Santé

Émotions : et si l’anxiété était provoquée par le corps ?


On savait déjà que l’anxiété suscitait des réactions corporelles, comme des palpitations, des tremblements ou encore des nausées. L’inverse pourrait également se produire, selon une étude récente.

La connexion entre le corps et l’esprit n’a pas encore dévoilé tous ses secrets. L’anxiété, ce sentiment d’inconfort qui se déclenche quand on se retrouve face à un danger, provoque généralement des réactions physiques (palpitations, maux de ventre, nausées, tremblements, hyperventilation). Selon une nouvelle étude publiée dans la revue « Nature » le 1er mars 2023, cette relation de cause à effet pourrait également fonctionner dans le sens inverse.

Des chercheurs de l’Université de Stanford en Californie, ont réalisé cette expérience sur des souris. Résultat : l’augmentation artificielle de la fréquence cardiaque augmenterait le niveau d’anxiété. Ce sujet a longtemps divisé les scientifiques. « C’était une question de poule et d’œuf qui fait l’objet de débats depuis un siècle », raconte Karl Deisseroth, neuroscientifique à l’origine de l’étude. Et les résultats de cette expérimentation pourraient relancer le débat.   

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L’accélération du cœur perçue comme une menace

Pour mener cette expérience, Karl Deisseroth et ses collègues se sont servi de la méthode de l’optogénétique, qui consiste à utiliser la lumière pour contrôler l’activité cellulaire. Grâce à cette technique, les chercheurs sont parvenus à déclencher les muscles cardiaques des souris. En augmentant leur rythme cardiaque, passant de 660 à 900 battements par minute, ils se sont aperçus que les rongeurs avaient plus de difficulté à appuyer sur le levier disposé devant eux pour obtenir de l’eau, et à explorer leur zone de déplacement. Les scientifiques en ont déduit que les animaux étaient plus anxieux.

En mesurant l’activité cérébrale des souris, les chercheurs ont remarqué que l’insula – une région associée à la fois aux émotions et au traitement des signaux corporels – s’activait de manière plus intense, lorsque la fréquence cardiaque augmentait. Ils en ont conclu que l’insula associait les signaux du cœur à une menace de l’environnement, et transmettait l’information à la zone cognitive du cerveau, située dans le cortex préfrontal.

Cette découverte pourrait aider à développer les recherches sur le traitement des troubles anxieux chroniques, précise Sahib Khalsa, psychiatre au Laureate Institute for Brain Research à Tulsa, en Oklahoma. En effet, plusieurs techniques de respiration, telles que la cohérence cardiaque, permettraient de calmer l’anxiété. « Il y a beaucoup d’utilisation de ces stratégies et le sentiment qu’elles ont un avantage, mais ce qui permet précisément de réduire l’anxiété n’est pas bien établi », nuance l’expert. Reste par ailleurs à déterminer si la peur aigüe ressentie chez les animaux, et l’anxiété chronique chez l’homme, impliquent les mêmes circuits entre le corps et le cerveau.

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