Santé

Selon une étude, le tabac altère l’immunité jusqu’à 15 ans après l’arrêt de la cigarette

Une mauvaise nouvelle pour les anciens fumeurs. Mercredi 14 février, l’institut Pasteur a publié une étude consacrée aux effets à long terme après l’arrêt du tabac. Pour la première fois, des chercheurs se sont intéressés aux conséquences à long terme sur l’immunité.

Cette étude a été menée grâce à la cohorte Milieu Intérieur qui suit les variations des réponses immunitaires chez 1 000 volontaires sains. Les scientifiques ont constaté que certains mécanismes de défense de l’organisme altérés chez les fumeurs, le restent pendant de nombreuses années après l’arrêt du tabac. Le système immunitaire varie énormément d’un individu à l’autre, agissant de façon plus ou moins efficace face aux attaques microbiennes.

Comment expliquer la variabilité du système immunitaire ? « On sait que certains facteurs, comme l’âge, le sexe ou les gènes, impactent fortement le système immunitaire mais avec cette nouvelle étude, nous voulions savoir quels autres facteurs avaient le plus d’influence », commente Darragh Duffy, responsable de l’unité Immunologie translationnelle à l’Institut Pasteur et dernier auteur de l’étude.

Tabagisme, infection et IMC

Pour en apprendre davantage, les scientifiques ont exposé des échantillons sanguins à une grande diversité de microbes (virus, bactéries, etc.). Ils ont observé la manière dont le système immunitaire réagissait via la mesure de niveaux de cytokines secrétées. L’équipe a pu observer quelles variables parmi les 136 retenues (l’indice de masse corporelle, le tabagisme, le nombre d’heures de sommeil, l’activité physique, les maladies infantiles, les vaccinations, le lieu de vie, etc.) avaient le plus d’influence sur les réponses immunitaires étudiées.

Résultats ? Trois variables se détachent du lot : le tabagisme, l’infection latente au cytomégalovirus et l’indice de masse corporelle. « Ces trois facteurs pourraient avoir autant d’influence sur certaines réponses immunitaires que l’âge, le sexe ou les variables génétiques », assure Darragh Duffy.

« Concernant le tabagisme, l’analyse des données a démontré que la réponse inflammatoire – qui se déclenche spontanément lors de l’infection par un pathogène – était accrue chez les fumeurs mais aussi que l’activité de certaines cellules impliquées dans la mémoire immunitaire était altérée », rapporte l’étude. Si le tabagisme perturbe des mécanismes de l’immunité innée, il peut également altérer certains mécanismes de l’immunité adaptative.

Un effet qui dure

« En comparant les réponses immunitaires de fumeurs et d’ex-fumeurs, nous avons constaté que la réponse inflammatoire revenait rapidement à la normale après l’arrêt du tabac mais que l’impact sur l’immunité adaptative perdurait dans le temps, pendant 10 ou 15 ans. C’est la première fois que l’on met en évidence l’influence au long cours du tabagisme sur les réponses immunitaires », rapporte Darragh Duffy. Précisément, le système immunitaire semble garder en mémoire les effets du tabagisme sur le long terme.

« Nous avons, en effet, mis en évidence que l’effet ­­à long terme du tabagisme sur les réponses immunitaires était associé à des différences de méthylation de l’ADN – susceptibles de modifier l’expression de gènes impliqués dans le métabolisme des cellules immunitaires – entre les fumeurs, les anciens fumeurs et les non-fumeurs », détaille Violaine Saint-André, ingénieure de recherche au sein de l’unité Immunologie translationnelle à l’Institut Pasteur et première auteure de l’étude.

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