Santé

Sexe : pourquoi est-il meilleur loin de chez soi, à l’hôtel ou au camping ?

À ses clients qui la consultent pour une baisse de désir sexuel, ou des écarts de désir sexuel entre les partenaires, la sexologue Diane Deswarte, aussi fondatrice du Club Kamami, s’enquiert de « l’état de leur sexualité » en vacances, ou lors d’un week-end : « Il est très fréquent que les couples retrouvent une vie sexuelle satisfaisante le temps des congés, notamment parce qu’ils ne sont pas chez eux et sont plus détendus », explique-t-elle. Une assertion qui nous paraît évidente : le quotidien ne fait pas toujours bon ménage avec le sexe, là où, à l’inverse, quinze jours sur une île, entre cocktails et cocotiers, échauffent les corps. Mais pourquoi, exactement ? Comprendre ce qu’il se joue peut nous aider à mieux nous connaître, et à raviver notre sexualité à la maison, une fois les passeports remisés au tiroir.

La charge mentale du quotidien, un frein au désir

Si les clients de Diane Deswarte jouissent d’une sexualité plus active et d’une libido plus expressive lors des vacances, ce sont surtout les femmes qui en témoignent. « Parce qu’elles portent la charge mentale, peut-être ? », ironise la sexologue. En effet, les tâches ménagères et parentales leur incombent majoritairement, en plus de leur vie pro. Des conséquences délétères : épuisement physique et moral, stress, et pensées en boucle quant aux choses à faire, mener, anticiper. De là, le désir ne trouve pas l’espace de se manifester. « Le cerveau est concentré sur ses priorités », souligne la sexologue.

En vacances, la charge mentale s’atténue, notamment si l’on part sans enfant : pas de boulot, tâches du quotidien inexistantes, meilleur sommeil, et partage plus équilibré des « tâches vacancières ». « Choisir un restaurant, pour le soir-même, c’est agréable, et, en plus, on le fait à deux », précise la sexologue.

Plus d’orgasmes à la plage, pourquoi ?

« Vous connaissez mon anecdote au sujet des pâtes bolognaises ? », nous demande Diane Deswarte, qui vient tout juste d’animer deux conférences sur le désir et le plaisir, au Grand Rex à Paris, et qui a partagé au public cette histoire. « J’adore les pâtes bolo, ma grand-mère m’en a préparées, mais, pas de pot, j’ai un tee-shirt blanc ce jour-là. Je passe donc le déjeuner à faire attention à ne pas me salir, si bien que je ne jouis pas de mon plat », déroule la sexologue.

Appliquée à la sexualité, cette métaphore est éclairante : comment profiter du sexe, prendre du plaisir et obtenir un orgasme, quand le cerveau ressasse une to-do, projette le rendez-vous du lendemain chez le dentiste, et ainsi de suite ? « Penser et prendre du plaisir, c’est presque incompatible », dit la sexologue. Voilà pourquoi, au camping des Flots Bleus, les frissons sont plus francs : depuis qu’on a pris possessions des lieux, nos pensées se détricotent, et, lors des rapports sexuels, nous n’avons rien à penser – ou ne pensons qu’à des choses sympas ; la mer, la plage, les crustacés.

En vacances, disposées au plaisir nous sommes

Aussi, on en conviendra, on programme des vacances, ou des week-ends, dans l’optique de se détendre et de se faire du bien. Loin de chez soi, on oublie les brocolis et on s’autorise à vibrer pour des frites. Ajoutons à ça le soleil, l’apéritif, les activités plaisantes… Notre corps entier reçoit du plaisir, si bien qu’il est encouragé à en chercher partout, et notamment dans la sexualité.

« Nous vivons dans une société du sans répit : on sort du travail et on lit dans le métro parce qu’il faut se cultiver, puis on cuisine, puis on range… La fatigue anesthésie le corps, et notre hygiène de vie, qui ne peut pas être parfaite quand c’est la course, brouillent nos sensations », explique Diane Deswarte. En somme, dans la vie de tous les jours, comme le dit la sexologue, « on ne sent l’eau chaude que lorsqu’elle nous brûle, et l’eau froide que lorsqu’elle nous glace ». Quid des températures intermédiaires ? À la plage, quand on farniente, nos sens se réveillent, et voilà que nous sommes aptes à réagir à une caresse, un baiser, une main tenue lors d’une balade sur le vieux port.

Ramener le sexe à la maison : comment conserver le désir et le plaisir de nos vacances ?

Le sexe est généralement bon en vacances, et voilà que l’on peut se rassurer : désir et plaisir n’ont pas disparu, ils rament simplement à exister dans notre quotidien. Notre objectif ? Transformer la vie quotidienne en vacances pour retrouver l’envie de faire l’amour – et des orgasmes, si on y tient. La sexologue Diane Deswarte propose de se questionner sur « le contexte qui convient à notre sexualité ». Si on a compris que les vacances nous aidaient, n’espérons pas pour autant rentrer à la maison avec la même sexualité qu’à l’hôtel. C’est bien, aussi, de vivre le sexe différemment selon les périodes, les lieux. Mais voyons plutôt « les conditions de notre désir », et exportons-les sous notre toit. « Faut-il mieux répartir les tâches ménagères ? Passer plus de temps ensemble ? Aller au restaurant, parfois ? Se tartiner de monoï, parce que l’odeur, quand elle s’invite, anime nos sens ? », questionne la sexologue pour nous guider. Une piste à explorer.

Quant à notre plaisir, donnons-lui une chance de s’exprimer en apprenant à couper notre mental, ici et là. « Parfois, en consultation, je déploie des techniques de management, ou presque ! Les personnes que j’accompagne ouvrent leur agenda, et on choisit des créneaux horaires, durant lesquels ils mettent de côté les contraintes et ne pensent qu’à eux, même si on ne parle que de quinze minutes par jour, ou deux heures par semaine », explique la sexologue. Deux heures, on est cap ? Oui, et on peaufine le projet en invitant des « détails vacances » chez nous : bonne bouffe, bruits des vagues dans l’appart…

Réinvestir sa chambre ou son salon pour se payer un nouveau décor

« Nous n’avons pas toujours besoin d’aller à trois cents kilomètres pour réveiller notre sexualité – et c’est logistiquement et financièrement compliqué : si on réinvestit sa chambre, le désir et le plaisir peuvent nous surprendre », rassure la sexologue. Mais pourquoi réinvestir sa chambre ? « Aujourd’hui, elle est une pièce où on regarde son téléphone ou des séries, où on ouvre des discussions chiantes… », constate la sexologue. Et si on supprimait la télé, envisageait une « boîte à mobiles » pour déposer Facebook au bout du couloir, s’offrait des draps en soie ? Plus la chambre évoquera l’intimité, la sensualité, plus notre couple y verra un lieu de tendresse, et de sexe.

Ainsi, le cadre apaisant de notre chambre nous inspirera et nous guidera vers le sexe. Pour aller plus loin, on peut aussi faire l’amour dans le salon, parce que le décor nous change, et que c’est bien ce qui nous libère, aussi, en vacances. « A toujours faire l’amour au même endroit, voilà que l’on a l’impression de connaître le scénario, or, dès lors que l’on anticipe un stimuli, une situation, l’excitation est susceptible d’être plus capricieuse », développe la sexologue, qui précise qu’elle ne prône pas l’idée de la nouveauté – une injonction féroce, dit-elle – mais celle des micro-nouveautés. Se rencarder dans la salle de bains en fait partie. Reste maintenant à se payer des vacances dans sa baignoire, de quoi prolonger l’effet sexe de dingue à l’île de Ré.


Continuer la lecture

close

Recevez toute la presse marocaine.

Inscrivez-vous pour recevoir les dernières actualités dans votre boîte de réception.

Conformément à la loi 09-08 promulguée par le Dahir 1-09-15 du 18 février 2009 relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel, vous disposez d'un droit d'accès, de rectification, et d'opposition des données relatives aux informations vous concernant.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page