Santé

Allô Giulia ? « Je n’ose pas parler de mes problèmes intimes à mon mari »

« Chère Giulia,

C’est assez terrible, ce que je vais vous dire, mais franchement, il n’y a qu’ici que je n’ose l’écrire : mon vagin brûle comme c’est pas permis. Enfin, la vulve, et les grandes lèvres, très exactement. Et tout le temps. Ça me démange, et je gratte comme une folle dès que je peux, dès que je suis sûre que personne ne me voit – encore que, avec le temps, je perds en vigilance…

Et Antoine n’y comprend rien, parce que je n’ose pas lui en parler (c’est quand même un peu dégueu), mais je me ferme comme une huître dès qu’il s’approche de moi. Parce que j’ai essayé de refaire l’amour ! Mais après, c’est pire. Je ne sais pas si c’est la sueur, la lubrification, ou les deux, mais les brûlures sont multipliées par dix dès qu’on a un rapport sexuel. Je me lave pourtant sans arrêt.

D’ailleurs, je me suis mise à changer de culotte jusqu’à cinq fois par jour – parce que, sur le coton propre, ça s’apaise un peu. J’ai essayé de me souvenir quand est-ce que ça avait commencé… Et je crois que c’est la naissance de notre deuxième fils qui a tout déclenché : j’ai eu des saignements très, très importants en post-partum – la honte, il y en avait absolument partout, je nettoyais dès qu’Antoine avait le dos tourné…

On était au début de l’été, j’étais en nage tout le temps, avec mes dix kilos en trop, peut-être que ça n’a rien arrangé. Je sais pas. Résultat : ça fait des mois qu’Antoine ne m’a pas touchée. Il ne dit rien, mais, je vois bien qu’il en souffre. Et je suis prête à tout faire pour lui rendre la nana qu’il a connue avant… Si vous avez la moindre piste, je suis preneuse ! » – Marion, 39 ans.

« Chère Marion,

Vous tombez bien : j’ai. Et j’ai comme l’idée que vous ne mettez pas tout à fait Antoine à la place qui doit être la sienne. Il n’est pas la police du ménage, il devrait pouvoir supporter un drap taché. Il n’a pas trois ans, il devrait savoir que le corps expulse parfois certains fluides – du type sueurs ou règles. Il n’est pas le prince éthéré d’une princesse en carton pâte : a priori, il sait comment on fait les enfants. Et que si c’est (parfois) un acte ou une preuve d’amour, c’est aussi un acte très, très organique, qui fait appel à nos fonctions les moins nobles – et à nos organes les plus au-dessous de la ceinture qui soient.

Pour être plus claire : il sait que vous avez un vagin, et que ce vagin n’est pas une rose. J’imagine que, par ailleurs, si vous l’avez choisi pour être le père de vos enfants, vous n’avez pas choisi la dernière des crevures, à savoir un homme capable de vous reprocher d’être abstinente alors que vous douillez l’enfer. Je suppose (et je vous le souhaite) qu’il est suffisamment empathique pour vous souhaiter, d’abord, d’aller mieux. Et donc de vous soigner – il sera toujours temps de refaire l’amour avec lui quand vous n’aurez plus mal.

La priorité, c’est vous, Marion : l’amour est un égoïsme partagé. On n’est jamais meilleure amante, meilleure compagne, meilleure amoureuse que quand on va bien. Donc, de grâce, prenez-vous en main, et maintenant ! Je ne suis pas (encore) gynéco, mais je dirais que, oui, dans un premier temps, l’arrivée de votre enfant a pu perturber votre flore vaginale. Là-dessus, évidemment, le soleil, la sueur, et la macération due au maillot de bain mouillé n’ont pas du arranger les choses… Mais c’était il y a des mois : comment se fait-il que vous vous préoccupiez de vous seulement maintenant ?

Et encore, vous m’écrivez presque pour Antoine… Quelle place vous accordez vous, dans le couple, ou dans votre famille ? Je sais que m’écrire peut demander une bonne dose de courage. Mais ça prend aussi moins de temps qu’un rendez-vous chez le médecin : est-ce pour cela que vous ne l’avez pas encore fait ? Je suis sûre que vos brûlures vulvaires se soignent très bien. A condition de s’y attaquer vraiment. Le jour où votre médecin vous aura prescrit un traitement, le jour où il commence à faire effet, vous me promettez que vous vous occupez de la suite ? A savoir : comprendre pourquoi vous vous donnez si peu de temps, et si peu de soin. Ah ! Et aussi : qui est Antoine, pour vous ? Je vous embrasse, Marion… »  

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