Santé

Apolline, 32 ans : « Je n’éprouve plus le besoin de passer du temps avec elle »

« J’ai fait la connaissance de Léa en classe de CP raconte Apolline*. Nous arrivions toutes les deux de Province – elle de Nantes, moi de Lille -, pour des raisons liées aux professions respectives de nos parents (raisons que nous avions, l’une et l’autre, ni très bien comprises, ni très bien vécues) et nous ne connaissions personne dans cet établissement du XVe arrondissement de Paris. Je ne sais pas si ceci explique cela, mais nous nous sommes rapidement rapprochées ».

Notre amitié nous paraissait indestructible 

Cette jeune chargée de communication événementielle se souvient que, à la fin du premier trimestre, sa nouvelle amie et elle, étaient quasiment inséparables. « Elle venait jouer à la maison quasiment chaque week-end, détaille-t-elle. Elle et moi, on était pourtant très différentes. J’ai toujours été beaucoup plus garçon manqué qu’elle. Et aussi plus studieuse. Il n’empêche : plus le temps passait et plus l’alchimie était forte entre nous. Au collège, on s’écoutait, on se consolait, on se conseillait. Dès qu’il nous arrivait un truc, il fallait qu’on se le raconte. Un seul regard suffisait souvent à nous faire exploser de rire. Bref, notre amitié nous paraissait indestructible ».

Après le brevet, les routes des deux adolescentes vont pourtant se séparer. Sur les conseils de ses professeurs, Léa se tourne vers un bac professionnel. Apolline, elle, poursuit en section littéraire. « Je me souviens que, les deux premières années de lycée, j’ai souffert d’être coupée d’elle (et vice versa), glisse la trentenaire. On se parlait constamment par messages, à toute heure du jour et de la nuit ». Et les années suivantes ? Apolline et Léa continuent à fêter leurs anniversaires ensemble et à organiser régulièrement des sorties pour se retrouver. Sauf que… plus le temps passe et plus ces rendez-vous s’espacent. « Après l’obtention de mon bac, je me suis inscrite dans une école de communication, explique la jeune femme. Je côtoyais de nouvelles personnes, aussi bien en cours que lors des stages en entreprise. J’aimais bien cette nouvelle vie. Léa, elle, avait rencontré un garçon et avait moins de temps à me consacrer. J’étais toujours heureuse de la voir, mais je me rendais compte que quand je ne la voyais pas – parfois pendant plusieurs semaines – elle ne me manquait pas tant que ça. Elle n’était déjà plus la priorité de mon emploi du temps. Je préférais passer des moments avec d’autres amis ».

Plus sur la même longueur d’onde 

Les deux jeunes femmes restent néanmoins plus ou moins proches. Lorsque Léa se marie, c’est à Apolline qu’elle demande immédiatement d’être son témoin. Et quand naît son premier enfant, Léa choisit de rebaptiser son amie « tata Apolline ». « Sa vie ne me faisait pas franchement rêver (je préférais profiter davantage de ma jeunesse), mais je savais que c’était celle qu’elle voulait mener et j’étais donc très contente pour elle, explique la trentenaire. Je trouvais aussi Félix très mignon, même si je ne comprenais pas ce besoin qu’avait Léa de m’envoyer presque chaque jour des vidéos de lui. J’aimais son fils, mais ses exploits quotidiens me laissaient de marbre. Tout comme les problèmes de nounous et autres qui étaient devenus le cœur de vie de Léa ». Lorsqu’elle voit son amie, Apolline s’ennuie de plus en plus. « Nos échanges étaient d’une banalité affligeante, glisse-t-elle. Je l’écoutais parler de sa vie de mère de famille, sans qu’elle me pose la moindre question sur moi. Elle ne savait même pas en quoi consistait mon métier. Nos vies avaient pris des chemins différents qui rendaient la communication difficile. Quand j’étais avec elle, j’avais l’impression de ne plus être moi-même et de jouer un rôle pour correspondre à l’image qu’elle avait de moi. Il m’arrivait de me demander pourquoi je me forçais à maintenir un lien si factice ».

Il y a plusieurs mois, les deux jeunes femmes ont eu leur première grosse dispute. « Léa m’a reproché de ne pas avoir répondu le jour-même à son texto, raconte Apolline. Tout est ensuite parti en cacahuète. Elle m’a dit que je ne prenais jamais de ses nouvelles et que j’étais de moins en moins disponible quand elle me proposait de venir chez elle (ce n’était pas faux, mais c’était lié à ce qu’était devenue notre relation). J’ai trouvé ses propos injustes (elle avait aussi sa part de responsabilité), mais je n’ai pas eu envie de lui balancer des méchancetés. Je lui ai juste dit que je prenais acte de son ressenti, qu’elle avait beaucoup compté pour moi, mais qu’il valait sans doute mieux qu’on arrête de se voir ». Depuis, les deux ex-meilleures amies ne se sont pas revues, ni reparlé. « C’est triste, mais je me sens soulagée », confie Apolline. Et d’ajouter : « Je ne pensais jamais dire ça un jour, surtout à propos de Léa, mais je crois qu’il faut savoir mettre fin à certaines amitiés. Surtout lorsqu’elles deviennent un poids ».

* l’identité a été modifiée

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