Santé

Attaque dans un lycée à Arras : comment en parler aux enfants ?

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La France entière est sous le choc après l’attaque au couteau qui s’est produite dans un lycée à Arras. Un homme d’une vingtaine d’années a tué un enseignant à l’arme blanche, ce vendredi 13 octobre, devant la cité scolaire Gambetta-Carnot, dans le nord de la France. L’assaillant a ensuite pénétré dans l’enceinte de l’établissement, où une nouvelle attaque a eu lieu. Deux personnes ont été blessées, dont un agent du lycée en urgence absolue, après avoir été touché de plusieurs coups de couteau. Une enquête a été ouverte par le parquet national antiterroriste, et confiée à la sous-direction antiterroriste de la direction nationale de la police judiciaire (Sdat). Les images de l’attaque ont rapidement fait le tour des réseaux sociaux.

Plus tard dans l’après-midi, un homme connu pour « radicalisation » a été interpellé et placé en garde à vue pour port d’arme prohibé à Limay dans les Yvelines, à proximité du lycée Condorcet. Ces deux affaires surviennent près de trois ans après l’assassinat de Samuel Paty. Dans ce contexte particulièrement anxiogène, comment rassurer les plus jeunes quand on est parent ? Réponses avec Catherine Verdier, psychothérapeute et analyste, spécialiste des enfants et adolescent·es. 

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ELLE. Quelles conséquences psychologiques la médiatisation de cette attaque, qui s’est déroulée dans un lycée, peut-elle avoir sur les enfants et adolescents ? 

Catherine Verdier. Cette attaque touche à leur environnement et à leur univers, comme c’était le cas lors de l’assassinat de Samuel Paty. Il y a donc un phénomène d’empathie, et de l’inquiétude. Les enfants et les adolescents sont plus susceptibles de se projeter et de se mettre à la place des élèves et des professeurs de ce lycée. Cela peut générer beaucoup d’anxiété, de peur, de craintes, de pleurs, et probablement des cauchemars. Les prochaines nuits risquent d’être un peu difficiles pour les enfants. 

ELLE. À partir de quel âge recommandez-vous de leur en parler ? 

C.V. Le problème, c’est qu’on est vendredi. Deux jours vont passer sans qu’ils ne voient leurs camarades – du moins en ce qui concerne les tout-petits. Ils n’auront donc pas accès à ces informations, sauf par le biais des écrans et de la télévision. Je pense que l’on peut laisser les maternelles de côté, d’autant plus que ce genre d’événement ne signifie pas grand-chose pour eux. En revanche, à partir du primaire, on peut leur en parler. De toute façon, si on ne les informe pas, ils le seront par leurs camarades d’école à leur retour à l’école lundi, sans comprendre de quoi on parle. En tant qu’adultes, nous sommes tous aussi percutés et choqués, donc ils sentiront bien l’émotion des parents.

« Il faut éviter de devancer les questions, en attendant plutôt que les enfants s’expriment d’eux-mêmes sur le sujet. »

ELLE. Comment adapter son discours en fonction de l’âge des enfants ?

C.V. Il faut absolument les rassurer en leur disant qu’a priori, c’est un événement exceptionnel qui n’arrive pas tous les jours, qu’ils n’ont donc rien à craindre dans leur école ou à l’endroit où ils se trouvent, et que les méchants ont été arrêtés. Il faut aussi éviter de devancer les questions, en attendant plutôt que les enfants s’expriment d’eux-mêmes sur le sujet. Les parents peuvent aussi leur demander : « Que penses-tu de ce qu’il s’est passé ? » « Comment te sens-tu ? » « Est-ce que tu veux en parler ? » « Si tu veux en parler, nous sommes là pour en discuter et pour répondre à tes interrogations. » S’ils ont des difficultés durant ce week-end, à manger ou à dormir, peut-être leur proposer une discussion un peu plus approfondie. 

ELLE. En tant que parents, il peut être difficile de ne pas transmettre ses propres émotions à ses enfants. Quels conseils donneriez-vous pour éviter cela ? 

C.V. Je recommanderais aux parents de leur parler quand ils sont à peu près calmes et sereins. Si on ne se sent pas sûr, on peut en parler à deux quand il y a un co-parent, et bien réfléchir avant aux mots que l’on va employer avec son enfant. Il est tout à fait naturel d’être ému dans ces circonstances. Et si l’on peut transmettre la tristesse, il vaut mieux éviter de transmettre la peur.  En tant que parents, il faut arriver à prendre du recul et de la hauteur. La question qui va se poser lundi matin, c’est de savoir si l’on peut laisser son enfant en sécurité. La réponse est oui, car il s’agit, encore une fois, d’un événement exceptionnel. Il faut faire confiance aux écoles qui font déjà beaucoup par rapport à la sécurité – avec des protocoles qui existent en cas d’agressions. 

« C’est le week-end, donc il est important de garder les activités qui étaient prévues. »

ELLE. Au-delà de la parole, comment aider les enfants à évacuer leurs angoisses ? 

On peut éventuellement dessiner les émotions et transmettre ces illustrations au lycée d’Arras. Les élèves et les enseignants seront contents de recevoir des lettres de soutien.  C’est aussi une manière d’être actif.

Et surtout, c’est le week-end, donc il est important de garder les activités qui étaient prévues. D’autant plus si cela se passe avec d’autres enfants. Une fois que les copains et copines se sont vus, il faut bien s’assurer qu’ils ont compris ce qu’il s’est passé. Attention aussi aux écrans et à la radio – tout ça passe en boucle et il ne faut pas les laisser seuls devant toutes ces informations. Certains enfants sont hypersensibles, et il vaut mieux les préserver. Avec ceux qui sont capables de supporter ce genre de choses, on peut éventuellement regarder les hommages qui seront organisés, ou se rendre aux commémorations quand c’est possible.  

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