Santé

Belle-doche. – Sandra, 29 ans, « Quand on s’est séparés, son ex est intervenue »

Je m’appelle Sandra, j’ai 29 ans et je suis infirmière libérale en Bretagne. J’ai rencontré mon ex-conjoint il y a plus de deux ans, via une application de rencontres. On a tout fait très vite : s’installer ensemble, acheter ensemble et même se séparer ! J’ai su dès le départ qu’il était père d’une petite fille de 6 ans et demi mais je ne me suis pas imaginé que ça allait me concerner au début. Ça faisait un peu moins de deux mois qu’on se fréquentait quand je l’ai rencontrée. Je me suis présentée comme une amie, elle est venue avec son papa chez moi, rencontrer des amis. Je ne voulais pas la brusquer et précipiter les choses, donc le fait qu’elle rencontre d’autres personnes que moi permettait de créer un petit lien sans pression.

Au début, elle était un peu sauvage, sur ses gardes, mais c’est dans sa nature. J’ai pris ma place auprès d’elle en essayant de gagner sa confiance, en faisant des activités à deux, notamment des balades, des coloriages, en lui lisant des histoires. Je lui ai aussi expliqué que je ne remplacerais jamais sa maman. Ça me semblait important qu’elle le sache. Que je serais une personne bonus dans sa vie et que j’aimerais qu’elle le voie de cette façon. Avec son papa, on n’a pas assez discuté de cette place que je pouvais avoir. Si c’était à refaire, je l’envisagerais autrement, je poserais des bases dès le début. Notamment sur le moment où je dois intervenir, dans l’éducation, au niveau de l’école… Au-delà du rôle éducatif pur, je ferais en sorte que l’on se mette d’accord là-dessus à trois, avec la maman, parce que ça a été un sujet de dispute avec elle.

Trouver sa place quand l’ex est très présente

J’ai emménagé au bout de quatre mois de relation avec mon mec et sa fille. Son ex est venue me rencontrer tout de suite, parce qu’elle ne voulait pas que sa fille vive avec quelqu’un qu’elle n’appréciait pas. La rencontre a été très brutale, elle m’a dit bonjour rapidement, puis ils ont beaucoup discuté tous les deux, de leur vie d’avant, c’était une conversation dans laquelle je n’existais pas. Dès que je posais une question, elle répondait en direction de mon mec, sans me regarder. Jusqu’au moment où elle m’a dit « ben tu peux peut-être nous faire un café, non ? » J’ai halluciné. Ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille, mais j’étais bien avec lui et la relation avec la petite était bien aussi donc, naïvement, je me suis dit que ça passerait et qu’il fallait que je prenne sur moi. Lui ne lui a jamais rien dit. Il ne voulait pas entrer dans des conflits avec elle et acceptait donc tout. En emménageant, je me suis dit « je suis amoureuse de quelqu’un qui a un enfant, il faut que j’accepte tout ». J’étais seule, ils étaient deux, voire trois avec la maman, donc je me suis dit qu’il fallait que je m’adapte à eux et que je fasse des concessions. Je ne me suis pas dit qu’on pouvait faire des concessions tous ensemble.

Par la suite, j’ai mal vécu la manière dont elle parlait de moi à sa fille. Je sentais bien que quand elle revenait avec nous, le dimanche, leur fille était distante. C’était compliqué pour elle de me parler. Puis elle m’a rapporté des phrases du genre « maman m’a dit que tu me demandais de faire trop de choses à la maison ». Il faut savoir que quand je suis arrivée, elle ne prenait pas sa douche toute seule, il fallait la laver. Au petit-déjeuner, on lui servait tout et elle ne débarrassait rien. Quand j’ai essayé de l’autonomiser, ça s’est mal passé avec sa maman. La gamine m’a même dit qu’elle n’avait « plus sa place de petite fille ». J’étais alors la mauvaise personne, la méchante belle-mère des contes de fées. Ça n’a pas été facile de trouver ma place, de poser des limites. Je pense à la télévision, que la petite regardait dès 5 h 30 du matin ! Elle était devant 6 h 45 par jour. J’ai dit non, il faut limiter ça. Donc on a mis des choses en place et on s’est dit qu’une heure par jour c’était bien. Quand j’ai dit stop, elle a ressenti beaucoup de colère envers moi. Sauf qu’à ne pas lire, à être tout le temps derrière des écrans, tu ne développes pas ton imaginaire, ni la manière d’utiliser les mots. Quand j’essayais de la faire lire, je voyais qu’il y avait un truc qui ne fonctionnait pas, j’en ai parlé aux parents et on lui a diagnostiqué une grosse dyslexie, mais la mère n’était pas du tout contente que ce soit moi qui me rende compte de ça.

Préserver sa santé mentale quand on est belle-mère

On a acheté une maison ensemble en octobre 2022. J’ai été malade peu de temps après, hospitalisée quelques fois et je me sentais seule parce qu’il fallait que je gère la petite, les repas, le ménage alors que physiquement et psychologiquement j’étais épuisée. J’avais l’impression de devoir tout gérer et ça me faisait péter les plombs. Les enfants sont des éponges, sa fille le sentait, et comme j’étais désagréable, elle devenait désagréable et on est entrés dans un cercle vicieux.

Être belle-mère est source de tensions. C’est un peu pour ça qu’on s’est séparés, j’avais l’impression de beaucoup m’investir et de ne pas trouver ma place dans leur famille. Il a fallu que je parte une première fois pour qu’il me dise qu’il voulait qu’on fasse mieux. Mais la petite piquait des colères à ce moment-là et ce n’était vraiment pas facile pour moi. À la fin de notre relation, ça a été beaucoup de « je te déteste, je voudrais que tu ne sois pas là ». À partir du moment où je suis partie de cette relation, je n’ai plus été malade. Je me voilais la face et j’ai beaucoup somatisé le fait que ça n’allait pas. Je n’avais certainement pas envie d’affronter les choses car j’aimais mon mec, j’aimais beaucoup sa fille et je n’avais pas envie de quitter tout ça. Je ne me suis jamais dit que ça aurait été plus simple sans la petite, je me suis juste dit que ça aurait été plus simple avec quelqu’un d’autre qui n’avait pas d’enfant.

Quand on s’est séparés, son ex est intervenue. Elle a voulu qu’on aille boire un verre ensemble pour essayer d’arranger les choses alors qu’elle a été l’une des raisons pour lesquelles ça s’est envenimé. Elle m’a raconté ce qui s’était passé dans leur couple : qu’elle balançait des assiettes au sol pour lui faire comprendre les choses, qu’elle claquait les portes, qu’il avait été violent avec elle, qu’il l’avait trompée à la fin de la relation et ça a été le couperet. Je me suis demandé avec qui je venais de passer un an et demi, ça a agi comme un détonateur. On a toujours été trois dans ce couple et je ne m’en suis pas rendu compte.

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