Santé

Déréalisation : tout comprendre sur ce trouble dissociatif

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La déréalisation est un terme utilisé en psychiatrie et en psychologie afin de décrire une impression de déconnexion avec la réalité. Nous parlons de trouble de la déréalisation et/ou dépersonnalisation car ce syndrome peut aussi occasionner une impression de détachement de soi-même. 

Définition : c’est quoi la déréalisation et/ou dépersonnalisation ?

Le trouble de la déréalisation et/ou dépersonnalisation est décrit par le DSM V, manuel de référence en psychiatrie, qui le classe parmi les troubles dissociatifs

La 5e édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux caractérise ce trouble par la récurrence d’expériences prolongées de : 

  • Déréalisation c’est-à-dire des impressions d’irréalité ou de détachement du monde extérieur ; 
  • et/ou de dépersonnalisation c’est-à-dire des impressions de détachement de son esprit ou de son corps. 

« Ces expériences sont chroniques ou régulières. Le sujet a l’impression d’être devenu un observateur extérieur de sa propre existence », décrit Johanna Rozenblum, psychologue à Paris. 

2% de la population concernée

Des épisodes de dépersonnalisation et/ou déréalisation transitoires (durant quelques heures à quelques jours) sont fréquents dans la population générale : approximativement la moitié de tous les adultes ont au cours de leur vie au moins une expérience de déréalisation et/ou dépersonnalisation. C’est d’autant plus vrai que ces épisodes peuvent être le symptôme d’une crise d’angoisse ou de la prise de drogue ou d’alcool. Néanmoins, la déréalisation/ dépersonnalisation en tant que trouble chronique est plus rare : seulement 2% de la population serait concernée (source 1). 

Quels sont les symptômes du trouble de la déréalisation et/ou dépersonnalisation ?

« Ce trouble peut donner l’impression d’être dans un rêve ou dans un film. La personne se sent détachée de ses proches et de ce qui se joue devant elle. Elle est dans une bulle ou derrière une paroi de verre qui la rend spectatrice. Elle est engourdie et ne ressent pas d’émotion (anesthésie émotionnelle). » Johanna Rozenblum psychologue. 

Parfois, ce trouble donne aussi  l’impression d’être spectateur de ses propres pensées, de ses sentiments, de ses sensations, de son corps ou de ses actes. Certains diront qu’ils ont l’impression « d’être vide », de « flotter » ou d’être « à côté de leurs pompes ». 

Ces symptômes sont décrits comme intrusifs, incontrôlables et générant une détresse significative. Parfois, ils sont à l’origine d’une véritable altération du fonctionnement socioprofessionnel. 

Cause : qu’est-ce qui provoque le trouble de la déréalisation et/ou dépersonnalisation ?

Le trouble de la déréalisation/ dépersonnalisation est un trouble dissociatif au même titre que le trouble dissociatif de l’identité et l’amnésie dissociative. Rappelons que la dissociation est un mécanisme de défense qui va se déclencher en cas de « débordement » de notre système nerveux. Il s’agit donc d’un réflexe psychique de survie, déclenché pour échapper à un stress extrême que le psychisme ne peut supporter. Ce trouble est donc bien nécessaire afin de mettre à distance des événements insupportables tout continuant à fonctionner : 

Le trouble de la déréalisation/dépersonnalisation est généralement déclenché par un stress intense ou un événement traumatisant, comme de la maltraitance physique, de la négligence pendant l’enfance ou d’autres sources de stress importantes que l’on subit ou dont on est témoin (accident, attentat, deuil, viol,…). Johanna Rozenblum, psychologue.

Est-ce que la déréalisation et/ou dépersonnalisation est grave ?

Le trouble de déréalisation et/ou dépersonnalisation entraîne une souffrance significative. Néanmoins, il n’est pas le symptôme d’un trouble mental grave tel qu’un trouble psychotique tel comme la schizophrénie par exemple). En effet, le sujet demeure conscient du caractère pathologique de ses symptômes et les critique. Il a l’impression de s’éloigner de la réalité mais il reste bien connecté au réel. 

Lorsqu’un patient montre des symptômes de déréalisation dont il n’a absolument pas conscience (en dehors d’un diagnostic de trouble anxieux ou de prise de substances), dans ce cas uniquement, il faudra investiguer l’éventuelle pathologie psychotique. La déréalisation n’est alors plus le trouble mais le symptôme. Johanna Rozenblum, psychologue. 

Diagnostic : comment savoir si on fait de la déréalisation ?

Le diagnostic du trouble de la déréalisation/ dépersonnalisation peut être réalisé par un médecin, un psychiatre ou un psychologue. Ce dernier devra d’abord éliminer les diagnostics différentiels tels qu’un trouble anxiodépressif ou un stress aigu (puisque l’anxiété peut déclencher des expériences de déréalisation transitoires) ou un trouble psychotique.

Le diagnostic de ce trouble est confirmé par un médecin si les épisodes de déréalisation sont longs ou fréquents, si le patient a conscience de ces épisodes, si les symptômes sont handicapants au quotidien et enfin s’ils ne sont pas attribués a une consommation de drogue ou d’alcool. Johanna Rozenblum, psychologue.

Traitement : comment soigner la déréalisation ?

La prise en charge de la déréalisation dépend du diagnostic :

Il n’est pas rare que la déréalisation soit enfaite transitoire et la conséquence d’un trouble anxieux ou dépressif : « cet indicateur est plutôt rassurant car la prise en charge est claire », selon la psychologue. Psychothérapie, parfois anxiolytiques et antidépresseurs font partie des solutions habituelles. 

« Si la déréalisation est un effet secondaire de la consommation de drogue ou d’alcool, il faudra traiter l’addiction », ajoute l’experte. 

Arrêter une crise de déréalisation/ dépersonnalisation

En cas de déréalisation/ dépersonnalisation, il faut reconnaître et accepter les symptômes. Il est aussi recommandé de prendre le temps de respirer (cohérence cardiaque), de ralentir (méditation), pour calmer les symptômes et revenir dans l’ici et le maintenant. Pour s’aider à revenir dans le réel, nous pouvons réaliser des taches pratiques : intégrer la discussion en cours, agir en pleine conscience dans l’activité que l’on fait, être attentif à nos sens (goût, toucher, odorat…). Chacun pourra aussi développer des outils personnels qui lui sont favorables !- Johanna Rozenblum, psychologue. 

Une prise en charge sur le moyen à long terme parfois nécessaire

Le traitement du trouble de la déréalisatio/ dépersonnalisation consiste en une psychothérapie (la thérapie cognitive et comportementale ou TCC est efficace).  Un traitement médicamenteux en cas de dépression comorbide et/ou d’anxiété peut être proposé par le médecin/ psychiatre. L’EMDR peut être efficace si le trouble fait suite à un traumatisme identifié. 

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