Santé

L’aromantisme : une orientation romantique peu connue

Définition : l’aromantisme, qu’est-ce que c’est ?

L’aromantisme se définit comme l’absence d’attirance sentimentale pour une autre personne, peu importe son sexe ou son genre. « Les aromantiques sont des personnes qui ne ressentent pas de sentiments amoureux, ce qui n’empêche qu’ils peuvent avoir une attirance sexuelle (hétérosexualité, homosexualité, bisexualité…) » précise Milène Leroy, sexologue, praticienne en psychothérapie et consultante en genre et sexualité. 

Un drapeau comme symbole

Les aromantiques sont symbolisés par un drapeau. Celui-ci est composé de cinq bandes horizontales. De haut en bas : vert foncé, ver clair, blanc, gris et noir. 

Qui sont vraiment les aromantiques ?

Les aromantiques sont donc des personnes qui n’éprouvent aucune attirance romantique quels que soient leur sexe et leur genre. « Elles peuvent très bien avoir des relations sexuelles et prendre du plaisir sans pour autant éprouver de sentiments amoureux. Il s’agit de la posture inverse de l’asexualité (personne qui peut tomber amoureuse mais qui ne ressent aucune attirance sexuelle pour quiconque) », relève la sexologue.

Les aromantiques sont-ils des êtres insensibles pour autant ?

Si les aromantiques ne sont donc pas en mesure de « tomber amoureux », ils peuvent tout à fait développer des relations amicales ou queer-platoniques (N.D.L.R. : avoir des relations affectifs très fortes, hors cadre amoureux). « Ils sont à tout à fait en capacité d’avoir des émotions en éprouvant par exemple de la joie, en partageant des moments intenses avec un· e amie, de la tristesse ou de l’excitation quelque soit le domaine concerné, social, familial, professionnel… », illustre la sexologue. 

Homme ou femme ?

« À ce jour, il n’existe encore pas d’études suffisamment poussées pour affirmer s’il y a plus de femmes ou d’hommes dites « aromantiques », mais de l’expérience en consultation, la profession aurait tendance à affirmer que c’est plus masculin », rapporte Milène Leroy, conseillère-médiatrice en genre et sexualité

« Gray-aromantique » ou « grises-aromantiques », de quoi parle-t-on ?

Ces termes désignent des personnes aromantiques auxquelles il arrive de ressentir une attirance romantique pour autrui : « Cet état se manifeste comme une sorte de flash, d’étincelle amoureuse dans un contexte spécifique. Et bien souvent, ça ne dure pas », indique la sexologue.

Comment expliquer l’aromantisme ?

« La société a longtemps voulu expliquer (excuser) l’homosexualité en la traitant comme une orientation sexuelle pathologique ; il en est de même aujourd’hui avec l’aromantisme. Mais ne serait-il pas plus juste de l’accepter comme une attirance évidente plutôt que de vouloir en chercher ses causes ? Il y a encore beaucoup de rejets quand à la norme ambiante », reconnaît Milène Leroy. Et si plusieurs études tentent de démontrer un lien évident entre biologie et orientation sexuelle, aucune preuve scientifique n’a encore permis de l’assurer.

L’aromantisme et manque affectif : un lien ?

L’aromantisme est une préférence romantique que l’on pourrait qualifier d’innée. On ne devient pas aromantique, on l’est. Milène Leroy, sexologue.

Ce qui veut dire que l’aromatique n’a jamais été amoureux et ne le sera jamais, sauf rare exception. L’aromantisme n’aurait donc rien à voir avec l’expérience vécue, même si certains peuvent profiter de cette « étiquette » pour éviter de s’engager sentimentalement. 

« Les aromantiques n’éprouvent aucun sentiment amoureux »,  insiste la sexologue. Elle ajoute : « D’ailleurs, très peu d’aromantiques viennent consulter en sexologie car  ils ne souffrent pas de leur condition. N’ayant jamais connu le sentiment amoureux, ils n’en manquent pas. Le besoin ne se fait pas sentir et si l’envie pouvait apparaître, elle n’en deviendrait pas pour autant une souffrance mais un questionnement. »

Et quid du couple ? Les aromantiques arrivent-ils à construire une relation ? 

C’est plutôt rare même s’il existe bien des aromatiques en couple. « Et bien qu’ils peuvent tout à fait avoir des relations sexuelles avec leur·e partenaire, ils seront toutefois plus dans une logique de « cohabitation à deux » que dans une relation basée sur le sentiment amoureux » ajoute Milène Leroy. 

Test : comment savoir si on est aromantique ?

Dans la majorité des cas, les aromantiques peuvent se caractériser ainsi : 

  • elles sont majoritairement des personnes peu inspirées par la vie en couple mais peuvent vivre à deux ;
  • elles sont généralement heureuses célibataires ;
  • les manifestations d’affection (se tenir la main, baisers, câlins…) les mettent souvent mal à l’aise.
  • « Ce sont aussi des personnes qualifiées de « coeur de pierre » et à qui on peut reprocher un certain manque d’empathie. Mais comme dit plus haut, elles sont loin d’être associables puisqu’elles éprouvent elles aussi une large palette émotionnelle. »

« Se poser des questions type : « Est-ce que j’ai déjà eu des sentiments amoureux· se ? Est-ce que je suis heureux·se en étant célibataire ? Ai-je envie de câlins, que quelqu’un me prenne la main tendrement…? En étant au clair avec ces réponses, on peut facilement savoir si l’on est ou non aromantique », illustre Milène Leroy.

Il peut également être intéressant de se documenter via des forums qui traitent le sujet mais aussi en explorant la littérature spécialisée pour analyser sa situation.

À quel âge avoir la confirmation de son orientation romantique ?

Comme on l’a vu, être aromantique n’est pas un choix mais une réalité. Et si un enfant/adolescent peut en avoir conscience assez jeune, potentiellement il ne pourra pas vraiment l’affirmer à cause de son manque d’expérience en sexualité. « Il va certainement avoir des attirances plus pour l’heterosexualité ou l’homosexualité par exemple, mais ces attraits peuvent encore changer, évoluer, se préciser avec les années », détaille la sexologue. Ce serait donc plus autour des 24 ans que la préférence se dessine plus clairement.

Peut-on devenir aromantique sur le tard ?

Selon la sexologue, « c’est non » ! « Il peut arriver qu’un individu reconnaisse et assume tardivement une nouvelle orientation sexuelle/romantique, mais c’est qu’elle était dans ce cas, refoulée. »

Aromantique : faut-il en parler aux autres et comment ?

« Pourquoi avoir besoin de définir son orientation ou sa préférence aux yeux des autres ? Telle est l’éternelle question… Dans la majorité des cas, il est vrai que l’inconnu fait peur et amène les autres à nous questionner. L’essentiel est de rester aligné, cohérent avec soi-même tout en s’octroyant la liberté (ou pas) d’expliquer (famille, amis, collègues…), ce qui n’est pas forcément justifiable mais une simple réalité. Dédramatiser et recadrer ce qui appartient à chacun. »

Limites et risques autour de l’aromantisme

 « Il est important de rappeler qu’une personne dite « aromantique » ne souffre pas de ne pas être amoureuse. En revanche, elle peut souffrir de l’image que les autres lui renvoient, » ajoute la sexologue. Mais de manière générale, il n’y a pas de risques ou contre-indications majeurs avec l’aromantisme, on pourrait même dire que c’est une posture plutôt saine.

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