Santé

Acouphènes pulsatiles : est-ce normal d’entendre son cœur battre dans son oreille ?

Les acouphènes sont une affection fréquente. Selon l’Inserm, environ 10 % de la population adulte serait atteinte de ce trouble auditif dont le retentissement est très variable d’un individu à l’autre. À la différence des acouphènes subjectifs – c’est-à-dire uniquement audibles par la personne concernée – les acouphènes objectifs peuvent être perçus par un médecin à l’auscultation ou l’entourage et résultent généralement de bruits générés par des structures proches de l’oreille interne.

Acouphènes pulsatiles : définition

L’acouphène pulsatile se définit comme la perception d’un son rythmé par les battements cardiaques. « Cela signifie que l’on entend son cœur battre dans l’oreille, confirme le Pr Darrouzet. D’ailleurs, si l’on prend son pouls en même temps, on s’aperçoit qu’il est synchrone au bruit perçu. » Cet acouphène peut être le signe de turbulences du flux sanguin de l’artère carotide, de la veine jugulaire ou de malformations artério-veineuses.

Souffle ou impression de pouls qui bat dans l’oreille : quels sont les symptômes d’un acouphène pulsatile ?

Les acouphènes pulsatiles se manifestent principalement par la perception du son des battements du cœur dans une oreille voire, plus rarement, dans les deux. « Il arrive à tout le monde d’entendre son cœur battre dans l’oreille en se couchant sur son oreiller parce qu’on a un peu d’éréthisme cardiaque, des palpitations ou qu’on est stressé, confie le spécialiste. En revanche, quand on l’entend en permanence, en position assise, couchée ou debout, c’est un symptôme auquel il faut être attentif et qui doit pousser à consulter. »

Battement dans l’oreille : comment fait-on le diagnostic d’un acouphène pulsatile ?

L’examen clinique et l’interrogatoire permettent d’orienter le diagnostic. « On interroge le patient sur l’intensité de l’acouphène, son caractère permanent ou pas, son évolution dans le temps, s’il est influencé par la position du corps : en effet, on peut avoir des acouphènes lorsqu’on est couché qui disparaissent debout et inversement, explique le Pr Darrouzet. On va également vérifier si l’acouphène est audible par autrui comme c’est parfois le cas dans les fistules artério-veineuses durales (ndlr : acouphène objectif). »

Le patient sera ausculté en position assise et couchée, sur le conduit auditif, derrière l’oreille, au niveau du cou et du foyer aortique afin de voir si l’acouphène a un caractère objectif, de le caractériser par son rythme – systolique ou systolo-diastolique – ainsi que son timbre : râpeux ou non. « On peut également faire un test très simple en exerçant une pression sur l’artère occipitale : si le fait d’appuyer dessus diminue voire fait disparaître l’acouphène pulsatile – c’est ce que j’appelle le signe « stop » – il s’agit vraisemblablement d’un acouphène par fistule artério-veineuse. Les patients disent : ça y est, je ne l’entends plus ! Là, la prise en charge par un neuroradiologue interventionnel doit être rapide. »

Le médecin cherchera également des signes d’accompagnement – vertiges, surdité à la mise sous pression, troubles de l’équilibre, douleurs dans l’oreille, le cou ou encore symptomatologie empruntée aux nerfs crâniens – et examinera le tympan.

Enfin, l’examen clinique peut se compléter par un audiogramme ainsi que par des examens d’imagerie si nécessaires : angioscanner ou encore IRM cérébrale.

Pourquoi j’entends mon cœur battre dans mon oreille droite (ou gauche) ? Quelles sont les causes d’un acouphène pulsatile ?

Fistules artério-veineuses durales, tumeurs bénignes de l’oreille, malpositions des artères et des veines ou encore otospongiose : les causes d’un acouphène pulsatile sont nombreuses et le diagnostic complexe. « Pour comprendre le principe de l’acouphène pulsatile, il faut d’abord rappeler quelques principes d’anatomie, détaille le Pr Darrouzet. L’artère carotide pénètre dans la boîte crânienne par le canal carotidien, situé dans le rocher (os temporal) où se trouve l’oreille interne. C’est un peu comme une maison : au sous-sol se trouvent les arrivées d’eau, de gaz ainsi que les égouts. Les arrivées de gaz et d’eau, ce sont les artères qui amènent l’oxygène jusqu’au cerveau. Les égouts, ce sont les veines qui ramènent le sang désoxygéné jusqu’aux poumons. Ces vaisseaux sanguins passent très près de la cochlée et peuvent provoquer des acouphènes pulsatiles lorsqu’ils sont mal positionnés ou quand il y a un anévrisme. »

Les acouphènes pulsatiles d’origine veineuse

Les acouphènes veineux sont augmentés en position allongée. « Souvent les patients disent : je suis obligé de dormir assis car quand je me couche c’est insupportable », confirme le spécialiste. Cet acouphène est soulagé par la position assise, par un coussin placé sous le cou ou la compression jugulaire. Il n’est pas audible au stéthoscope, c’est donc un acouphène purement subjectif.

Les acouphènes pulsatiles d’origine artérielle

À la différence de l’acouphène pulsatile veineux, l’acouphène pulsatile artériel est perceptible quelle que soit la position : on l’entend aussi bien couché qu’en position assise ou debout. « Il est souvent soulagé par la compression carotidienne mais il n’y a pas de modification de l’acouphène, de signe « stop », à la compression de l’artère occipitale », indique le Pr Darrouzet. Cet acouphène peut être lié à une malposition de l’artère carotide interne.

Les acouphènes artério-veineux

Les acouphènes d’origine artério-veineuse sont les formes les plus sévères et les plus dangereuses. « En effet, les malformations vasculaires acquises – fistule artério-veineuse durale – à l’origine de ce type d’acouphène peuvent provoquer un accident vasculaire cérébral, affirme le médecin ORL. D’où l’importance de les diagnostiquer rapidement. » Ces acouphènes artério-veineux se caractérisent par leur bruit systolo-diastolique un peu râpeux, sont perceptibles à l’auscultation (acouphène objectif) et sont soulagés par la compression carotidienne ainsi que par la compression de l’artère occipitale (signe stop).

L’ostopongiose

Cette maladie d’origine génétique qui atteint le tissu osseux de l’oreille interne est très fréquemment responsable d’acouphènes pulsatiles.

Les acouphènes méningés et le syndrome de Minor

L’acouphène pulsatile peut également être d’origine méningée. « Il arrive que la déhiscence – c’est-à-dire l’ouverture ou la rupture d’un tissu – du canal semi-circulaire mette le liquide de l’oreille interne au contact de la méninge, c’est alors son propre cerveau que l’on entend battre. » Cette exposition anormale du canal supérieur aux battements cérébraux, appelé syndrome de Minor, évolue avec le temps et est source d’acouphènes pulsatiles.

L’hypertension intracrânienne primitive

Enfin, l’hypertension intracrânienne primaire qui concerne le plus souvent les jeunes femmes souffrant d’obésité est aussi une cause d’acouphènes pulsatiles. Les acouphènes sont alors bilatéraux et associés à des maux de tête, des troubles visuels…

Près de 30 à 40 % des acouphènes pulsatiles sont d’étiologie inconnue.

Quels sont les facteurs de risque de développer un acouphène pulsatile ?

L’obésité de la femme jeune, les traumatismes crâniens (notamment du rocher), l’hypertension artérielle et lesmaladies cardiovasculaires sont des facteurs de risque de développer un acouphène pulsatile.

Est-ce que les acouphènes pulsatiles sont dangereux ? Est-ce grave d’entendre son cœur battre dans son oreille ?

Un acouphène pulsatile permanent doit amener à consulter un médecin ORL.

Le symptôme qui doit absolument alerter, c’est quand vous entendez votre cœur battre dans votre oreille – quelle que soit la position adoptée – et que votre entourage l’entend également en étant à proximité, martèle le Pr Darrouzet.

Cet acouphène pulsatile dit objectif est généralement le signe d’une fistule artério-veineuse, c’est-à-dire d’une communication anormale entre les systèmes artériel et veineux. » Ces anomalies étant potentiellement graves et, rappelons-le, source d’accident vasculaire cérébral, la prise en charge doit être rapide.

Quels sont les traitements de l’acouphène pulsatile ?

Le traitement de l’acouphène pulsatile dépendra de sa cause. La majorité des acouphènes pulsatiles liés à une anomalie vasculaire seront traités par neuroradiologie interventionnelle. « Par exemple, dans le cas d’une fistule artério-veineuse,le neuroradiologue interventionnel va remonter dans les artères jusqu’à la veine à l’aide d’un micro-cathéter et obturer la fistule ce qui va stopper net l’acouphène pulsatile, conclut celui-ci. Dans le cas de malpositions veineuses, il est possible de poser un stent. »

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