Santé

Selon une étude, il y aurait un lien entre les maladies auto-immunes et la dépression périnatale

5 à 10 % de la population sont touchés par une maladie auto-immune, dont une majorité de femmes (source 1). Sont-elles plus à risque de souffrir d’une dépression pendant ou après la grossesse ? C’est ce que suggère, pour la première fois, une étude menée au sein du Karolinska Institutet (Suède). Publiée dans la revue Molecular Psychiatry le 9 janvier 2024, l’étude est basée sur les données de santé de l’ensemble des femmes ayant été enceintes en Suède entre 2001 et 2013, soit un total de 1 347 901 grossesses (source 2). Le résultat est sans appel : « les femmes atteintes d’une maladie auto-immune présentaient unrisque accru de 30 % de souffrir ultérieurement de dépression périnatale et les femmes exposées à la dépression périnatale présentaient un risque accru de 30 % de souffrir ultérieurement d’une maladie auto-immune », indique l’étude.

Les chercheurs se sont penchés sur la question alors que « des preuves de plus en plus nombreuses confirment l’existence d’un lien entre le dérèglement immunitaire et la dépression périnatale », notent-ils. Des études précédentes avaient déjà montré un risque plus élevé de souffrir d’une maladie auto-immune « chez les femmes souffrant de troubles psychiatriques périnataux et chez les femmes souffrant de dépression post-partum », précisent-ils. Cette étude apporte donc de nouvelles preuves dans ce sens, et démontre surtout le lien inverse, qui lui n’avait pas été montré jusqu’à aujourd’hui.

Quelles sont les maladies concernées ?

Les chercheurs suédois ont cherché le lien entre dépression périnatale avec plus de 40 maladies auto-immunes. Parmi elles, « environ 56 % des types de maladies auto-immunes étaient positivement associés à la dépression périnatale, dans un sens ou dans l’autre », indique l’étude. « 15 maladies auto-immunes étaient significativement associées de manière positive à la dépression périnatale, dans un sens ou dans l’autre. Une association bidirectionnelle positive significative a été observée pour les maladies thyroïdiennes auto-immunes, le psoriasis, la sclérose en plaques (SEP), la colite ulcéreuse et la maladie cœliaque. Les femmes atteintes de SEP, de la maladie d’Addison et de myasthénie grave présentaient le risque le plus élevé de dépression périnatale subséquente », listent les chercheurs. Par ailleurs, l’étude précise que le lien était plus prononcé chez les femmes sans comorbidités psychiatriques.

Comment expliquer ce phénomène ?

Si les raisons de ces liens sont encore obscures, les chercheurs avancent plusieurs explications, notamment liées aux changements hormonaux au cours et à la suite d’une grossesse. « La grossesse entraîne des modifications des taux hormonaux, notamment des taux plus élevés d’œstrogènes ayant une capacité à la fois pro- et anti-inflammatoire et des taux plus faibles de progestérone qui atténue l’inflammation. Le profil inflammatoire des femmes atteintes de maladie auto-immune pourrait accroître la sensibilité à ces changements hormonaux, contribuant ainsi à augmenter le risque de dépression périnatale ». Les chercheurs rappellent aussi que « la période périnatale implique des adaptations du système immunitaire et des altérations des symptômes de la maladie auto-immune ».

D’autres études devront confirmer et expliquer ces liens, qui devraient alors être pris en compte par les professionnels de santé. « Notre étude suggère qu’il existe un mécanisme immunologique derrière la dépression périnatale et que les maladies auto-immunes devraient être considérées comme un facteur de risque de ce type de dépression », a déclaré Emma Bränn, première auteure de l’étude, chercheuse à l’Institut de médecine environnementale du Karolinska Institutet, dans un communiqué (source 3).

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