Santé

Deuxième chance en amour : 5 histoires de retour de flamme racontées par nos lectrices

On prend les mêmes et on recommence ?  Près de dix-sept ans après leur rupture, à 49 ans pour lui, 52 pour elle, et alors qu’ils sont respectivement parents de trois et deux enfants, les « Bennifer » se sont retrouvés. Se posant en vitrine glamour d’une statistique étonnante : 50 % des couples décideraient de se redonner une chance après avoir rompu, selon une étude de chercheurs des universités de l’Utah et de Toronto, publiée fin 2021 dans la revue « Social Psychological and Personality Science ». Comment l’expliquer ? Pour Camille Rochet, psychologue et psychothérapeute de couple*, « le contexte anxiogène actuel renforce l’idée du couple comme valeur cocon. On comprend la nostalgie que certains peuvent éprouver en repensant à cet ex, côtoyé en des temps plus insouciants ». Une relation qui se voudrait aussi teintée de légèreté, car dépourvue des enjeux massifs que sont la carrière professionnelle ou la parentalité, souvent déjà accomplies. Plutôt tentant ? « Ces couples reformés, pour la majorité au moment de la quarantaine ou de la cinquantaine, sont une belle ode au milieu de vie, et prouvent que tout est encore possible. Mais pour que ces retrouvailles durent, il importe que chacun ait fait un travail sur soi et analysé les raisons de la rupture. Accepter que l’autre ait pu changer avec le temps est important. Vouloir retrouver celui d’avant, voire chercher à se retrouver soi-même il y a dix ou vingt ans, est un fantasme périlleux », tempère Camille Rochet. Quatre femmes et un couple nous ont raconté leur histoire. De la première à la seconde fois, entre passions et petites désillusions.

17 ans après Laëtitia et Jean-Christophe continuent leur roman     

« En 2003, j’ai 22 ans et je débute un stage dans une librairie iséroise pour mes études de lettres, raconte Laëtitia. Jean-Christophe est responsable de la papeterie voisine, et nous échangeons sur nos lectures. Je tombe très vite amoureuse de cet homme de douze ans de plus que moi, hélas marié avec deux enfants en bas âge. Le début d’une attente insoutenable à l’issue malheureuse. J-C, paralysé à l’idée de bouleverser l’équilibre de son foyer, ne peut me retenir quand une opportunité de poste s’offre à moi à Paris. Nous coupons les ponts, et je rencontre mon désormais ex-mari, avec qui j’ai une fille, 13 ans, et un garçon, 9 ans.                

En 2016, je me rends en Isère à un symposium sur le trouble du métabolisme dont est atteint mon fils. Je suis rongée par la culpabilité, en tant que porteuse saine, d’avoir transmis cette pathologie à notre enfant, et mon mariage bat de l’aile quand je profite de ce voyage pour passer dire bonjour à la librairie. J-C est toujours là. Il a divorcé il y a quelques années. Il me tend le livre qu’il a écrit. “J’aimerais avoir ton avis.” Dans “L’Injure du temps”, je redécouvre notre histoire. Son amour pour moi. Ses doutes et ses peurs. Un livre dont nous sommes les héros mais auquel je ne peux être réceptive, étant alors entièrement tournée vers les problèmes de mon fils. Après mon divorce, J-C me rappelle, il a écrit le deuxième tome, dans lequel il me tue dès les premières lignes ! Il m’y décrit avec une exactitude qui me bouleverse. Durant un an, nous entretenons une relation épistolaire passionnelle. Un jour, je saute dans un train.               

En 2020, dix-sept ans plus tard, la deuxième partie du livre de notre histoire peut enfin débuter. Et comme la saveur en est différente ! Après quelques mois étranges, durant lesquels il m’a fallu apprivoiser la légitimité de notre couple, comprendre que je n’étais plus cette “autre” cachée, j’ai enfin pris confiance. Il faut dire que je ne suis plus cette gamine de 20 ans, complexée physiquement et en quête d’un père absent. La maladie de mon fils m’a poussée à faire un travail sur moi qui m’a permis d’aborder cette seconde histoire de manière saine. Aujourd’hui, nous avons enfin la sensation de pouvoir vivre avec authenticité. Car nous connaissons nos failles. Et si le quotidien nous bouscule parfois, il me suffit de rouvrir “L’Injure du temps” pour me rappeler que ce temps qui passe est un cadeau pour notre histoire. »

31 ans après Sylvie pardonne à William            

« Je n’oublierai jamais le jour où nos regards se sont croisés pour la première fois sur la roue de cette fête foraine. Ni l’été merveilleux qui a suivi, avec nos sorties en douce de chez nos parents pour vivre ensemble notre “première fois”. J’avais 19 ans, William, 20, nous confie Sylvie. Ce même été, William m’a trompée avec l’une de mes meilleures amies. La blessure a été telle que j’ai rasé les murs de Meudon, où nous habitions tous les deux, pendant près de trois ans. En 1985, j’ai 27 ans, et, le lendemain de mes fiançailles, où j’ai été terrassée par une gastro, je recroise William dans la salle d’attente de mon généraliste. Tandis que le médecin nous fait poireauter, il me demande pardon, m’avoue qu’il ne m’a jamais oubliée. “J’étais sincère, m’assure William, je m’en suis mordu les doigts pendant des années.” » Sylvie rompt ses fiançailles, et l’histoire reprend. « Elle durera six mois cauchemardesques, dit-elle. Rongée par la rancœur, je suis incapable de pardonner et lui fais vivre un enfer. William baisse les bras, part en Angleterre, et nous nous oublions pendant vingt-six ans. Années pendant lesquelles naissent mes trois merveilles, d’un mari aussi adorable que volage – oui, je sais, je devais les attirer ! – que je finis par quitter, en bons termes, à la cinquantaine. De son côté, William, séparé d’une Anglaise avec qui il a eu une fille, est de retour en France, et je le croise à un dîner organisé par des amis communs. Vingt-six ans plus tard, je fais un bond dans le temps quand il me refait la cour. Je l’ai fait mariner près de cinq ans, dissuadée par mon entourage, très protecteur. “Une relation tendre en pleine friendzone. C’est comme ça qu’on dit maintenant ?” rit-il. À des années-lumière de la passion que nous avions connue dans ce qu’elle contient de plus toxique, nous vivons désormais depuis onze ans une relation sereine et douce. Comme une récompense du travail effectué sur nous-mêmes avant de nous retrouver pour de bon. “Third time is a charm”, comme disent les Anglais ? »

20 ans après Maud et Rémi face à l’épreuve              

« J’ai rencontré Rémi, un ami de sœur, alors qu’il avait 20 ans, dans le fief de nos vacances familiales, raconte Maud. J’avais 16 ans, et ce fut un coup de foudre. La relation a duré deux mois, nimbée d’un sentiment d’étrangeté que je mets sur le compte de notre différence d’âge. Nous nous recroisons pendant vingt ans, bons amis, un peu gênés. Un soir, un peu aviné à une fête, il me prend dans ses bras : “Tu sais, ça a toujours été toi.” Nous sommes étonnés par l’évidence de ce qui nous tombe dessus et nous nous fiançons dans les trois semaines qui suivent. Je tombe enceinte quatre mois après. Alors que nous nous enchantons de cette passion, fluidifiée par des années d’amitié, tout s’obscurcit. Pendant ma première grossesse, Rémi, qui a grandi en Afrique et dont la personnalité en dehors des clous me faisait rêver, se désintéresse soudainement de tout. Pensant qu’il fait une dépression, nous multiplions les rendez-vous psy.                

En 2018, j’ai 40 ans. Épuisée de chercher des réponses, je fais un burn-out. Dans ELLE, je découvre un article sur le syndrome d’Asperger qui nous fait comprendre à tous les deux ce qu’aucun psy n’aura été capable de diagnostiquer à Rémi pendant cinq ans. Toute ma colère s’envole, mais nous comprenons qu’il n’est pas fait pour la vie de famille ni même pour la vie de couple. Nous finissons par nous séparer. Aujourd’hui, nous essayons d’aller de l’avant mais restons très proches – et pas seulement pour les enfants. J’espère de tout cœur refaire un jour ma vie, mais il restera toujours quelqu’un de spécial pour moi. »

19 ans après Sandra et Tomer reprennent leur plus beau rôle            

« En 1997, j’ai 23 ans et je suis serveuse au Festival de Cannes, raconte Sandra. Avec Tomer, acteur débutant, le coup de foudre est réciproque, et il me demande en mariage un an après. Obsédée par mon indépendance, après avoir été élevée par une mère célibataire aux valeurs exigeantes, je prends peur et le quitte. Il est trop tard quand je comprends avoir laissé filer l’amour de ma vie. L’année suivante, je rencontre mon mari, qui panse mes plaies et m’offre le plus beau des cadeaux : notre fils Dino. Une belle histoire de quinze ans, soldée par un divorce douloureux.

« Il me susurre à l’oreille : “Es-tu prête à terminer notre histoire ?” »              

Festival de Cannes 2016. Désormais patronne de ma boîte de communication, je frôle la crise cardiaque en voyant débarquer Tomer, qui connaît une jolie carrière, et à qui il m’arrivait de repenser parfois. Au milieu de la fête, je sors d’un long coma quand il me susurre à l’oreille : “Es-tu prête à terminer notre histoire ?” Voilà six ans que nous avons repris le fil. Ensemble, avec Dino et les deux enfants de Tomer, nous avons construit notre invincible club des cinq, avec la conscience, peut-être due à notre âge et aux galères que nous avons vécues séparément, de mériter chaque jour le bonheur que nous vivons. Je me dis parfois qu’avoir eu nos enfants ensemble aurait changé la donne, la maternité ayant bouleversé l’équilibre de mon premier mariage. Je m’étais forgé une carapace que Tomer a fait voler en éclats, et j’ai aujourd’hui la douce impression d’être ce joli pot recollé qui contient tout le charme du passé. Bien sûr, ce deuxième volet connaît aussi son lot de déboires. Telle la perte de ce petit ange envolé de mon ventre vers le ciel, il y a trois ans. Mais, avec Tomer, rien ne semble insurmontable. Et si je devais revivre toutes ces peines pour arriver dans ses bras, je le ferais. »

21 ans après Sébastien retrouve enfin Samantha            

En juillet 2001, Sébastien s’envole pour Salvador de Bahia pour participer à un tournoi de volley-ball. Dès son arrivée, il est subjugué par Samantha, traductrice brésilienne. Neuf jours de compétition pour la séduire. Après chaque match, ils refont le monde. « J’apprends qu’il est géophysicien, comme mon père, raconte Samantha. J’ai 22 ans. Lui, 28. Âges auxquels se sont mariés mes parents. Des coïncidences anodines, qui me semblent aujourd’hui chargées de sens ! » Baiser sur la plage, échange d’e-mails, et Sébastien rentre à Paris. En septembre, Samantha décroche un échange universitaire à Madrid. Leur histoire commence entre la France et l’Espagne, au gré de week-ends romantiques. « À Noël, ma mère fait le voyage pour passer les fêtes avec moi, et nous nous retrouvons à Montpellier chez les parents de Seb, après cinq mois ensemble ! C’était naturel, évident pour tout le monde. » En février 2002, l’oncle de Sébastien propose un stage à Samantha à Paris et ils emménagent ensemble. « Trois mois sur un nuage », dit-elle. Mais Samantha doit repartir au Brésil finir ses études. L’un comme l’autre ne trouvant pas de poste outre-Atlantique, les lettres d’amour ne suffisent plus. « Aucune dispute. Juste un renoncement qui s’est imposé. » Sébastien rencontre sa femme. À chaque déception amoureuse, Samantha repense à celui avec qui tout avait été si parfait. En 2012, lors d’un séjour en France, elle passe dire bonjour à Sébastien, qui vient d’avoir son deuxième enfant. Ils se remémorent joyeusement le passé. « Mais j’ai pris mes distances. Je sentais que la revoir pourrait être risqué, dit-il. Après mon divorce en 2019, je n’avais pas le courage de m’engager dans une nouvelle histoire quand Samantha m’a prévenu qu’elle était mutée à Rotterdam. Lorsque mon meilleur ami, Olivier, m’a avoué ne m’avoir jamais vu aussi heureux qu’avec elle, je me suis envolé pour la Hollande. » Alors qu’elle vient d’emménager dans le sud de la France avec Sébastien et ses enfants, Samantha conclut : « L’évidence qui nous avait frappés il y a vingt ans est la même. Il nous appartient enfin de la laisser vivre ! »

* Autrice des « 5 croyances qui empêchent d’être heureux en couple » (éd. Larousse).

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