Audrey, 34 ans : « J’ai trompé mon conjoint pour essayer de sauver mon couple »
« Celui qui trompe l’autre passe systématiquement pour le méchant, le salaud du couple, lâche d’emblée Audrey, un poil désabusée. On lui jette la pierre, alors qu’on ignore souvent tout des raisons qui l’ont poussé à franchir la ligne rouge. Or, la réalité est souvent plus complexe qu’il n’y paraît. Aller voir ailleurs est parfois le dernier recours pour faire réagir son conjoint, une sorte de test pour voir si la relation que l’on a avec lui, lui importe encore, et si ça vaut vraiment le coup de se battre pour continuer ». Cette responsable qualité en agroalimentaire de la région lyonnaise sait de quoi elle parle. Il y a quelques mois, c’est elle qui a endossé le rôle de l’infidèle. « Vu de l’extérieur, je sais que ça peut paraître difficile à comprendre, concède la jeune femme. C’était pourtant mon ultime espoir pour essayer de sauver mon couple ».
Quand on était ensemble, j’avais constamment l’impression qu’il était ailleurs
Après seulement dix-huit mois de vie commune, les deux partenaires traversaient une très très mauvaise passe. « Depuis quelques semaines, Romain avait changé, raconte la trentenaire. Pour une raison que je n’arrivais pas à saisir, il était devenu distant, voire glacial. Il ne me regardait plus, ne communiquait plus et nos ébats étaient devenus rares. Quand on était ensemble, j’avais constamment l’impression qu’il était ailleurs et qu’il ne jouait plus qu’un rôle avec moi ». Audrey tente d’abord de parler avec sa moitié. Sans l’agresser, bien sûr. Elle veut juste lui faire part de son ressenti, lui dire à quel point cette situation la fait souffrir, mais aussi comprendre comment ils ont bien pu en arriver là, alors qu’ils s’aiment (c’est du moins ce qu’elle croit encore à l’époque).
Leur histoire va-t-elle trop vite pour Romain ? S’est-il éloigné pour des raisons extérieures à leur relation ? Est-il resté bloqué sur un non-dit ? Pire : A-t-il une autre personne en tête ? Il lui importe de savoir. Las, à chaque fois qu’elle commence à mettre le sujet sur la table, le jeune opticien se braque et jure « qu’il n’y a pas de problème ». L’espace de quelques jours, Audrey décide alors de prendre du recul et joue, elle aussi, la carte du silence radio. « Il ne m’adressait plus la parole, alors moi non plus », se confie-t-elle. Mais la jeune femme, qui aime la communication claire, directe et fluide est rapidement déroutée. D’autant que Romain, contrairement à ce qu’elle avait imaginé, reste muré dans son silence et ne revient pas vers elle. Elle a même le sentiment qu’il s’éloigne chaque jour un peu plus.
Le collègue inévitable
« C’était insupportable, dit-elle. J’avais beau essayer de rester calme et de me concentrer sur moi et sur mes propres besoins, je me sentais négligée, rejetée, nulle. Autant dire que mon estime de moi en a pris un sacré coup ». Ne voyant plus d’autre issue pour faire réagir Romain (hormis rompre, mais elle n’était pas prête à cela), Audrey élabore le plan de la dernière chance : elle va le tromper. Ce sera le meilleur moyen de savoir s’il tient encore à elle, si leur relation n’est pas morte. « Je n’ai pas eu à me casser la tête longtemps pour trouver « ma proie », reconnaît la trentenaire. Ça faisait des mois qu’un ancien collègue, fraîchement divorcé, me tournait autour. Depuis qu’il était parti à la concurrence, Guillaume n’arrêtait pas de m’envoyer des SMS, en apparence anodins (il me demandait surtout comment ça se passait au niveau du boulot et si je n’étais pas trop débordée), mais dont j’avais bien compris le sens caché, même si je faisais comme si de rien n’était. Au travail, tout le monde savait qu’il en pinçait pour moi ».
Mon couple était bel et bien arrivé à un point de non-retour
Un soir, c’est Audrey qui, depuis son canapé, contacte Guillaume. Ils échangent jusque tard dans la nuit… tout comme le lendemain, et le surlendemain. « Je ne le trouvais pas spécialement séduisant et je ne ressentais pas de désir pour lui, précise la jeune femme. Mais j’étais bien décidée à aller jusqu’au bout des choses ». À la maison, Audrey, qui a renoué le dialogue (pour le moins unilatéral), s’arrange pour parler, l’air de rien, de Guillaume : « tu sais, le collègue dont je t’avais parlé (celui qui a divorcé l’an dernier), et bien, figure-toi, que je l’ai croisé hier, en sortant du bureau », « et devine : il m’a proposé d’aller prendre un verre avec lui », « c’est fou comme il est sympa »… Mais Romain ne relève pas. Tout comme il ne réagit pas, quelques jours plus tard, lorsqu’elle lui avoue avoir couché avec Guillaume. « Une énorme bêtise », s’était-elle pourtant empressée d’ajouter, persuadée que son homme allait s’effondrer et craquer. « J’étais mortifiée de voir à quel point il s’en fichait, mais j’avais au moins ma réponse, lâche Audrey. Mon couple était bel et bien arrivé à un point de non-retour. Romain en avait pris conscience avant moi, mais il était trop lâche pour me quitter et avait préféré laisser pourrir la situation. C’est moi qui suis partie ».
* Les noms sont modifiés.
