’avais à tout prix essayés de garder, dit-elle. Quand je n’ai pas fui la première pour éviter d’être quittée »), vient, sur les conseils de sa meilleure amie, d’entamer un travail auprès d’une psychothérapeute. « J’aimerais qu’elle m’aide à comprendre d’où vient cette insécurité affective, qui s’exprime aussi en amitié (j’ai souvent l’impression qu’on me fait une faveur en m’acceptant dans un cercle de connaissances) et qu’elle me libère de mes peurs, pour que Pierre-Antoine et moi puissions enfin vivre notre relation sur une base saine. Avec elle, Joséphine apprend à ne pas se dévaloriser sans cesse, tout comme à ne pas laisser transparaître ses angoisses et ses souffrances.

J’ai l’impression que ça lui plaît de voir que je prends de l’assurance

« Je fais tout mon possible pour ne pas trop montrer à Pierre-Antoine que je suis jalouse et que j’ai peur de le perdre, explique-t-elle. J’essaie de pas attendre de lui qu’il calme en permanence mes craintes et, donc, de lui demander sans arrêt des preuves d’amour. Par ailleurs, je me force à lâcher prise et à ne plus être dans le don excessif et maladif de moi. Pour donner un exemple tout bête, je ne me lève plus aux aurores, comme je le faisais au début de notre relation, pour me maquiller, afin de me présenter à lui, dès le réveil, sous le meilleur jour. Depuis quelques semaines, je formule aussi davantage mes envies, comme celle de déménager, un jour, en province. J’adorerais, d’ici à quelques années, vivre dans le sud de la France, mais je n’avais jamais osé l’exprimer, car je sais que Pierre-Antoine ne voit pas, du moins pour l’instant, les choses du même œil. Il avait à peine dix ans qu’il disait déjà, à en croire ses parents, qu’il irait s’installer, plus tard, à Paris. Même si cela me demande de la volonté et du courage, je tente de plus en plus de faire valoir mes différences (après tout, ce sont elles qui ont séduit Pierre-Antoine quand on s’est rencontrés, me rabâche ma psy), afin d’être certaine qu’il m’aime vraiment pour ce que je suis, et non pas parce que je le mets sur un piédestal (il a aussi ses défauts !) et que m’adapte immuablement à ses goûts et à sa personnalité. Pour l’instant, ça a l’air de fonctionner plutôt pas mal. Peut-être que je me trompe, mais j’ai même l’impression que ça lui plaît de voir que je prends de l’assurance, comme si ça me rendait plus sexy à ses yeux. Il n’empêche : je suis loin d’avoir complètement éteint ma petite voix intérieure critique et mon manque de confiance en moi m’interdit encore (trop) souvent de profiter de l’instant présent ».

* Les noms ont été modifiés

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