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L’homme-objet, le nouvel accessoire post-féministe ?

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Sommes-nous toutes en train de devenir des grosses reloues ? En cliquant, amusée, sur l’article d’un célèbre site féminin qui clamait : « On veut plus de Paul Mescal, on veut plus de mini-short[s], on veut plus de Paul Mescal en mini-short ! », on ne s’est tout d’abord pas posé la ques-tion. Mais, à la réflexion, quel effet nous aurait fait un titre « On veut plus d’EmRata, on veut plus de strings, on veut plus d’EmRata en string ! » sur un site généraliste ?

Évidemment qu’on aurait sauté au plafond et hurlé à la misogynie. Pires que des hommes des années 1990, les femmes de 2024 ? Ces derniers temps, la chosification des corps masculins est partout, même sur les monuments de Paris. Place de l’Odéon, juste en face du célèbre théâtre où se joue un « Hamlet » contemporain et féministe – le rôle- titre est tenu par Clotilde Hesme –, trône sur une façade d’immeuble entière l’affiche d’un homme… en slip. Oh, pas n’importe quel homme, mais l’acteur Jeremy Allen White, la sensation du moment. Les biceps tatoués- gonflés, mais les poings blottis sous son T-shirt (en signe de non-agression ?), le cuisseau musclé et la culotte avenante, il prend la pose pour Calvin Klein, sous l’œil plutôt gourmand des passantes chics de la rive gauche.

En janvier, le clip associé à cette campagne de pub, dans lequel l’acteur de « Shameless » ou d’« Iron Claw » sautillait sur les toits de New York, avait déjà généré plus de 10 millions de vues 24 heures après sa sortie ! À son corps défendant (?), le comédien de 33 ans, qui vient de gagner un golden globe pour son rôle dans la série « The Bear », est-il en train de devenir un « himbo », le pendant viril de la bimbo d’antan ? Pas impossible, tant cette tendance apparue en 2023 ne fait que croître et embellir depuis trois mois. Le « himbo », c’est donc un mec magnifique et tout en muscles… mais aussi dangereux qu’un chaton. Et s’il est aussi nigaud que le Ken interprété par Ryan Gosling dans « Barbie », ça ne gâche rien. On pense aussi au personnage principal de « Simple comme Sylvain », le film québécois qui a volé la vedette au super-cerveau d’Oppenheimer lors  des derniers César, et dans lequel une femme quitte son mari universitaire pour un magnifique homme des bois… bien bas du front.

Quand l’imparfait devient parfait

À croire que moins ils sont intellos, plus ils ont de succès : aux États-Unis, les fans de la surdouée Taylor Swift raffolent des tweets naïfs et pleins de fautes d’orthographe de son amoureux, Travis Kelce, sculpturale star du foot US qui écrit « peice » pour « piece » (morceau) et « squirle » pour « squirrel » (écureuil)… Après des décennies de blagues sur les blondes, ce succès d’hommes en apparence moins cérébrés que leurs compagnes aurait-il un parfum de revanche ? Notre confrère « The HuffPost » a posé la question à Pamela Robertson Wojcik, professeure à l’université américaine de Notre Dame (Indiana) et spécialiste de genre au cinéma, qui souligne ce qu’il y a de malicieux derrière le succès des himbos auprès des filles : « C’est clairement une blague, mais ça renverse aussi les stéréotypes, explique-t-elle. Les femmes qui étaient traitées comme des bimbos étaient réduites à leur apparence, à leur jeunesse. Parodique, post-féministe, le himbo apparaît en contrepoint à ce cliché. »

Pour Mathilde, graphiste de 32 ans, ces hommes-objets sont devenus comme une drogue… ou « comme une collection de Pokémon qu’on s’échange sur les réseaux entre potes. Une de mes amies préfère les roux, moi je suis une #baldhimbo – qui célèbre les chauves –, et nous tombons toutes d’accord sur Paul Mescal et ses mini- shorts ». Tiens tiens, on y revient, au début de cet article et à la star de la série « Normal People », un acteur follement généreux de ses cuisses. L’Irlandais, qui vient d’achever le tournage de « Gladiator 2 », de Ridley Scott, dans lequel il tient le rôle principal, a bel et bien tout ce qu’il faut pour devenir le nouveau Brad Pitt, version peau nue. La marque Gucci, fine mouche, n’a d’ailleurs pas hésité à le mettre en caleçon, mais mocassins aux pieds, dans une campagne récente.

Quand on demande à Mathilde et à ses amies si ce n’est pas sexiste de réduire ces hommes à leur plastique, elles s’esclaffent : « Oh ça va, chacun son tour ! » Une décontraction partagée par Pamela Robertson Wojcik, qui refuse de parler de misandrie : « Si c’était la seule manière dont les hommes étaient représentés, peut-être, sourit-elle. Mais les hommes tiennent encore les rênes du pouvoir, à Hollywood comme ailleurs. Et on célèbre toujours des versions de la violence masculine et du pouvoir masculin. Les himbos ne sont pas la seule représentation des hommes, et ça reste une sorte de parodie finalement assez douce. » Douce, avec du poil et des tatouages autour. Miam !

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