L’orgasme guérit-il la migraine ?

Publié le 15 mars 2024 à 11h30

« C’est une question que l’on me pose souvent en consultation concernant les douleurs de règles ou l’endométriose : “Est-ce que l’orgasme est efficace pour soulager les douleurs ?” Pour les maux de tête, je réponds la même chose : il n’y a pas de solution magique, malheureusement, c’est donc un sujet à prendre avec des pincettes. Mais oui, parfois et pour certaines personnes seulement, l’orgasme peut guérir la migraine. Petit rappel : les maux de tête, qu’on appelle les céphalées, regroupent plusieurs types de douleurs dont les migraines font partie. Quand on souffre de maux de tête, on peut avoir mal au niveau du front, parfois derrière ou au niveau des tempes ou seulement sur la moitié de la tête. Les symptômes sont différents, tout comme les origines et les traitements. Lors de l’orgasme, le cerveau libère des endorphines, connues pour leur pouvoir anxiolytique, antalgique et relaxant. Mais l’action des endorphines est paradoxale, car elles peuvent à la fois “relâcher” et “contracter”, et donc produire l’effet inverse en accentuant les douleurs, voire provoquer des migraines, que certains scientifiques appellent des “céphalées orgasmiques” ou “céphalées coïtales”.

Chaque personne réagit différemment et nous ne disposons d’aucunes données probantes sur le sujet. C’est la même logique que pour les œstrogènes et la progestérone présents dans les pilules contraceptives : cela peut réduire l’acné chez certaines et l’accentuer chez d’autres. Par ailleurs, si l’orgasme produit une plus grosse décharge d’endorphines, elles sont de toute façon libérées pendant un rapport sexuel ou une activité sportive. Et il est toujours bon de rappeler que le plaisir sexuel n’est pas réservé à la relation entre deux individus, la masturbation fait aussi très bien le job. La question à se poser serait plutôt : “Le sexe peut peut-être soulager ma migraine, mais à quel coût ?” Quelqu’un qui n’a pas envie d’avoir des rapports sexuels ne verra jamais sa migraine disparaître, de même que quelqu’un qui déteste le yoga n’en tirera pas les bénéfices promis. Le vécu de la douleur et sa gestion sont extrêmement dépendants du contexte, de l’environnement : se sent-on en sécurité, dans un milieu apaisant… Le corps n’est pas purement mécanique. Il faut donc se méfier : tous les conseils basés sur des pseudo- études scientifiques ne sont pas à suivre au pied de la lettre et ne doivent pas se transformer en injonctions, et encore moins devenir une fausse bonne raison de réclamer aux femmes un rapport sexuel. Rien ne prouve que l’orgasme soulage la migraine, mais il existe en revanche des traitements médicamenteux ou une bonne hygiène de vie qui, eux, ont fait leurs preuves. »

« Une sexualité à soir », de Laura Berlingo (éd. Les Arènes).