Santé

Tout comprendre de l’addiction au sexe

Définition : addiction au sexe, qu’est-ce que c’est ?

L’addiction sexuelle, ou dépendance sexuelle, se caractérise par la perte de contrôle sur la sexualité et la poursuite du comportement problématique malgré la connaissance et l’expérimentation de conséquences négatives (blessures génitales, prises de risques infectieux…). Il s’agit d’une forme de dépendance comportementale au même titre que l’addiction aux jeux. Autrement dit, elle ne correspond pas à la prise répétée et croissante de substances (comme c’est le cas avec le tabagisme, la dépendance aux médicaments, à la drogue ou à l’alcool…), mais à une perte de contrôle en ce qui concerne les pratiques sexuelles

Il est important de rappeler que l’addiction au sexe ne doit pas être confondue avec la nymphomanie ou avec des pratiques sexuelles déviantes, voire criminelles.

L’origine du concept « addiction sexuelle »

Le concept de dépendance sexuelle a été introduit pour la première fois en 1983 dans l’ouvrage Out of the shadows du psychiatre américain, spécialiste de cette thématique, Patrick Carnes. Ce n’est qu’en 1990 que l’étude fait un bon en avant avec un autre psychiatre américain, Aviel Goodman, qui conceptualise les addictions comportementales et notamment les addictions sexuelles. Il les décrit notamment comme « la fréquence excessive croissante, et surtout non contrôlée, d’un comportement sexuel, qui persiste en dépit des conséquences négatives possibles et de la souffrance personnelle du sujet. Le sexe devient alors une priorité absolue dans la vie du sujet pour lequel il est prêt à tout sacrifier. »

L’hypersexualité en chiffres 

D’après les études épidémiologiques, 3 à 6% de la population générale aux États-Unis souffrent de ce trouble, particulièrement des hommes âgés entre 27 et 36 ans, toutes catégories socio-professionnelles confondues (source 1). Actuellement, il n’y a aucune donnée en France malgré une réalité clinique croissante.

Être « addict », « accro » au sexe, est-ce une maladie ?

D’un point de vue nosographique (médical), la dépendance sexuelle ne fait pas partie de la liste des dysfonctions sexuelles du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM IV et DSM V), pas plus que dans la classification internationale des maladies (CIM). En cause, un manque d’approche consensuelle sur le sujet (source 1).

L’addiction sexuelle ne s’agit donc pas d’une maladie mais plutôt d’un trouble du contrôle des impulsions dans lequel on retrouve le même process que dans toutes les formes d’addiction avec ou sans substance : dépendance, comportement compulsif… Corine Poiret, sexologue

Quels sont les signes d’une dépendance sexuelle ?

La frontière entre une vie sexuelle épanouie et une pratique sexuelle devenant obsessionnelle est parfois fine. À titre indicatif, on peut toutefois relever certains comportements propres à la vie d’un sex addict et nuancer par le fait qu’il existe différents degrés d’addictions au sexe : 

  • masturbation compulsive ;
  • consommation fréquente de contenus pornographiques ;
  • rapports sexuels multiples et fréquents, régis par un besoin incontrôlable ;
  • fréquentation de clubs de strip-tease, cybersexe, sexe par téléphone…;
  • trouble de paraphilie ou comportements sexuels déviants (fétichisme, voyeurisme, sadomasochisme, exhibitionnisme, travestisme, rapports sexuels non consentis, harcèlement sexuel, frotteurisme…;
  • filtre sexuel, qui consiste en une interprétation de chaque situation de la vie quotidienne sous l’angle érotique et sexuel ;

Que cache une addiction au sexe ?

Selon le profil du dépendant sexuel et les bénéfices recherchés, l’addiction sexuelle ne remplit pas la même fonction. « Certains l’utilisent en effet pour apaiser une tension interne ou l’extérioriser par l’action. D’autres se réfugient dans leur conduite pour oublier, fuir, échapper ou éviter une situation de souffrance », explique la sexologue. Elle poursuit : « À l’inverse, la conduite peut permettre de s’affirmer, de se valoriser ou d’exister, notamment dans le cas d’une estime de soi faible. »
Enfin, la quête de nouveauté et de sensations fortes est souvent retrouvée chez les personnes souffrant de cette addiction.

Les causes : l’abandon, les abus sexuels…

Comme avec toute autre addiction, la sexualité compulsive émane d’un ou de plusieurs facteurs : 

  • les abus sexuels durant l’enfance, ou des situations de violence familiale même sans actes sexuels ;
  • l’abandon pendant l’enfance ou un manque d’affection et d’attention dans la sphère familiale ;
  • l’exposition précoce à du contenu pornographique ;
  • la facilité d’accès à la pornographie sur internet, rendant le sexe disponible de suite et en continu, et mettant en avant des pratiques toujours plus extrêmes.
  •  l’excès de protection de la mère sur le nourrisson, « protection s’assimilant parfois à une forme de fusion, pouvant aussi créer des états de dépendance affective pouvant ensuite conduire à une addiction sexuelle à l’âge mature. À l’inverse, un désintérêt de la mère envers son bébé peut induire une dépendance sexuelle », détaille la sexologue Corine Poiret. 

« Addict » au sexe : quelles conséquences ?

Les conséquences de l’addiction sexuelle peuvent être multiples : infections sexuellement transmissibles (IST), dépression, trouble anxieu ou difficultés relationnelles. « Les addicts sexuels peuvent aussi ressentir de la honte et de la culpabilité », détaille Corine Poiret, sexologue.

Pourquoi et comment repérer les addictions sexuelles ?

« Les relations avec le conjoint peuvent souffrir de cette addiction, en diminuant la confiance et en créant des tensions dans le couple. La démarche de soins peut alors être motivée par une menace de séparation », illustre la sexologue Corine Poiret.

La démarche peut aussi naître individuellement de la part de l’addict, liée au sentiments négatifs de l’addiction.

Comment diagnostiquer une addiction sexuelle (test de Carnes) ?

Il existe un test de dépistage de l’addiction sexuelle (TDAS), version française du Sexual addiction screening test (sast) mis en place par le psychiatre Patrick Carnes. « Cet autoquestionnaire rapide, couramment utilisé en clinique, explore différentes dimensions liées à la pratique sexuelle addictive problématique notamment, les comportements sexuels non déviants et paraphiliques, les supports sexuels utilisés, les répercussions du comportement ainsi que les critères de la dépendance », détaille Corine Poiret.

Cette évaluation clinique psychothérapeutique spécifique du trouble (test ci-dessus à l’appui) permet de pouvoir orienter le patient vers une prise en charge la plus adaptée possible à son profil et ses facteurs de vulnérabilités en explorant certains axes parmi : 

  • le profil psychopathologique/les comorbidités psychiatriques/les troubles de la personnalité
  • les variables sociodémographiques
  • la sexualité dans le couple (dysharmonies conjugales, entente sexuelle…)
  • les dysfonctions sexuelles (trouble de l’érection, éjaculation précoce…)

Comment surmonter/soigner les addictions au sexe ?

La première étape consiste à consulter un professionnel (psychothérapeute, sexologue….) qui pourra alors déterminer si le patient est réellement dépendant au sexe, et si oui, le caractère précis ainsi que la source de cette addiction.

Plusieurs approches thérapeutiques pour le traitement des dépendants sexuels seront ensuite proposées, malgré l’absence de validation scientifique pour la plupart de ces techniques :

  • la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) ou comment notre système de pensées déclenche des comportements inadéquates par le jeu des émotions négatives ressenties,
  • la thérapie de groupe,
  • les programmes en 12 étapes comme les Dépendants affectifs sexuels anonymes (DASA) basé sur le modèle des Alcooliques anonymes,
  • la thérapie de couple : « les addicts sexuels » consultent souvent poussés par le conjoint qui a découvert le comportement problématique » exprime Corine Poiret. Le traitement agissant sur la personne addict, aura des répercussions positives sur la relation couple.
  • la thérapie psychodynamique,
  • le traitement pharmacologique.

Selon la sexologue Corine Poiret, « les thérapies combinées restent apparemment les plus efficaces. Le clinicien pourra en effet associer des traitements pharmacologiques et psychologiques en fonction des comorbidités somatiques et psychiatriques présentes. 

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