Santé

Comment faire l’amour quand on a une infection sexuellement transmissible ?

Le préservatif suffit-il à protéger sa/son partenaire ?

Frédéric Buathier, infirmier sexologue : Dans une pratique de pénétration, le préservatif peut suffire. Pour les couples stables, le port du préservatif est même inutile si le porteur du VIH a une charge virale indétectable contrôlée depuis plusieurs mois : le traitement a fait diminuer l’infection au point qu’elle ne puisse plus être mesurée dans le sang et ne soit donc plus transmissible. Tant que la charge virale est positive, on peut se protéger grâce à un traitement préventif : la PrEP (Prophylaxie pré-ExPosition), qui empêche la contamination du VIH. L’homme peut le prendre ponctuellement ou en continu. Chez la femme, seule la prise continue est efficace.

Dans le cas de l’hépatite B chronique, si le traitement a, là aussi, rendu la charge virale indétectable, le préservatif sera superflu. En revanche, les porteurs sains, non traités car la maladie n’attaque pas leur foie, sont tout de même contaminants. Il faudra alors mettre un préservatif, ou que le ou la partenaire se fasse vacciner. Si les deux sont porteurs du virus de l’hépatique B avec une charge virale indétectable, il n’y a pas de précaution à prendre, sauf si l’un des deux est surinfecté par le virus de l’hépatite Delta.

Dr Sylvain Mimoun, gynécologue : S’il y a des pratiques de sexe oral, les liquides sexuels peuvent être contaminants. La fellation se fera donc avec un préservatif, de préférence non lubrifié, c’est plus agréable ! Pour les autres pratiques orogénitales (cunnilingus, anulingus), il faut se protéger avec une digue dentaire même si ce n’est pas très pratique. On peut en fabriquer en coupant, du bord vers le centre, un préservatif roulé non lubrifié. Il suffit ensuite de le dérouler…

Depuis le début du VIH et du sida, les choses ont évolué dans le bon sens et lorsque la charge virale est négative, ce n’est plus un frein à une vie sexuelle épanouie. Mais les traitements restent lourds, et on ne guérit pas du sida. Il est donc toujours aussi important de mettre un préservatif au début d’une relation. Idem contre l’hépatite B.

Rupture de préservatif, que faut-il faire ?

  • Si on est face au VIH, on va, le plus vite possible, et avant 48 h, aux urgences ou dans un centre de dépistage, demander si l’on doit prendre un traitement post-exposition, pour éviter la contamination. Pour avoir l’adresse la plus proche : Sida Info Service au 0800 840 800.
  • En cas d’hépatite B, on reste calme : on en guérit spontanément dans 90 % des cas. Une fois guéri, on pourra se faire vacciner. Si des symptômes comme de la fièvre, des nausées et vomissements ou une jaunisse surviennent, on va consulter.

VIH, hépatite : des pratiques sont-elles à éviter lorsqu’on fait l’amour ?

Frédéric Buathier : Pour le VIH, le temps que la charge virale devienne indétectable, il y a un risque de contamination par le sang, mais aussi par les liquides sexuels (sperme, sécrétions vaginales) lors de fellations ou de pénétrations (anales ou vaginales). Le préservatif ou la digue dentaire sont alors obligatoires. Attention aussi aux sextoys partagés utilisés sans préservatifs qui peuvent être contaminants ! Pareil pour l’hépatite B qui a un taux de transmission 100 fois plus important que celui du VIH.

Dr Mimoun : Pour le VIH comme pour l’hépatite, il ne faut pas risquer d’aggraver la situation en faisant l’amour pendant les règles : la muqueuse est plus perméable pour la personne saine, et doublement contaminante chez la personne malade. Il faut donc mettre des préservatifs, en changer entre une fellation et une pénétration, et après une pénétration anale. Ainsi, les partenaires seront rassurés et plus détendus.

D’autres situations sont-elles à risque dans la vie courante ?

Frédéric Buathier : On pourrait être contaminé lors de partage d’objets comme un rasoir ou une brosse à dents, surtout pour les hépatites. Et évidemment en cas de toxicomanie et de partage de matériel, même si on prend un produit par les narines. Mais une bonne hygiène encourage à ce que chacun ait ses affaires ! Les toilettes, elles, ne peuvent pas contaminer au VIH ou à l’hépatite B.

Dr Mimoun : Le vrai risque pour le VIH, c’est le sang : on doit donc faire attention en cas de coupures ou de blessure, car le risque de contamination est alors élevé.

Sexe avec une IST : comment vaincre ses appréhensions ?

Frédéric Buathier : Il faut parler de ses doutes aux professionnels de santé comme à son ou sa partenaire. Ensuite, bien prendre son traitement pour arriver à une charge virale indétectable. Et tant qu’on ne peut pas tout faire avec son ou sa partenaire, faire preuve de créativité, utiliser des objets, se masturber mutuellement. Enfin, savoir que la sexualité, ce n’est pas que la génitalité ! C’est aussi les attentions, les câlins, les caresses.

Dr Mimoun : Parler le plus sereinement possible de ses craintes est en effet très important. Il faut aussi essayer de mettre en avant l’amour et le plaisir que l’on partage, pour que la maladie n’ait plus la place principale. Pour cela, le couple devra trouver le juste équilibre entre le plaisir et la protection. Dernier conseil : rester le plus fidèle possible ! L’amour en groupe ou avec une tierce personne est une situation à risque supplémentaire.

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