Santé

Thérapie de couple, Lenora et Malik : « On ne communiquait plus bien à propos de nos enfants »

Lénora et Malik sont en couple depuis 7 ans. Ils ont deux enfants, de 5 et 2 ans. Quand Lénora est tombée enceinte la première fois, elle a souffert d’une longue dépression post-partum qu’elle a résolue en étant suivie par un psychiatre et une psychologue. Pour sa deuxième grossesse, Lenora a eu peur de revivre le même cauchemar mais l’arrivée de son deuxième fils s’est passée de façon plus sereine. Mais avec le temps, les difficultés à appréhender la co-parentalité s’étaient accumulées. Par peur de voir se rapprocher une séparation, Lénora a demandé à son conjoint, Malik, de commencer une thérapie de couple.

« Je craignais que Malik ne se braque », Lénora

Pour elle, ce sont les bons résultats de son premier suivi psychologique qui ont convaincu Malik :« Je sais que ce n’est pas quelque chose qui se fait trop dans sa famille et qu’il n’est pas du tout éduqué au travail sur soi. Mais il a vu à quel point ça m’avait sauvé la vie après ma première grossesse. Quand j’ai proposé de voir quelqu’un avec lui pour qu’on arrive à être de meilleurs parents ensemble et que notre couple tienne le plus longtemps possible, il a compris que je ne demanderais pas ça si je ne pensais pas que les problèmes étaient sérieux et aussi qu’il y avait une vraie possibilité pour que ça marche.»

Lénora demande conseil à sa soeur, psychologue elle-même : « Évidemment que nous n’allions pas être suivis par ma soeur mais je savais qu’elle était capable de me donner une liste de noms de personnes de confiance. C’est elle qui m’avait conseillé de voir quelqu’un pour mon post-partum et qui avait aussi trouvé la personne. C’est plus simple pour moi d’avoir quelqu’un à qui demander conseil que de chercher seule. Je craignais que Malik ne se braque si on avait dû avoir plusieurs rendez-vous avec des personnes différentes pour en choisir une ou si l’une d’entre elles n’avait pas été correcte. Là, j’y suis allée en confiance et en sachant aussi que ma soeur avait un peu parlé de nous à sa collègue.»

« Il y avait besoin de remettre les choses à plat », Lénora

Pour elle, la thérapie de couple était plus nécessaire pour leurs problèmes que des thérapies individuelles : « On ne communiquait plus bien à propos des enfants. Chacun faisait à sa sauce en fonction des éducations qu’on avait eues et en estimant qu’on était le seul ou la seule à avoir raison. Du coup, pour notre fils aîné ce n’était pas toujours très clair et il commençait à en jouer un peu. À aller voir maman quand papa disait non ou l’inverse. Le soir, on ne faisait que se reprocher nos choix et nous engueuler à voix basse comme font beaucoup de parents. On se couchait fâchés. Il y avait besoin de remettre les choses à plat.»

Lénora estime que la thérapie de couple a même eu des effets sur leur vie amoureuse : « Évidemment, partager moins de tension et avoir une relation de parents plus équilibrée a fait qu’on a commencé à avoir un petit peu plus de temps pour nous. Mais aussi un regard différent sur l’autre. On est sortis du conflit pour se rendre compte qu’on était une vraie équipe. Je suis retombée amoureuse de lui à le voir comme le père qu’il est devenu. Et je sais aussi qu’on est de meilleurs parents pour nos enfants.»

« Pour ma famille, on a fait un truc qui leur passe bien au-dessus de la tête », Malik 

Malik a surtout dû se justifier auprès de ses proches : « Mes parents n’ont pas compris qu’on fasse une thérapie ensemble. Pour eux, c’était comme de la médiation avant un divorce. J’ai pris le temps de leur en parler parce que je voulais parler aussi avec eux du fait de changer certaines de mes méthodes d’éducation et que ça avait des conséquences sur le temps que les enfants passent chez eux. Pour ma famille, on a fait un truc qui leur passe bien au-dessus de la tête. Déjà, les enfants ça ne s’éduque pas à deux. Mais ce n’est pas le genre de père que je veux être justement. Et je ne veux pas perdre ma femme parce que je n’ai pas su changer. Ça a été parfois dur, il a fallu parler de mon enfance et donc ressortir des choses que j’avais vécues de la part de mes parents et de mes frères. Mais je ne les aime pas moins pour autant. Je me dis juste que j’essaye de faire mieux.»

Malik est heureux de ne pas reproduire le schéma de parentalité de sa famille : « Chez moi, on se prenait des claques et ça criait beaucoup. Quand le père criait tout le monde devait se taire, même ma mère. C’était comme ça. Je me suis rendu compte que j’avais tendance à reproduire ça. À estimer que Lénora me devait quelque chose comme une sorte de respect supplémentaire. Ce qui est con parce qu’on n’a jamais fonctionné comme ça avant et qu’il n’y avait aucune raison que ça change. Mais je crois que c’est le cas de beaucoup de gens quand ils ont des enfants, ils deviennent un peu leurs parents, à moins de faire un effort conscient pour ne pas le devenir.»

Il n’hésite pas à recommander l’expérience à certains membres de sa famille : « J’ai un frère en particulier qui est devenu papa il y a pas longtemps. On a eu la conversation grand frère-petit frère où je lui partage un peu ce que j’ai vécu et je lui ai bien dit qu’il fallait qu’il soit vigilant à propos de l’état de fatigue de sa compagne mais aussi que s’il commençait à se comporter comme notre père, il fallait qu’il change des choses. Il sait que nous avons fait une thérapie de couple qui est finie maintenant. Il sait que si c’était à refaire, je le referais. Si à un moment il me demande le contact de la psychologue, je lui donnerai avec plaisir. C’est notre responsabilité de père aussi de faire au mieux pour notre famille. Et ça veut parfois dire tout changer.»

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