Santé

Pourquoi certaines personnes maigrissant en vieillissant ?

Pourquoi on maigrir avec l’âge ?

« D’un point de vue biologique, le vieillissement est le produit de l’accumulation d’un vaste éventail de dommages moléculaires et cellulaires au fil du temps. Celle-ci entraîne une dégradation progressive des capacités physiques et mentales, une majoration du risque de maladies et, enfin, le décès » rappelle de but en blanc l’OMS (source 1). De ce constant, le vieillissement pourra donc expliquer un problème de poids qu’il soit en excès ou insuffisant. « Avec l’âge, le métabolisme s’affaiblit et pour un tas de facteurs (environnement de vie, comportements alimentaires, intensité de l’activité physique…), certaines personnes vont maigrir. Cet amaigrissement pourra d’ailleurs se traduire par une perte masse graisseuse, musculaire ou/et osseuse » explique la Dre Alexandra Dalu, médecin anti-âge. Elle ajoute : « Perdre des kilos en vieillissant n’est pas une fatalité pour autant, ça dépendra vraiment de chaque individu. » En somme : une personne de 60 ans pourra par exemple, noter une perte de 10 kilos en vieillissant quand une autre du même âge aura un poids stable (à 5 kilos +/-près de son poids 40 ans).

Quelles peuvent être les causes de l’amaigrissement chez les personnes âgées ?

Des facteurs biologiques. Les changements physiologiques du vieillissement peuvent affaiblir l’état nutritionnel : « Avec l’âge, les déficiences sensorielles, comme une diminution de la sensation du goût ou de l’odorat, ou les deux, peuvent entraîner une diminution de l’appétit et de la soif et donc parfois, une perte de poids » illustre la Dre Alexandra Dalu.

« La diminution des fonctions cognitives peuvent limiter la mobilité et affecter la capacité des personnes âgées à faire leurs courses et donc à préparer des repas équilibrés mais aussi tout simplement à se déplacer. Elles auront donc moins d’appétit du fait de leur moindre activité physique » illustre la médecin anti-âge, Alexandra Dalu. 

« Une mauvaise santé bucco-dentaire et des problèmes dentaires peuvent  conduire à des difficultés à mâcher, une inflammation des gencives et un régime monotone de mauvaise qualité peuvent aussi accroître un amaigrissement » rappelle l’OMS dans son rapport sur le vieillissement et la santé (source 2).

Au-delà des altérations biologiques, le vieillissement pourra aussi être associé à des changements psychosociaux et environnementaux, tels que l’isolement, la solitude (perte de proches plus nombreuses dues avec l’âge avancé), la dépression ou encore l’insuffisance de ressources financières, qui peuvent aussi avoir des impacts significatifs sur la nutrition et l’amaigrissement des personnes.

Quels sont les principaux risques sur la santé de la perte de poids avec l’âge ?

La maigreur chez les personnes d’un certain âge peut affaiblir le métabolisme à différents niveaux. « L’un des principale risque est l’ostéoporose, maladie des os caractérisées par une détérioration du tissu osseux » et la sarcopénie qui elle, se caractérise par une diminution de la masse et force musculaire au-delà d’un certain seuil » indique la Dre Alexandra Dalu, spécialiste en médecine morphologique et anti-âge. Ces facteurs risquent alors de fragiliser les individus âgés qui risqueront de perdre l’équilibre et de tomber allant jusqu’à se fracturer une partie du corps. Avec les conséquences parfois désastreuses qui peuvent en découler : dépression car impossibilité ou difficulté à bouger (aller au jardin, faire les courses…).

« Les personnes âgées en état de maigreur pourront seront aussi plus sensibles à la déshydratation, à l’hypothermie et à l’hyperthermie (source 2).

Est-il possible d’inverser la courbe de poids avec l’âge et comment ?

Bonne nouvelle ! Dans bien des situations, il n’est jamais trop tard pour renverser les tendances et ça vaut bien sûr aussi dans la gestion du poids. « À condition bien sûr de se prendre en main avec courage, à cet âge un simple désir de vouloir corriger des problèmes de poids ne sera pas suffisant. D’ailleurs, il sera conseillé d’envisager une prise en charge multidimensionnelle » précise la Dre Alexandra Dalu. À savoir :

Régime alimentaire adapté : « Certaines personnes âgées pensent que petit-déjeuner une tartine de beurre accompagné d’un thé est suffisant pour couvrir leurs besoins énergétiques par rapport à leurs dépenses quotidiennes mais non faute de créer certaines carences en nutriments (vitamines, minéraux…) » met en garde la Dre Alexandra Dalu. Faute d’appétit, un apport en énergie et en protéines via la prise de compléments nutritionnels oraux (CNO), pourra alors être proposé. Ces derniers se trouvent en pharmacie, sous forme de boissons, yaourts ou soupes aux arômes variés (salés, sucrés). Attention par ailleurs, les CNO ne devront pas remplacer les repas et seront à prendre en collation et en dehors des repas et sur prescription médicale de préférence.

Augmenter l’activité physique. Loin de là l’idée de se mettre à courir le marathon 60 ans passés, non ! « Pour autant l’âge, sauf contre-indications médicales, ne devrait pas être un frein pour se mettre en mouvement » insiste la Dre Alexandra Dalu, médecin anti-âgeEt se c’est pas les idées qui manquent pour passer à l’action ; à commencer par diminuer le temps passé devant la télévision, se lever davantage sous prétexte d’aller ranger un livre ou d’aller déplacer un objet par exemple. Mais aussi, (re)commencer à prendre les escaliers plutôt que l’ascenseur. Et si vous avez peur de tomber ? « Emprunter les marches de votre résidence ou des espaces publics, ce sont des lieux de passage au cas où vous tomberiez » rassure la Dre Alexandra Dalu.
Sans oublier, l’animal de compagnie ! Idéal pour se responsabiliser et s’obliger à le sortir plusieurs fois par jour (si c’est un chien). « En plus de faire prendre l’air, la balade permettra ainsi d’entretenir la force musculaire » précise la Dre Alexandra Dalu qui ajoute : « En cas de difficulté, ne pas hésiter à s’aider d’une canne ou du déambulateur, ils sont faits pour ça. »
Au besoin, ne pas hésitez à demander l’avis de son médecin traitant qui pourra évaluer votre condition physique et orienter le type d’activité physique adapté.

Enfin, pour se faire aide, les personnes âgées peuvent aussi compter sur le soutien des assistants sociaux, de la maison départementale de personnes handicapées (MDPH) (qui a pour mission d’informer et d’accompagner les personnes avant 60 ans), du centre communal d’action sociale (CCAS) ou encore l’ADMR en milieu rural.

Que faire si l’état de maigreur s’aggrave (dénutrition extrême) ?

« En cas d’échec des mesures diététiques et de la prise en charge globale de la santé, le médecin traitant pourra s’il juge une dénutrition dangereuse, placer le patient en milieu hospitalier pour une mise en place d’une nutrition entérale (grâce à une sonde placée dans l’estomac ou l’intestin grêle) et si celle-ci est impossible, une nutrition parentérale par administration de solutions nutritives par voie veineuse pourra être envisagée » rappelle le site de la Santé publique (source 3).

Comment prévenir et diagnostiquer l’amaigrissement avec l’âge ?

Pour ne pas arriver à cette situation de dénutrition extrême, il sera donc capital de prévenir la maigreur et de la diagnostiquer le plus tôt possible. Pour ce faire, et bien que l’œil permette dans bien des cas de noter qu’une personne perd du poids (vêtements trop amples, finesse des membres, baisse d’énergie…), des évaluations approfondies pour évaluer le métabolisme existent :  

La mesure anthropométrique : « C’est la technique universellement applicable et non invasive, qui permet d’évaluer la corpulence, les proportions et la composition du corps humain afin de prévenir chez l’adulte de plus de 60 ans par exemple : une insuffisance pondérale ». Les mesures anthropométriques sont le reflet de l’état nutritionnel et de santé, mais peuvent aussi être utilisées pour prévoir les aptitudes, l’état de santé et la survie du patient » rappelle l’OMS dans un rapport en ligne (source 4).
Les analyses de sang : elles seront utiles pour vérifier le taux d’hormones en période de ménopause et d’andropause, entre autres. Les hormones pouvant influencer la gestion du poids.
L’évaluation du régime alimentaire : le médecin généraliste pourra évaluer le poids du patient grâce à un test. Et s’ils en existent divers à disposition sur internet, il sera malgré tout conseillé de le faire avec son médecin traitant qui sera à même d’en tirer un diagnostic médical, tenant compte de la taille, de l’âge, de la génétique, de l’antécédent médical ou encore du niveau d’activité physique du patient.

ENCADRE : Comment déceler une dénutrition chez la personne âgée, au-delà de 70 ans ?

Le diagnostic de dénutrition au-delà de 70 ans nécessite la présence d’au moins : 1 critère phénotypique et 1 critère étiologique. 

Les critères phénotypiques :

  • perte de poids ≥5% en1mois ou ≥ 10% en 6mois ou ≥10%par rapport au poids habituel avant le début de la maladie ;
  •  IMC<22kg/m2;
  •  Sarcopénie confirmée (source 4)

Les critères étiologiques : (1 seul critère suffit)

  • réduction de la prise alimentaire ≥ 50 % pendant plus d’1 semaine, ou toute réduction des apports pendant plus de 2 semaines par rapport à la consommation alimentaire habituelle ou aux besoins protéino-énergétiques ;
  • absorption réduite (malabsorption/mauvaise digestion) ; 
  • situation pathologique (avec ou sans syndrome inflammatoire)

In fine : la perte de poids étant le plus souvent multifactorielle chez le sujet âgé, il sera vivement conseillé de prendre l’avis médical si des signes de maigreur apparaissent.

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