Santé

Névralgie pudendale : comprendre cette douleur du nerf honteux

Définition : qu’est-ce que la névralgie pudendale ?

La névralgie pudendale (aussi appelée « algie pudendale » ou « pudendalgie » ou encore « syndrome du canal d’Alcock« ) est une affection neurologique qui affecte le nerf pudendal. Ce dernier est l’un des nerfs le plus important du bassin. Il est responsable de la sensibilité de la région génitale et de l’anus, ainsi que des muscles du plancher pelvien. Sa fonction lui a longtemps valu la dénomination de « nerf honteux ». 

En cas de névralgie, le nerf pudendal peut être irrité ou comprimé à différents niveaux de son parcours comme au niveau de : 

  • La pince ligamentaire (entre le ligament sacrotubéral et le ligament sacroépineux) ; 
  • L’entrée du canal pudendal
  • Le canal pudendal d’Alcock (qui est un dédoublement de la membrane fibreuse du muscle obturateur interne).

La névralgie pudendale provoque des douleurs dans la région du bassin ou au niveau des organes génitaux (entre l’anus et la verge ou le clitoris chez la femme). La douleur est aggravée en position assise

Une maladie rare et sous diagnostiquée

La névralgie pudendale est rare puisqu’elle affecterait 6 personnes sur 1000.  On estime que 3% de la population vit en phase de crise aigüe de douleur (source 1). Il n’est pas rare que les personnes touchées demeurent plusieurs années dans l’errance thérapeutique (le diagnostic peut être très long à obtenir). En effet, la névralgie pudendale est enseignée depuis peu dans les facultés de médecine. Au premier abord, la maladie est souvent confondue avec une douleur gynécologique chez la femme. 

Quelles sont les causes de la névralgie pudendale ?

La névralgie pudendale est la conséquence d’une compression ou d’une irritation du nerf pudendal.  Ce nerf traverse des zones de rétrécissement au contact des tendons d’insertion des muscles et des ligaments qui peuvent parfois le compresser voire le gêner notamment en cas de microtraumatismes ou de certaines maladies.  Dans ce type de circonstances, la constitution d’une zone cicatricielle peut limiter la mobilité du nerf dans sa gaine et induire des signes de « souffrance » du nerf sur tout le long de son trajet. 

Douleur au nerf honteux : qui est à risque ?

Certaines personnes sont plus à risque de névralgie pudendale, comme celles qui ont subit : 

  • Un traumatisme ou des blessures à la région pelvienne ;
  • Une chirurgie pelvienne antérieure, y compris la chirurgie de la prostate ou de l’utérus ;
  • Une grossesse et un accouchement
  • Une activité sportive intense, en particulier la course à pied ou le cyclisme ;
  • Une perte de poids rapide ou importante ;
  • Des troubles musculosquelettiques tels que le syndrome du piriforme, qui peut comprimer le nerf pudendal.

La névralgie pudendale peut également être favorisée par certaines maladies comme le diabète, la sclérose en plaques, la maladie de Lyme, l’herpès génital ou les infections urinaires récurrentes.

La maladie débute le plus souvent entre 50 à 70 ans, avec une prédominance féminine (6 femmes pour 4 hommes).

Névralgie pudendale après l’accouchement

La névralgie pudendale est susceptible de se déclencher à la suite de l’accouchement. Dans ce cas, elle est la conséquence des efforts de poussées répétés. Elle traduit une lésion du nerf pudendal par étirement de ce dernier. La douleur peut disparaître après quelque semaines. Néanmoins, il arrive que cette affection se chronicise. 

Quels sont les symptômes de la névralgie pudendale ?

Le tableau clinique de la névralgie pudendale est défini par les critères de Nantes, reconnus à l’échelle internationale pour le diagnostic de la maladie (source 2). 

Elle se manifeste par une douleur chronique diurne permanente ou intermittente au niveau du bassin et.ou des organes génitaux (entre l’anus et la verge ou le clitoris chez la femme). Les patients ne se plaignent pas de douleurs nocturnes et la maladie ne cause pas de trouble du sommeil. 

Les douleurs peuvent être  violentes (brûlures intenses, étau, élancements, engourdissements, sensation de corps étranger) et invalidantes. Elles se manifestent tout particulièrement en station assise. Cette dernière est difficile, voire impossible, sauf sur un siège de toilettes. Les patients utilisent parfois des bouées, des coussins anatomiques spécifiques voire vivent debout.

La névralgie pudendale n’est pas associée à un déficit sensitif ou moteur. 

Pudendalgie : quelles conséquences et complications ?

Le retentissement sur la qualité de vie est souvent sévère, comme pour la majorité des douleurs neuropathiques.

Ajoutons que les patients souffrant de névralgie pudendale ont très souvent des troubles associés à la douleur :

  • Troubles sexuels (diminution des sensations sexuelles, rapports sexuels douloureux …)
  • Troubles urinaires (mictions fréquentes, incontinence urinaire, fausses envies d’uriner…) ; 
  • Troubles ano rectaux (constipation, douleurs lors du passage à la selle) ;
  • Douleurs musculaires (douleurs fessières, irradiations sciatiques, pelviennes…). 

Diagnostic : comment déceler une névralgie pudendale ?

En cas de signes évocateurs de névralgie pudendale, vous devriez consulter votre médecin traitant. Ce dernier pourrait vous orienter vers un urologue, un neurologue, un proctologue ou encore un gynécologue

Le diagnostic est essentiellement clinique. Le médecin se réfère aux critères de Nantes après avoir éliminé tous les diagnostics différentiels (douleurs gynécologues ou anales par exemple). 

Un électromyogramme des réflexes sacrés étagés, complété d’un écho-doppler et d’une échographie peuvent éventuellement confirmer le diagnostic.

Critères de diagnostic de la névralgie pudendale (critère de Nantes)

  • douleurs de topographie pudendale ; 
  • déclenchées et/ou aggravées par la position assise ;
  • diurnes, soulagées la nuit ;
  • sans déficit sensitif ni moteur
  • répondant à l’infiltration anesthésique (à la lidocaïne à 1 %). Le médecin administre donc les infiltrations afin de confirmer le diagnostic (test infiltration). 

Quel traitement pour la névralgie pudendale ?

Des médicaments et de la kinésithérapie sont habituellement prescrits. Néanmoins, lorsque le diagnostic est confirmé, une intervention chirurgicale peut ête proposée d’emblée. 

Quels médicament en cas de névralgie pudendale ?

En premier intention, le médecin peut prescrire des antiépileptiques  (gabapentine, Neurontin®)  ou des antidépresseurs (tricycliques ou inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline). 

En seconde ligne, des associations sont possibles : antidépresseurs + antiépileptiques, antidépresseurs + tramadol ou morphine, antiépileptiques + tramadol ou morphine. 

Étirements, kinésithérapie, ostéopathie : comment se soulager ?

De nombreuses techniques permettent de soulager la pudendalgie. Sont le plus souvent proposées : la kinésithérapie et l’ostéopathie avec des exercices, des étirements et des postures permettant le relâchement du nerf pudendal. 

La neurostimulation transcutanée à but antalgique et des techniques alternatives (comme l’hypnose, l’acupuncture…) peuvent aussi être efficaces. 

Des coussins pour éviter la douleur en position assise

Il existe des coussins anatomiques afin d’éviter les douleurs en position assise en cas de névralgie pudendale. Ces coussins peuvent s’emmener partout même au travail. Ils ont une forme creuse en leur centre. 

Existe t-il une opération chirurgicale ?

La décompression chirurgicale peut être effectuée. Elle consiste en une chirurgie de la région profonde de la fesse qui a pour but de libérer le nerf sur tout son trajet afin de lui redonner sa mobilité.

Elle est proposée en première ligne en cas de test infiltration positif ou après échec du traitement médicamenteux. À noter que les infiltrations ne sont utilisées qu’a des fins de diagnostic. 

La destruction par radiofréquence des fibres sensitives du nerf pudendal est une alternative à la chirurgie, mais elle est susceptible de devoir être répétée du fait de la régénération des fibres et elle peut induire de nouveaux symptômes éventuellement douloureux.

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