Santé

« Récession sexuelle » : pourquoi les Français font-ils moins l’amour ?


Consentement, désintérêt pour le sexe, activités numériques… la proportion des Français·es ayant des rapports sexuels réguliers n’a jamais été aussi faible, selon une nouvelle étude menée par l’Ifop pour la marque de sextoys LELO.

L’activité sexuelle des Français·es est en chute libre. Récemment, le président de la République Emmanuel Macron s’inquiétait, en conférence de presse, du déclin de la natalité en France, annonçant même un congé de naissance en vue d’un « réarmement démographique » du pays. Ces déclarations, qui ont suscité une vague d’indignation dans les rangs féministes, résultent d’une étude de l’Insee sur le faible taux de natalité. Derrière cette baisse des naissances se cache une diminution de la fréquence des rapports sexuels. En effet, selon un nouveau rapport réalisé par l’Ifop*, dans le cadre de l’observatoire LELO de la sexualité des Français·es, l’Hexagone n’échappe pas au phénomène de « récession sexuelle ».  

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L’activité sexuelle des jeunes en chute libre (mais pas que) 

D’après cette étude menée auprès de 2 000 personnes, et dévoilée ce mardi 6 février 2024, l’activité sexuelle enregistre un recul sans précédent depuis une quinzaine d’années. Plus précisément, la proportion des Français·es ayant eu un rapport au cours des 12 derniers mois n’a jamais été aussi faible en cinquante ans : ce chiffre s’élève à 76 % en moyenne, contre 91 % en 2006, et 82 % en 1970. 

Cette baisse de l’activité sexuelle concerne surtout la jeunesse, puisque plus d’un quart des jeunes de 18 à 24 ans initiés sexuellement (28 %) admettent ne pas avoir eu de rapport en un an, soit cinq fois plus qu’en 2006 (5 %). La fréquence hebdomadaire des rapports est elle aussi en baisse : aujourd’hui, 43 % des Français·es rapportent avoir, en moyenne, une relation sexuelle par semaine, contre plus de la moitié (58 %) en 2009. Mais pourquoi la population française fait-elle moins l’amour ? 

Consentement, désintérêt pour le sexe, asexualité 

Si cette récession sexuelle s’inscrit dans un contexte de dissociation croissante entre conjugalité et sexualité, selon cette même étude, elle s’explique aussi par un désintérêt de plus en plus marqué pour le sexe. Alors que la notion de consentement entre progressivement dans les mœurs, les Françaises acceptent beaucoup moins de se forcer à faire l’amour qu’il y a 40 ans : plus de la moitié des femmes âgées de 18 à 49 ans (52 %) déclarent qu’il leur arrive de faire l’amour sans en avoir envie, contre 76 % en 1981. Aussi, plus d’une femme adulte sur deux (54 %, contre 42 % des hommes) déclarent qu’elles pourraient continuer à vivre avec quelqu’un dans une relation purement platonique, soit une proportion en nette hausse sur une quarantaine d’années chez les femmes de moins de 50 ans (+14 points par rapport à 1981). Parmi les Françaises interrogées, 62 % accordent aujourd’hui de l’importance à la sexualité dans leur vie, contre 82 % en 1996. Chez les célibataires inactifs sexuellement, cette abstinence tient avant tout à l’absence de partenaire attrayant (63 %) ; les hommes évoquant même une incapacité à plaire ou à trouver des personnes qui accepteraient de faire l’amour avec eux (entre 61 et 62 %). 

De plus, l’asexualité est assumée par 12 % des Français, et jusqu’à 23 % chez les femmes âgées de 70 ans et plus. « L’essor de nouvelles conduites sexuelles (ex : abstinence choisie) ou l’affirmation d’orientations sexuelles jusque-là assez méconnues (ex : asexualité) favorise chacune à leur manière une forme de « désengagement sexuel » qui n’est en rien spécifique au domaine de l’intime : on retrouve aujourd’hui cette baisse d’engagement dans d’autres aspects de la vie des Français (travail, civisme, associatif, politique…) », explique François Kraus, directeur du pôle Genre, sexualités et santé sexuelle de l’Ifop. 

Activités numériques 

Cette enquête montre aussi que l’activité sexuelle est largement concurrencée par les activités numériques, nées de la généralisation du smartphone, du haut débit et des réseaux sociaux. Concrètement, la moitié des hommes (50 %) de moins de 35 ans vivant en couple sous le même toit, reconnaissent avoir déjà évité un rapport sexuel pour regarder une série ou un film (contre 42 % des femmes). D’autres loisirs comme les jeux vidéo sont préférés au sexe par 53 % des hommes de moins de 35 ans vivant en couple. Les réseaux sociaux, eux, rencontrent plus de succès que le sexe auprès de 48 % des hommes de moins de 35 ans vivant en couple. « Au regard des résultats, le “temps sexuel” apparaît ainsi très nettement concurrencé par le temps passé sur des écrans qui offrent non seulement un moyen de combler ses besoins de sociabilité (réseaux sociaux) et/ou de sexualité (porno en ligne) mais aussi qui tend à cannibaliser le temps passé à deux, précise François Kraus. Les plateformes à la Netflix proposant des productions tellement addictives et chronophages qu’elles réduisent à la fois l’intérêt pour le coït et le temps disponible pour un rapport sexuel. Quant aux célibataires, leur usage intensif des écrans les pousse à un repli sur l’espace domestique qui limite leurs occasions de rencontres IRLF et les prive d’opportunités de relations charnelles. » 

(*) Étude Ifop pour LELO réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 29 décembre 2023 au 2 janvier 2024 auprès d’un échantillon de 1 911 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. 

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