Santé

Familles recomposées : « Je sais que je signe pour un package : ce sera lui et ses trois fils »

Mai, 2017, je le rencontre dans le cadre d’un changement de boulot. J’arrive dans une nouvelle boîte, il fait partie de mes nouveaux collègues. Je connais donc assez rapidement les grandes lignes de sa vie : il est divorcé et à trois enfants, de 5 et 7 et 9 ans. Au départ, notre relation est amicale, essentiellement basée sur notre travail. Puis elle évolue au fil des mois. On réalise qu’il se passe quelque chose entre nous. On se met ensemble. On tombe amoureux. Directement, je sais que je signe pour un package : ce sera lui et ses trois fils.

Le fait de devenir belle-mère ne me fait alors pas peur du tout. En fait, je crois que je ne me suis jamais vraiment posé la question des responsabilités qui incombent ce rôle. Je me disais un peu : « qui vivra verra » et partais du principe que ça allait bien se passer.

On leur dit d’abord que je suis juste une amie

Vient la rencontre, après six mois de relation. On leur dit d’abord que je suis juste une amie. Ça nous permet de dédramatiser le côté « rencontre officielle » et d’éviter de les brusquer. J’apprends donc à les connaître de cette manière et les vois de plus en plus régulièrement à mesure que ma relation évolue. Tout se passe alors hyper bien. Au bout de six mois, on décide donc de leur dire la vérité. Et c’est là où ça s’est un peu compliqué. Notamment avec la maman des garçons. Elle devait déjà se douter de notre amourette quand les enfants leur racontaient qu’ils avaient passé la journée avec une « copine de papa », mais je pense qu’elle a vraiment compris à ce moment-là que notre histoire était sérieuse.

Elle ne l’a pas accepté. D’une part, je pense qu’elle n’avait pas encore vraiment fait le deuil de sa relation. D’autre part, j’ai eu la sensation qu’elle s’était sentie exclue de sa propre famille, de savoir ses enfants entourés d’une nouvelle personne. Comme si sa position de mère était redéfinie. Puis le fait que je sois plus jeune qu’elle a sûrement joué un rôle également dans son rejet…

En conséquence, elle envoyait des messages incendiaires à leur père pour tout et n’importe quoi. Dès que les enfants avaient un bobo par exemple et que je leur donnais des conseils sur la manière de se soigner, il avait le droit à un pavé de reproches. Tout ce qu’on faisait était mal. Elle avait toujours raison et nous, toujours tort. Quand on s’est mariés, trois ans après notre rencontre (eux étaient divorcés depuis 6 ans), elle a essayé de convaincre les enfants de ne pas venir à notre mariage. Quand je suis tombée enceinte, elle leur a répété sempiternellement que cet enfant n’était pas leur sœur et qu’il fallait qu’ils s’en méfient…

Résultat : les enfants ont progressivement changé de comportement et sont devenus plus hostiles avec moi. Et c’est compréhensible : à cet âge-là, ils sont influençables. Si leur mère leur disait quelque chose de négatif à mon sujet ou critiquait notre couple, ils allaient la croire elle. Et puis dans leur tête, si leur mère était malheureuse, c’était « à cause de moi ». En réaction, ils avaient envie de la protéger, de la soutenir. Ils ont eu du mal à accepter leur sœur aussi. Après sa naissance, à chaque fois que leur père le prenait dans les bras, le plus petit se mettait à hurler de jalousie. C’était très dur. Heureusement, de mon côté, j’avais leur père, qui ne m’a jamais fait défaut, jamais fait l’ombre d’un reproche sur ma relation avec ses fils. Il a toujours été à mon écoute et m’a laissé faire comme je pouvais.

J’ai eu une phase de rejet

J’ai eu plusieurs phases. J’ai longtemps marché sur des œufs. J’ai d’abord essayé de tout faire pour leur faire plaisir, pour m’attirer leurs bonnes grâces. Mais j’ai vite compris que j’agissais en vain. Peu importe que j’organise des après-midi dessins ou des balades à droite à gauche, leur mère dénigrait toujours absolument tout et avait raison à leurs yeux… À un moment donné, j’ai donc arrêté. Je n’étais pas capable de continuer à m’investir émotionnellement sans retour.

Ensuite, j’ai eu une phase de rejet. J’étais énervée contre eux, contre leur hostilité. J’ignorais leur présence quand ils venaient à la maison (soit un week-end sur deux), je ne m’en occupais plus. Je devenais même désagréable avec eux. Parfois, je m’arrangeais carrément pour ne pas être physiquement là quand ils venaient. Puis, dernière phase, j’ai été un peu plus « je m’en foutiste ». Je faisais en sorte qu’ils passent du bon temps avec leur père, mais sans m’investir dans la relation.

Aujourd’hui, 8 ans plus tard, je ne suis plus dans les émotions extrêmes. J’ai compris que mon rôle était d’être un adulte de confiance qui les entoure. Je ne cherche pas à les éduquer. Je me permets simplement de les reprendre quand il s’agit de principes et de valeurs que je ne peux accepter dans mon foyer. De leur côté, ils ont grandi aussi, ont fini par accepter leur petite sœur, même si la situation n’est bien sûr pas parfaite. Mais je fais la part des choses. Je sais que pour, eux aussi,, pour leur père, même leur petite sœur, ce n’est jamais évident de trouver sa place…

Continuer la lecture

close

Recevez toute la presse marocaine.

Inscrivez-vous pour recevoir les dernières actualités dans votre boîte de réception.

Conformément à la loi 09-08 promulguée par le Dahir 1-09-15 du 18 février 2009 relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel, vous disposez d'un droit d'accès, de rectification, et d'opposition des données relatives aux informations vous concernant.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page