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Plaqué pendant l’été, épisode 1 : « Mon premier amour se termine à Rome ».

Anthony a 21 ans, il est sudiste, en échec scolaire, et fou amoureux de Sophie*. Après un an et demi de relation à distance, le jeune homme décide de laisser derrière lui sa vie montpelliéraine et d’emménager avec sa bien-aimée en région parisienne.

Jonglant entre des marchés le week-end et les bancs de la Sorbonne toute la semaine, Anthony décide d’économiser pour offrir à sa copine un voyage en amoureux, pour « se retrouver » enfin. Destination : L’Italie.

Le cadre est idéal ; c’est Rome, l’une des plus belles villes du monde, « la ville éternelle », celle de Michel-Ange et des pizzas inégalées.

« Elle n’a pas dormi, elle est à cran. Peut-être que, déjà, elle n’avait pas envie de venir, que ça n’allait déjà plus trop dans son esprit. De mon côté, j’avais senti que ça n’allait pas tellement, mais je me disais que ce séjour à Rome allait nous permettre de raviver la flamme. J’étais très, très amoureux, limite un peu béat », se souvient-il, le sourire dans la voix.

« C’était pire que la mort »

Avec le recul, Anthony concède que le voyage exacerbe les différences, et son couple n’a pas fait exception. Sophie était une femme « très organisée », chez qui « rien ne dépassait ». Lui, en revanche, se complaît dans « la spontanéité » : « je ne cherche pas à tout voir, à tout planifier ». Résultat, les pavés de Rome en sont témoins, le soleil étouffant ne suffit pas à briser la glace. Le couple s’écharpe toute la journée, la dispute de trop éclate et Sophie lâche la question fatale : « peut-être qu’on devrait faire un break ? »

Anthony tombe des nues, il s’effondre. « À cet âge-là, on a l’impression qu’une fois qu’on est en couple, c’est acquis. On avait une très belle histoire, on voulait vraiment être ensemble. J’ai été un peu candide en me disant que cela suffisait. »

Très vite l’idée du break s’impose comme une vraie séparation. « Je pense que je n’ai jamais ressenti une chose aussi douloureuse de ma vie. J’ai même culpabilisé ensuite de ressentir cette peine-là. C’est certainement une blessure narcissique, mais j’ai eu la sensation d’être plus triste que quand j’ai perdu des proches. Là, c’était pire que la mort. J’étais absolument dévasté. »

Le voyage, l’occasion d’y faire face

Pourtant, même durant un voyage, la séparation ne vient en réalité rarement de nulle part. « Ce voyage, plutôt que d’être un sauvetage, été l’occasion de devoir faire face aux choses qui n’allaient pas. On ne peut pas faire semblant en voyage, on est amoureux ou on ne l’est pas. »

Il reste cependant 4 jours à passer à Rome et impossible pour Anthony de retourner en France ou de changer d’hôtel. L’argent manque, mais ce qui le fait rester, c’est surtout l’espoir que Sophie change d’avis. Alors Anthony et Sophie décident de suivre le programme initial. « On n’était pas en froid, je pense qu’il y a une partie du temps où on faisait un peu semblant d’être deux copains, mais on ne s’est pas embrassés du tout. »

Anthony et Sophie dorment dans la même chambre, le même lit et poursuivent le programme malgré tout. « Je crois qu’on en a rediscuté au restaurant en mangeant une pizza, se souvient Anthony. J’essayais de lui faire dire les choses, mais à un moment elle m’a dit qu’elle ne savait pas si elle m’aimait encore. »

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« Je crois que je suis né ce jour-là »

Près de huit ans plus tard, Anthony n’est en rien rancunier. Au contraire : « Des années plus tard, j’ai réalisé qu’elle m’avait offert une belle histoire. Mon premier amour se termine à Rome. C’est assez poétique en fait », dit-il avec une certaine émotion dans la voix.

« Quand elle m’a quitté ce jour-là, je crois que je n’ai plus jamais été le même. Je suis devenu ce que je suis profondément, se confie-t-il. J’ai énormément écrit en pensant à elle, j’ai publié des recueils de poèmes qui m’accompagnent encore aujourd’hui, j’ai fini mes études alors qu’au départ j’étais un mauvais élève, je me suis battu pour aller de l’avant, j’ai fait plein de rencontres… C’est peut-être la plus belle chose qui me soit arrivée dans la vie. Ce jour-là, j’ai été blessé au maximum… Je crois que je suis né ce jour-là. J’embrase totalement cette histoire, elle fait partie de ma vie et je l’aime. Je trouve que c’est une chance de l’avoir vécue, aussi banale que ce soit. »

De retour en France, problème de logement oblige, les deux restent encore quelque temps dans le même appartement en attendant le déménagement de Sophie. Anthony se souvient de ce jour comme si c’était hier : « On charge sa voiture, la dernière chaise. On se fait un câlin et je lui dis : « allez file ».

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