Santé

Violentomètre : qu’est-ce que c’est ? comment l’utiliser ?

« Malheureusement, ces violences psychologiques ne sont quasiment jamais identifiées sur le moment et les victimes ont souvent du mal à en prendre conscience », déplore Ariane Calvo, psychologue. Comment les aider à comprendre que leur relation de couple n’est pas saine et qu’elles sont potentiellement en danger ? C’est pour répondre à cette problématique qu’a été introduit en France en 2018 le violentomètre. Il s’est depuis popularisé avec des adaptations en gros caractères et en braille et des traductions en anglais, espagnol, arabe, mandarin, farsi et turc.

208 000 victimes de violences commises par leur partenaire ou ex-partenaire ont été enregistrées par les services de sécurité en France en 2021. Soit une augmentation de 21 % par rapport à 2020.

Comment utiliser l’échelle du violentomètre pour évaluer la violence dans son couple ?

« Le violentomètre doit être vu comme un outil pour réfléchir de manière tangible aux comportements au sein du couple, dit Louise Delavier, directrice des programmes d’En Avant toute(s), association qui a participé à sa création. Trop souvent, certains sont banalisés alors qu’ils relèvent d’une relation toxique et potentiellement dangereuse. Afin de fournir des exemples aussi justes et parlants que possible et d’établir une gradation, nous nous sommes basés sur les textes de loi ainsi que sur les recoupements de nombreux témoignages de victimes de violences. »

Car l’enjeu est là : permettre aux personnes concernées de se reconnaître. « Elles se sentent souvent seules au monde alors que d’autres sont passés par là avant elles », explique Ariane Calvo.

Femmes, hommes… à qui s’adresse-t-il ?

Cet outil de sensibilisation s’adresse à toutes et à tous : « Si le violentomètre a été pensé pour les jeunes femmes, les mécanismes de la violence sont les mêmes quels que soient l’âge et le genre », souligne Louise Delavier. Il est aussi utilisé par de nombreux professionnels (médecins, psychologues, travailleurs sociaux, éducateurs, etc. ), dans un objectif d’informer sur les violences au sein du couple, faire prendre conscience et amener les victimes à parler.

Lorsque je le présente à mes patients, je recueille deux types de réaction. Certains me disent : “Je ne savais pas que tel comportement relevait de la violence”. D’autres réalisent : “Je ne savais pas que c’était si grave”, raconte Ariane Calvo.

Et après, que faire ?

Une fois la prise de conscience faite, il existe autant de manières d’agir que de victimes, comme le souligne Louise Delavier : « La bonne manière de réagir face à des violences que l’on subit est celle que l’on se sent capable de mener. Il peut s’agir de parler à une amie, de solliciter une association ou encore de porter plainte. Il n’y a pas de règle. » Et même s’il ne déclenche pas forcément de réaction immédiate, le violentomètre prépare à agir en cas de danger : « Il induit une vigilance accrue et permet aux victimes de se poser des questions concrètes : où aller si elles doivent quitter le domicile ? Qui contacter ? Quoi emporter ? », observe Ariane Calvo. Un premier pas crucial.

Qui contacter en cas de violences conjugales ?

  • Police secours : 17 (et par SMS : 114)
  • Violences Femmes Info : 3 919, service spécialisé dans les violences faites aux femmes.

À noter : le site de l’association En Avant Toute(s) proposent un chat en ligne tenu par des professionnels : https://commentonsaime.fr/

Votre médecin généraliste, un interlocuteur privilégié

Vous serez peut-être surprise qu’il vous en parle. Mais la Haute autorité de santé (HAS) recommande désormais aux médecins généralistes de « questionner systématiquement les patientes, même en l’absence de signes d’alerte, pour savoir si elles ont vécu ou vivent des violences au sein de leur couple ». La Dr Pauline Malhanche, médecin généraliste et autrice du site « Déclic violence » destiné à aider au repérage et à la prise en charge des violences conjugales, témoigne : « J’aborde toujours le sujet avec mes nouvelles patientes pour leur signifier que je suis à l’écoute. » De mieux en mieux formés à ces questions durant leur cursus ainsi que par des outils dédiés, les médecins généralistes peuvent mettre en place un accompagnement discret : « Il est facile de proposer des rendez-vous réguliers sans susciter la méfiance de l’agresseur », signale Pauline Malhanche.

À lire : Manuel d’autodéfense contre les violences psychologiques, Ariane Calvo, éd. First, 16,95 €.

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