Camille et Bastien, 46 ans : « Notre vie entrepreneuriale prenait une place trop importante »
Camille et Bastien ont tous les deux 46 ans et sont en couple depuis plus de 20 ans. Ce duo de quadragénaires s’est rencontré au soleil, pendant une soirée d’amis. Depuis, ils ne se quittent plus. Ils ont créé ensemble leur entreprise et pratiquent le même sport comme loisir : le vélo. Mais la vie entrepreneuriale peut aussi avoir des inconvénients, c’est ce qui a amené ces amoureux à devoir effectuer une thérapie de couple.
Camille se rappelle bien des premières années de leur entreprise : « Les trois premières années, ça a été l’horreur. On a tous les deux quitté notre travail pour se lancer et, même si on avait mis un peu d’argent de côté et qu’on pouvait compter sur l’aide de nos familles, j’avais très peur qu’on ne puisse pas se payer et que ça devienne difficile pour nous au quotidien. On avait, on a encore, un crédit pour notre appartement et à l’époque pour la voiture. Je faisais sans arrêt des cauchemars où on nous prenait tout. J’étais une boule d’angoisse. »
L’ambiance se détériore entre les amoureux : « J’étais très stressée et je passais mon temps à me reposer sur lui. Il devait être le roc pour nous et notre entreprise. Moi je faisais mon travail et puis, après des moments de rush, je faisais des terribles migraines. On ne faisait plus rien ensemble en dehors du travail et on n’arrivait à ne parler de rien d’autre. J’ai cru que notre couple allait imploser. C’est moi qui ai proposé une thérapie de couple pour qu’on s’en sorte. Je pense qu’on aurait jamais tenu le stress de l’entreprise sans ça. »
Ça m’a permis de voir une facette de lui que je connaissais mal
Camille est pragmatique : « J’ai beau être une grande stressée, je suis aussi quelqu’un qui a la tête sur les épaules. Un problème, une solution. Quand j’ai réalisé que notre couple était vraiment impacté et qu’on finissait par faire ce qu’on s’était toujours interdit de faire, s’endormir fâché, j’ai pris un rendez-vous avec un psychologue qui a accepté de nous voir à deux. On a fait quelques séances qui nous ont fait du bien parce que ça m’a permis, par exemple, de voir une facette de lui que je connaissais mal. Il a pleuré et a exprimé ses émotions. Ça a vraiment réveillé mes sentiments pour lui. Après ces quelques séances à parler, on a pris la décision de changer des choses dans notre mode de fonctionnement de travail et d’aller voir un coach pour recevoir des conseils. Il y a deux choses qui sont importantes ici. On a décidé de prendre les choses en main et on s’est donc montré qu’on comptait l’un pour l’autre. Et on a accepté de changer notre mode de fonctionnement donc on a admis qu’il y avait certainement qui n’allait pas. C’était vrai, d’ailleurs. Après un peu plus de trois ans à travailler ensemble sur notre entreprise, on a embauché quelqu’un pour faire mon travail et j’ai pris un travail à mi-temps à côté dans une autre boîte. J’aide toujours sur l’entreprise quand je ne travaille pas où j’ai un travail, plus de consultante maintenant. »
On a parfois besoin que quelqu’un d’extérieur vienne nous tirer les oreilles et nous remettre dans le droit chemin
Bastien a aussi eu une belle frayeur : « J’ai vraiment cru que Camille était au bord du burn-out et qu’on n’allait pas s’en relever. Je ne réalisais pas que la situation était aussi angoissante pour elle. Je ne me fais pas d’illusions, mais je me sentais assez en sécurité financièrement pour me lancer et aller jusqu’au bout. Elle n’a pas supporté cette pression, ce que je respecte totalement. Mais sur le coup, on a beaucoup souffert du manque de communication et d’incompréhension. Pour moi, une fois qu’on avait pris la décision et qu’on s’était lancé, il n’y avait pas de retour en arrière possible. Il fallait s’y mettre à fond jusqu’à ce que ça passe ou ça casse. On avait un plan sur cinq ans et on avait encore le temps d’arriver au bout des objectifs. Je pense aussi qu’on a pas la même capacité à travailler à fond sur la longueur. Je n’ai pas su voir qu’elle était aussi mal et je lui en ai voulu quand j’ai cru qu’elle n’y croyait plus alors qu’elle était juste épuisée et qu’elle avait peur pour nous. »
Le quadragénaire a l’impression que la thérapie de couple leur a permis de redonner un nouveau souffle à leur couple : « Même avant la création d’entreprise, on était dans une routine qui ne nous épanouissait pas beaucoup. On travaillait beaucoup, on était souvent trop fatigués le week-end pour aller faire une balade à vélo alors que c’est quelque chose qu’on adore tous les deux. Avec la création d’entreprise, on a aussi mis de côté les moments joyeux entre nous. Plus de sorties parce qu’il fallait tout donner pour la boîte. Et le soir, se coucher épuisés aussi, même si c’est quand même plus facile pour le moral quand c’est pour quelque chose qu’on essaye de construire pour soi. La psychologue et puis la coach nous ont permis de redonner de la place à nos loisirs, à nos moment à deux en général. On en avait bien besoin. Ce n’est pas pareil de le penser, et de ne rien faire pour, et de se l’entendre dire et d’essayer de changer les choses. On a parfois besoin que quelqu’un d’extérieur vienne nous tirer les oreilles et nous remettre dans le droit chemin. Je pense que ces aides ont été de très bons investissements sur notre couple. J’ai toujours aimé ma femme et je n’en ai jamais douté. Mais je ne lui montrais plus correctement. Remettre les choses à plat nous a permis de s’offrir une seconde jeunesse, de relancer la passion, d’avoir à nouveau des projets à deux. On va bientôt partir en vacances pour la première fois depuis quatre ans. On a bien besoin. »
