Santé

Crise de la quarantaine : Bérénice (44 ans) « J’ai effectué un stage de jeûne pour mon anniversaire »

Bérénice a 44 ans et, pour son 40ᵉ anniversaire, elle s’est offert un stage de jeûne. Célibataire depuis six mois à l’époque, elle justifie ce choix par une envie de « se découvrir ». Attirée par les retours enthousiastes d’amies proches, elle choisit un stage de jeûne en Bretagne, dans un endroit qui semble avoir déjà fait ses preuves. Ce n’est pas loin de chez elle, elle se réserve ainsi le droit de rentrer à la maison si l’expérience n’est pas satisfaisante. Pour sa semaine de jeûne, elle a pris une semaine de congé, a fait garder son fils de neuf ans et a composé une valise qu’elle imagine être la bonne pour ce genre d’activité. 

J’avais aussi besoin de pousser mon corps, de sentir mes limites

« Je me suis retrouvée seule à me demander de quoi j’avais envie dans la vie. Et en même temps, mon fils était encore petit, donc j’avais besoin d’être encore très disponible pour lui. Ce stage d’une semaine, c’est un peu la seule façon que j’ai trouvée pour m’évader. J’avais aussi besoin de pousser mon corps, de sentir mes limites. Je pense, sans faire de psychologie de comptoir, que j’avais besoin de me sentir forte. J’ai envisagé de partir randonner sur plusieurs jours, mais j’avais peur de stresser. Le stage de jeûne m’a convaincue que parce que c’était entouré avec des professionnels, que je n’allais pas être toute seule. »

Le stage de jeûne n’est pas compatible avec tous les états de santé

Autrice du roman « Psy, jeûne et randonnée » (aux éditions Eyrolles), Fanny Gayral est écrivain et Gestalt-thérapeute, après avoir été médecin généraliste pendant dix ans. Elle conseille de prendre rendez-vous avec un médecin avant de se lancer dans un stage de jeûne : « En tant que docteur en médecine, je ne recommande pas à tout le monde de faire un stage de jeûne, ce n’est pas compatible avec tous les états de santé. Le mieux reste encore de demander un avis neutre à un médecin en qui l’on a confiance. Mais s’il n’y a pas de contre-indication et que l’on éprouve un élan pour le faire, bien sûr, ça peut être pertinent, parce que c’est l’occasion de ralentir, de se poser, de se reconnecter à ses ressentis corporels, qui sont la base de notre relation au monde. »

Un cadeau aussi bon que dangereux 

Alors qu’elle se préparait à son séjour, Bérénice a reçu de nombreuses critiques de ses proches : « Mes amies et une collègue avaient déjà fait un stage de jeûne, mais plus courts, et elles m’ont soutenue dans ma démarche. Par contre, mes parents et ma soeur n’ont pas compris. Pour eux, ça s’approchait de la dérive sectaire ou c’était dangereux pour la santé. Ma soeur, en particulier, m’a reproché de faire « n’importe quoi » et de faire « une crise de la quarantaine ». Je ne l’avais pas vu comme ça au départ mais je pense que ce n’était pas une mauvaise analyse. Oui, c’était une crise de la quarantaine. Comme quand on a passé les 15 années précédentes à se sacrifier pour les autres et pour son travail et qu’on a besoin de prendre du temps pour soi. C’était un ras-le-bol. Je ne vois pas ça comme un autre type de crise, la crise d’ado, mais je pense que tout ce qu’on appelle des crises sont en fait des périodes saines et nécessaires. C’est pour ça que j’ai pu lui répondre et que je n’ai pas douté : « oui, c’est ma crise de la quarantaine et alors ? » »

Il faut savoir se fier à sa boussole interne

Face aux proches inquiets, Fanny Gayral, incite au dialogue : « Lorsqu’un dialogue est possible, je proposerai de s’enquérir des craintes sous-jacentes à cette incompréhension, de voir si elles sont fondées, et d’expliquer sa position pour rassurer ses proches. Dans tous les cas, je crois aussi qu’il faut savoir se fier à sa boussole interne, en passant en revue ce que l’on connaît de soi et ce que l’on ressent, sans nécessairement vouloir convaincre autrui. Car s’il n’est pas toujours simple de s’affirmer, de se différencier, c’est pourtant essentiel pour avancer. » Dans son roman, ce sont des proches qui se cotisent pour offrir le stage de jeûne à Angela, qui a besoin de prendre ses distances avec son rôle d’aidante familiale. En fiction ou dans la vie, c’est du côté du bien-être, du développement personnel, du dépassement physique et de la meilleure connaissance de soi qu’il faut aller chercher les raisons d’un stage de jeûne. 

J’avais besoin de cette coupure pour arriver à me lancer

Bérénice a bien fait son stage de jeûne à la fin de l’année 2019. Pour elle, ce n’est pas la privation de nourriture qui a été la plus difficile : « Je pensais constamment à mon fils. Je ne voulais pas qu’il ait la sensation que j’ai pu l’abandonner pour m’offrir des vacances. Je n’avais tellement pas l’habitude de faire des choses pour moi que c’est là-dessus que je me suis focalisée. On pense beaucoup quand on fait un stage de jeûne. On reste là, dans le silence, à l’intérieur de soi-même. Ça fait questionner beaucoup de choses, sans toujours trouver les réponses tout de suite. Quand je suis rentrée chez moi, j’ai eu besoin de plusieurs semaines pour « digérer » tout ça. J’ai fini par réorganiser ma vie en me focalisant plus sur moi-même. Mon fils a besoin que sa mère se sente bien dans sa peau, je crois que c’est important. J’avais besoin de cette coupure pour arriver à me lancer. Ça a fait comme un déclic. Je ne sais pas si je vais réitérer l’expérience, mais elle m’a beaucoup appris. Je me sens effectivement plus forte de l’avoir fait. C’est d’ailleurs ce que j’entends beaucoup quand j’en parle : « Tu es trop forte, moi je ne pourrais pas ». Personne ne parle de ma crise de la quarantaine. Il faut croire que ce n’est pas ce qu’on retient, au final. »

Fanny Gayral est l’autrice de « Psy, jeûne et randonnée » et « Le Millième jour de la marmotte » (éditions Eyrolles), « Début des haricots » (éditions Albin Michel).

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