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2024 : les conseils de philosophes pour en faire une année joyeuse

Bâtir SES PROPRES UTOPIES

En 1968, Mirra Alfassa, sémillante Française de 90 printemps, inaugure la cité d’Auroville, en Inde, « le lieu d’une vie communautaire universelle, où hommes et femmes peuvent apprendre à vivre en paix, dans une parfaite harmonie, au-delà de toutes croyances, opinions politiques et nationalités ». Cinquante-cinq ans après, Auroville abrite toujours près de 3000 âmes. L’argent et la propriété y restent bannis, le quotidien tourné vers la connaissance. Le philosophe Xavier Pavie s’y est rendu plusieurs fois pour ausculter cette utopie. Dans un essai joyeux, « L’Imagination comme mode de vie » (éd. Puf), il donne les clés pour suivre ses propres idéaux.

L’imagination nous permet tous d’aller vers là où nous ne sommes pas encore aujourd’hui

Le secret ? L’inventivité. « Il peut s’agir d’une utopie politique, familiale, entre amis, qu’importe. L’utopie consiste à réorienter l’imagination, et à faire appel à la créativité pour se demander comment se construire de manière positive », plaide-t-il. Avant d’illustrer : « Si je veux construire quelque chose avec mes étudiants, par exemple, je dois d’abord y réfléchir, avant de dire que j’arrête les notes, que les élèves peuvent venir quand ils veulent, etc. Et chacun peut s’imaginer de manière très concrète une nouvelle vie. Plus intellectuelle en fréquentant des séminaires qui sont abondants, gratuits et très accessibles, en créant un festival à la Burning Man en plein désert… L’imagination nous permet tous d’aller vers là où nous ne sommes pas encore aujourd’hui. » Mieux, une utopie « démarre toujours par quelqu’un qui a une étincelle avant d’embarquer les autres ». Alors, étincelez !

Lutter CONTRE LE RÉTRÉCISSEMENT

Depuis quinze ans, la philosophe Gabrielle Halpern travaille sur le concept d’hybridation, « l’art des unions improbables qui offrent un regard neuf sur la vie », résume-t-elle. Son concept est développé dans « Tous centaures ! Éloge de l’hybridation » (éd.Le Pommier). On peut d’ailleurs voir l’hybridation à l’œuvre chaque jour : crèches intégrées aux maisons de retraite, cuisiniers devenus aussi maraîchers, hip-hop à l’Opéra… tout est possible, dès que la curiosité reste le moteur à propulsion. « Comme disait l’écrivain Elias Canetti, la vie est un éternel rétrécissement, mais on peut lutter en jetant son ancre le plus loin possible. La philosophie de l’hybridation est donc une éthique de la curiosité puisque, curieux, on est dans l’empathie, la tolérance, le doute, la remise en question », souligne la philosophe.

Si on ne change jamais l’eau, on croupit dans un environnement stagnant

Des pistes ? « Lire les livres que l’on n’a pas coutume de lire, faire des choses inhabituelles, écouter des gens dont on ne partage pas les opinions, pour sortir de ses petits dogmatismes, puisque c’est en allant vers l’autre que l’on pourra s’augmenter, s’enrichir, se nourrir. Parce qu’on est comme des petits poissons. Si on ne change jamais l’eau, on croupit dans un environnement stagnant. » Alors, chiche, on imagine tout : échanger ses amis, ses amants, ses hobbies, ses playlists, son dressing, ses parents, pour tester d’autres vies que la sienne, au moins un temps.

Voir L’AVENIR EN ROSE

Et si on arrêtait de désespérer, cette année ? « L’avenir est toujours meilleur », soutient Xavier Pavie, avant de préciser : « On peut se tourner vers des discours négatifs, ou décider d’écouter autre chose. C’est vous qui construisez l’avenir que vous souhaitez entendre, et avec qui vous voulez dialoguer. » Sophie Fontanel ne disait pas autre chose sur le plateau de « La Grande Librairie » : « Si on ne peut plus imaginer que du malheur, où on va ? » avant de confier sa soif de livres qui finissent bien : « Ça ne veut pas dire qu’on ne se bat pas, ça veut dire qu’on a trouvé une façon de gagner la bataille. »

Il existe des leviers d’action et la possibilité de créer des ponts

La philosophe Gabrielle Halpern suggère elle aussi de fuir les idéologues crépusculaires : « On est entouré d’intellectuels qui pensent le monde avec des mauvais sentiments et nous parlent toute la journée de fracture, fragmentation, archipélisation. Or, je crois qu’on n’a pas le droit de désespérer ses contemporains, parce que tout le monde finit par se sentir impuissant alors qu’il existe des leviers d’action et la possibilité de créer des ponts. » À chacun d’élire ses messagers de la paix: chérir l’émerveillement subtil de Sophie Fontanel, la tendresse décalée de Julien Doré ou l’extravagance bienveillante des drag-queens… Oui, l’avenir peut être doux.

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