Santé

Les cinq blessures de l’âme, la théorie qui cherche à nous guérir

Non, personne n’a envie de se découvrir une blessure et encore moins à l’âme. Si l’idée peut faire penser au « Peter Pan » de Walt Disney qui recoud son ombre à ses pieds, ce n’est pas à prendre au mot près. La méthode vise plutôt à repenser nos failles pour voir jusqu’où elles nous impactent et à les accepter. C’est plus amusant que ça en a l’air.

Le postulat de départ : chaque personne serait particulièrement marquée par une ou plusieurs des cinq blessures universelles à l’être humain. Lesquelles seraient le rejet, l’abandon, l’injustice, la trahison et l’humiliation. Un club des cinq peu réjouissant, on vous l’accorde, mais qui a le mérite de gratter là où ça fait mal pour, à terme, faire du bien.

Le bal masqué des grands blessés

La théorie des « cinq blessures de l’âme » est inspirée des travaux du psychiatre américain John Pierrakos. Avec son livre « Les cinq blessures de l’âme qui empêchent d’être soi-même », l’autrice canadienne Lise Bourbeau en fait un vrai phénomène, repris dans nombre d’ouvrages de développement personnel. Le principe est un peu rabat-joie de prime abord : nous aurions tous une ou deux blessures dominantes acquises dans l’enfance. Ces blessures, souvent oubliées, nous pousseraient à arborer un « masque » pour les cacher, y compris à soi-même. Il suffirait d’accepter ladite blessure pour en guérir et tomber le masque. Plus facile à dire qu’à faire. Car l’autrice ne mâche pas ses mots et se voir dans l’un des portraits qu’elle brosse peut un peu piquer l’égo. Apparemment, cette résistance est normale et fait partie du processus. Ouf : si vous vous sentez mi-attaquée, mi-démasquée, c’est que vous êtes sur la bonne voie.

Mais alors comment savoir laquelle de ces cinq blessures pourrait prédominer chez nous ? Pas de questionnaire ou de test, il s’agit de reconnaître ses comportements dans l’un des profils que liste Lise Bourbeau. Par exemple, si le masque du « contrôlant » vous ressemble, il y a des chances que vous soyez dans la team trahison. Vous n’êtes pas pour autant « la traîtresse » ou « la trahie » car, comme l’autrice aime le rappeler, « nous ne sommes pas nos blessures ». Ces fameux masques seraient justement là pour que nous puissions vivre avec nos maux. En psychologie, on pourrait même parler d’un mécanisme de défense ou un « faux-self » : une manière de se présenter aux autres qui nous masque et nous protège à la fois. Un peu comme une crème solaire indice 50 légèrement épaisse.

Quelles sont les cinq blessures de l’âme ?

Le rejet : masque du fuyant

Cette blessure serait l’une des premières à se manifester, d’après Lise Bourbeau, parfois dès bébé, dans le fait de ne pas avoir été désiré par exemple. Au rejet est associé le masque du fuyant. La personne anticiperait ledit rejet en fuyant toute implication et engagement social. Cela peut se traduire par une attitude effacée ou de repli sur soi. La personne fuyante aurait une piètre estime d’elle-même, pensant que si elle est ou a été rejetée, c’est qu’elle n’est pas « assez bien ». Pour guérir, cette personne devrait prendre conscience de sa valeur et de ce qu’elle a à apporter aux autres.

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L’abandon : masque du dépendant

La source du mal, ici, serait un départ momentané ou définitif vécu dans l’enfance. La personne qui souffrirait d’abandon aurait du mal à faire les choses elle-même ou à être seule, craignant de se sentir abandonnée. Elle ferait alors en sorte de s’appuyer en permanence sur quelqu’un ou quelque chose. Son masque serait donc celui du dépendant. Ce type de personne pourrait développer une dépendance affective mais serait aussi sujette aux addictions. Pour aller mieux, la personne dépendante devrait apprendre à faire les choses seule et pour elle-même.

L’humiliation : masque du masochiste

Il s’agirait principalement d’une blessure survenue entre un et trois ans, de la part d’une figure parentale. En conséquence, la personne concernée développerait, selon l’auteure, un masque de masochiste. Inconsciemment, elle chercherait à se punir avant de l’être, à s’humilier avant de l’être. Ce type de personne prendrait grand soin de ne pas blesser autrui et être serviable, quitte à porter une croix un peu trop lourde sur son dos. D’après Lise Bourbeau, ce profil gagnerait à se libérer des fardeaux des autres qu’elle prend sur ses épaules.

La trahison : masque du contrôlant

La blessure de la trahison interviendrait dans la petite enfance, entre deux et quatre ans. Par trahison, Lise Bourbeau entend tout événement qui brise la confiance qu’a l’enfant en les autres, particulièrement les figures parentales. En réaction, l’enfant trahi se créerait un masque de contrôlant. Tout contrôler en permanence lui permettrait de se sentir en confiance. Ces personnes seraient exigeantes envers elles-mêmes et chercheraient à faire leurs preuves constamment. Leur méthode de guérison ? Accepter les situations de lâcher prise et gagner en patience.

L’injustice : masque du rigide

Le profil type de la personne qui souffrirait de la blessure d’injustice aurait manqué de reconnaissance ou d’équité durant son enfance, entre des membres de sa fratrie par exemple. En réponse, elle développerait le masque du rigide, c’est-à-dire de l’exigence poussée à l’extrême. Ces personnes peuvent cacher leur sensibilité sous une apparente froideur. Leur recherche de la justice en tout lieu et à tout prix les rendrait perfectionnistes et intransigeants… quitte à être injustes, paradoxalement. Le rigide aurait alors intérêt à s’ouvrir aux différences des autres et accepter l’imperfection, y compris chez lui-même.

Une théorie à prendre avec des gants

Malgré les intéressantes pistes de réflexion à creuser, la méthode n’est bien-sûr pas parfaite. Le livre de Lise Bourbeau est à prendre avec des pincettes. L’autrice n’est pas une psychologue et mêle à ses propos des concepts spirituels comme l’âme et la réincarnation. Selon elle, nos âmes seraient déjà blessées et choisiraient de s’incarner dans une famille qui souffrirait des mêmes blessures que nous : ce qui est à la fois non prouvé et déterministe. De la même manière, elle attribue mécaniquement chaque blessure au parent du même sexe ou du sexe opposé, ce qui est aussi réducteur que daté quant aux différents modèles de parentalité. La théorie repose également sur des généralisations infondées voire dangereuses comme l’idée que notre morphologie et même notre état de santé dépendrait de notre type de blessure. 

L’essentiel est d’aborder toute technique de développement personnel en gardant à l’esprit ses limites : elle ne remplace pas un suivi psychologique. Et non, vous n’allez pas développer un cancer si vous vous entendez mal avec votre mère. C’est armée de vos pincettes ou vos gants favoris que vous pourrez cheminer vers l’acceptation de la vulnérabilité, avec ou sans blessures de l’âme. Quoi qu’on en pense, la théorie a le mérite de nous rendre plus compréhensifs face à certains de nos comportements et ceux des autres. Et un peu d’indulgence dans ce monde de brute est toujours bonne à prendre.

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