Tout savoir du yoga tantrique

Parfois nommé « le yoga de l’amour », le yoga tantrique est une pratique spirituelle ancestrale puissante, qui en Occident est parfois à tort, réduite à son aspect sexuel et érotique. Alors que le yoga tantrique est bien plus : « C’est une voie de transformation intégrale de l’être humain qui passe par le corps dans sa multidimensionnalité : du grossier au subtil, du physique à l’énergétique » précise l’enseignant yogi, Rachid Lekchine, de son prénom sanscrit Yoginanda.

C’est un peu comme un tout que l’on expérimente avec son corps : « Le corps (incarné) et le réceptacle qui nous permet de faire ce processus alchimique afin d’éveiller notre potentiel endormi appelé Kundalini » indique Yoginanda. Soit, notre potentiel d’évolution afin d’atteindre un état que l’on appelle Samadhi ou Nirvana selon les cultures.  » Cet état permet d’accroître la conscience au-delà les limitations de l’ego pour arriver à la rencontre divine de notre âme : notre véritable nature. Un état d’être, de félicité, de santé et de longévité  » illustre l’enseignant en yoga et tantrisme. Il ajoute : « On se trouve dans un état yoga permanent. » Yoga veut d’ailleurs dire union, on ne fait qu’un avec l’environnement, on se sent en lien avec chaque être vivant sur cette terre. 

Pour y parvenir, plusieurs outils sont disponibles dont l’ingrédient majeur et le plus puissant que nous avons en nous tous est l’énergie sexuelle. « Celle-ci n’a rien à voir avec la sexualité. Soit on cultive tout ·e seul ·e cette énergie afin d’éveiller tous nos potentiels d’évolution ou soit effectivement lors de l’acte sexuel, nous avons aussi la possibilité d’activer cette énergie à deux à condition, bien sûr, de savoir la faire monter, la transmuter et la maîtriser ensemble » poursuit Yoginanda. Pour atteindre cet état, on peut aussi pratiquer la respiration, le mouvement ou encore le son (chants de mantras, bains sonores…)

Pour comprendre l’origine du yoga tantrique, il faut comprendre l’origine du tantrisme tout court. Car en effet, le yoga tantrique désigne le tantrisme et vice-versa. Question date, le tantrisme trouve son origine dans plusieurs endroits en Inde vers le VIème siècle avant notre ère. En Occident, les écrits ésotériques, sont arrivés beaucoup plus tard :

• Autour du XIXème siècle avec le Kriya yoga (yoga de la méditation et de la respiration) : « Les personnes de ce yoga figurent parmi les premiers à parler du tantrisme comme une pratique mystique ésotérique, pratique qui était jusqu’à alors gardé secrète du fait de son pouvoir de transformation et de sa puissance seulement physique » complète Yoginanda.
• « Ensuite, ça a explosé dans les années 70 avec notamment le maître indien Osho et ses méditations puissantes et l’époque des psychotropes » explique Yoginanda, enseignant en tantra.
• À la même époque, le Yogi Bhajan, enseignant de Kundalini yoga, a dévoilé des pratiques tantriques (qui étaient jusque-là gardées précieusement secrètes). « Il a compilé, synthétisé avec ses mots pour faire en sorte que ce savoir soit accessible au plus grand nombre, répétant que les hommes étaient prêts à pouvoir y accéder afin d’évoluer car le manque de conscience mettait le monde en péril. Yogi Bhajan allait même jusqu’à prédire que ces « connaissances » permettraient au maximum de monde de pouvoir supporter les changements hyper stressants du monde à venir, et d’éviter (par le manque de conscienceà de détruire la planète » rapporte Yoginanda, enseignant en tantra.

« Ici en Occident, c’est encore très prétentieux de dire, je m’assois et j’entre en méditation. On y met beaucoup d’étapes pour arriver à l’éveil : enchaînements de postures (asanas), travail de respiration, nécessité d’un matériel spécifique (legging, tapis de yoga…) Alors que les personnes qui pratiquent le tantrisme ancestral comme dans les montagnes d’Himalaya, n’ont besoin de rien si ce n’est d’être présent ici et là » illustre Yoginanda.

Il est aussi important de souligner qu’il est très difficile de suivre les principes du yoga traditionnel védantique, ici en Occident : « La pratique exige beaucoup de temps pour arriver à des états méditatifs qui ouvrent sur une paix intérieure. Là, où toutefois, certaines pratiques puissantes du tantrisme permettent en l’espace de seulement quelques minutes de changer d’état » relève Yoginanda. Et dans une époque où tout va extrêmement vite, où les énergies changent rapidement et où l’humain doit sans cesse se réadapter, apprendre à maîtriser les pratiques tantriques pourraient ne seraient pas de trop… 

« Il y a trois piliers fondamentaux qui unissent ces deux voies : la respiration, le mouvement et les sons » rappelle le praticien en tantrisme,Yoginanda.

Cependant, ces deux voies se différencient par certains aspects. En effet, par yoga vedanta, on passe par plusieurs étapes distinctes du corps :

• Le yama (code de conduite envers les autres ou discipline sociale)
• Niyama : (conduite envers soi-même ou discipline personnelle, d’ordre physique et mental)
• Asana (les postures)
• Pranayama (la respiration)
• Pratyahana (la discipline des sens)
• Dharana (la concentration)
• Dyana (la méditation)
• Samadhi (la réalisation du Soi dit aussi l’éveil)

« C’est une étape longue étant donné qu’il faut plusieurs années voire plus d’une vie pour maîtriser chacune de ces étapes » rappelle Yoginanda.

Avec le yoga tantrique, on va à l’essentiel : 

Elle va automatiquement mettre en route tous les mécaniques spontanés que nous avons en nous, et activer toute la potentialité de notre corps physique ainsi que tous les sidhis (comme par exemple l’intuition) » détaille Yoginanda. Ceci pour nous permettre d’entrer dans l’état méditatif de Samadhi. 

« Une autre différence majeur entre le yoga védanta et tantrique réside aussi, dans le fait que pour le yoga vedanta, on va passer en premier par le corps « grossier ». Là, où avec le yoga tantrique, on va tout de suite activer notre corps d’énergie (Kundalini) pour qu’il puisse s’occuper de notre corps physique et du reste d’ailleurs » explique Yoginanda. Ce qui offre la possibilité de ne plus être limité puisque même si mon corps physique est abîmé, je peux le réparer à partir de mon corps d’énergie puisque je l’aurai éveillé grâce à des respirations puissantes, mais aussi via l’activation de mon énergie sexuelle que j’aurais sublimé, transmuté, élevé ainsi que par le son (la répétition de certains mantra notamment). 

Parmi les bienfaits du yoga tantrique, l’enseignant en tantra évoque le pouvoir de la longévité : « L’élixir de jouvence, c’est justement réussir à cultiver son énergie sexuelle pour qu’elle puisse servir à la préservation de notre corps, de notre conscience et donc préserver notre santé. » Mais on peut aussi citer :

• Augmenter sa présence à soi ;
• Dépasser ses peurs ; 
• Besoin de rien, si ce n’est son corps ; 
• Soigner des névroses ; 
• Assouplir le corps ;
• Dénouer les tensions physiques et psychiques ; 
• Renforcer son corps et son mental ; 
• Dynamiser le corps physique ; 
• Libérer des émotions et transmuter les émotions négatives en quelque chose de bénéfique ;
• Vivre une sexualité plus épanouie ;
• Purifier le corps énergétique et éveiller sa Kundalini (« le serpent » logé le long de la colonne vertébrale)
• …

À tous ceux qui veulent opérer un changement en eux, vivre une évolution.

Le yoga tantrique est avant tout une approche énergétique où plusieurs outils sont utilisables pour évoluer. Cette méthode utilise par exemple des postures (asanas) statiques et dynamiques, des respirations rythmées (pranayama), une exploration des centres et des corps/enveloppes énergétiques (chakras, koshas), des mudras spécifiques (position des mains), la concentration (dharana), la méditation (dhyana) ou encore des sons : mantras (chants en sanskrits), gong bath (bain sonore). Et aussi, des méthodes issues de la PNL, kinésiologie, massages (du Yoni…) et tout ce qui peut aider au développement personnel de l’être humain, physique, psychologie et spirituel (Zen, Tao, astrologie…). « Il n’y a pas de morale à proprement parlé mais un travail intérieur de purification et de développement des énergies et particulièrement l’énergie du cœur, qui sait spontanément ce qui est juste » indique Yoginanda, enseignant en tantra. Il ajoute : « On peut aussi utiliserla sexualité sacrée puisqu’il s’agit d’entrer en union totale avec Shakti (l’énergie féminine créatrice et de la fécondité ) et Shiva (l’énergie masculine liée à la conscience, l’immobilité). Le but n’étant pas de renier un des aspects mais de les unir. »

La pratique du Kundalini yoga, du Natha yoga et du Nidra yoga sont des formes de yoga tantrique qui aident à évoluer rapidement. « Ensuite, au fur et à mesure que l’on acquiert une certaine expérience, on pourra passez aux méditations profondes d’Osho (ndlr : maître spirituel indien) mais toujours avec précautions et maîtrise car l’énergie activité peut faire entrer dans des états d’extase puissants » prévient Rachid Lekchine de son prénom sanscrit, Yoginanda. 

Le meilleur indicatif intuitif pour savoir si l’on est réceptif au yoga tantrique c’est lorsqu’on se dit : « Là maintenant, je suis en train de faire quelque chose vraiment pour moi, qui vient de l’intérieur » poursuit Yoginanda.

Il s’agit de réaliser, en groupe, des exercices pour se connecter avec son corps et son énergie : danse, massages, exercices de respiration, méditation, postures (asanas)…

Le yoga tantrique suppose une bonne maîtrise du corps. Car mal gérés, certains exercices de yoga tantrique tels que les respirations hyperventilées (rebirth) peuvent provoquer des troubles (étourdissements…). Le praticien en tantra Yoginanda rappelle aussi l’importance de préserver un certain équilibre entre les temps « actifs » (avec les postures) et les temps de relaxation et « méditatifs » : « Si je dirige toute cette énergie dans la mauvaise direction ou avec la mauvaise intention, ça risque de plus nourrir mon ego que mon coeur. Il est donc essentiel d’apprendre à diriger cette énergie en direction du cœur, pour créer l’amour et seulement l’amour » poursuit Yoginanda.

Les femmes enceintes devront adapter leur pratique en fonction de leur état de santé et de la progression de leur grossesse. Les femmes en période de règle devront aussi affiner leurs yoga, du fait qu’elle perde beaucoup d’énergie : « Elles pourront privilégier des respirations profondes et faire davantage de chants méditatifs, par exemple, mais encore une fois c’est au cas par cas selon chaque individu » rappelle l’enseignant tantrika, Yoginanda. Pour toutes les personnes sous anti-dépresseurs ou prenant des drogues (psychotropes…), alcool ; il sera en revanche fortement déconseillé de pratiquer le yoga tantra, au risque de perdre le contrôle de leur corps physique et psychique.

« Le yoga tantrique peut être vécut comme un shoot car on réveille la Kundalini (énergie suprême) et les effets sont profonds, puissants » insiste Yoginanda. Il poursuit : « On peut tomber dans des dérives si les exercices sont mal amenés par le maître (enseignant). Ce qui est vraiment important est donc d’avoir une maîtrise personnelle et de pouvoir garder le contrôle de sa pratique lors des séances. » En gros : être à son écoute en premier et non à celle du maître. « Et à partir du moment où il y a trop de dogmes, de règles ou comme une sorte de « chape » religieuse, ou pire qu’on vous invite à faire l’amour ensemble, à se caresser… : fuir ! » avertit le praticien Yoginanda.
Savoir quelle formation a suivi l’enseignant peut aussi être gage de qualité. On préférera par exemple les praticiens formés à l’école du Tantra ou affiliée à la Fédération Tantra Kundalini Yoga. 

« Le tantrisme c’est la liberté ! Le but n’est pas de devenir un moine bouddhiste ou autre mais de toucher à son Soi intérieur, tout en vivant dans ce monde moderne et actuel et d’apprendre à utiliser son corps comme une boîte à outils pour permettre cette évolution » indique Yoginanda, enseignant en yoga et tantrisme. 

Comme le rappelle aussi le site de l’école du Tantra (source 1) : « Le but du Tantra c’est de réunir les polarités, d’unifier les contraires (« To make you One with the One », Yogi Bhajan). C’est pourquoi, contrairement aux voies d’éveil traditionnelles, où l’homme doit faire son chemin, sans la femme et inversement (d’où la fuite de la société, l’isolement, les monastères), le Tantra dit : « Pourquoi pas l’homme et la femme ensemble? que le Yin et le Yang se complètent ! « .

Pour en savoir plus sur la pratique, voici quelques références de textes et de livres sur le sujet tels que l’ « Autobiographie d’un Yogi » de Pramahansa Yogananda ou « Le banquet de Shiva » de Christian Tikhomiroff.