Santé

Ce que notre valise d’été dit de notre moi idéal

Ça y est, la saison des « tuto valise » est officiellement lancée. Jusqu’à mi-août, chacun(e) va y aller dans la presse ou sur les réseaux de sa méthode perso pour voyager toujours plus léger, toujours plus stylé, toujours plus pratique ou tout ça à la fois. Et comme tous les étés je vais les dévorer ces modes d’emploi, aussi éloignés soient-ils de mes propres rituels. Tout m’y fascine. La capsule minimaliste noir/blanc/denim que ma copine Mathilde casera dans trois pochons, autant que les sacs sous vide dans lesquels mon amie d’enfance Delphine emportera sa penderie tout entière.

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Je ne voyage pas léger mais je garde une curiosité intacte pour les bagages des autres, ces miroirs qu’ils tendent, ces portraits en creux qu’ils dessinent. Car les vacances, c’est cet instant où nous sommes à la fois profondément nous-mêmes, réduits à notre pure essence, et profondément hors de nous-mêmes, extraits de notre quotidien, délivrés de notre armure professionnelle et sociale, de ce qui fait notre existence, allez, 350 jours par an. Comment cela pourrait-il ne pas avoir d’incidence sur notre garde-robe ?

On ne peut pas se pardonner de rater ses congés

Faire sa valise, c’est dire qui on est quand tout s’arrête. Et que s’ouvre enfin cette parenthèse enchantée sur laquelle pèsent tant d’attentes. Plus on aura roulé sur la jante les mois précédents, plus cette échappée sera décisive pour le moral et l’estime de soi. Au fil de cette trêve « bien méritée », chaque journée va compter pour rééquilibrer la balance pro-perso. L’idée que l’on se fait d’une vie réussie. On peut se pardonner plein de choses tout au long de l’année, mais pas de rater ses congés. Alors, dans cette forme d’urgence à « profiter », chaque vêtement dira  notre liberté et notre insouciance retrouvées, et nous rapprochera de notre moi rêvé. Cette meilleure version de nous-mêmes qui sait savourer chaque seconde, s’offrir des souvenirs merveilleux et être radieuse sur les photos.

Eh oui, la saison du bikini est aussi celle des photos de vacances. Celle où l’on se dévoile le plus et où l’on nous immortalise aussi le plus. Face à l’objectif, mieux vaut être en paix avec son image et que les fringues tombent bien. Car si le cliché est réussi, il devient une machine à remonter le temps autant qu’à le prolonger. La garantie de revivre un peu ces jours heureux, trois mois, trois ans ou trois décennies plus tard.

On met ses espoirs, ses complexes et ses fantasmes dans sa valise

L’enjeu a de quoi donner le vertige. Profiter, savourer, se détendre, être libre, ok, mais avec le plus de photogénie possible. C’est généralement là que ça se corse. Car les femmes doivent  souvent ruser pour concilier confort et style. Et pour certaines d’entre nous, ce challenge estival démarre bien avant l’heure des bagages. Je l’ai remarqué depuis que je tiens une comptabilité précise de mon shopping. Mon pic d’achats annuel a longtemps eu lieu aux premiers beaux jours. Quand l’usure de l’année et l’impatience de débrayer s’additionnent pour doper nos songes d’une nuit d’été. Sur combien de maillots, de sandales, de jupes, de shorts les avons-nous plaquées, ces rêveries saisonnières ? Combien d’acquisitions avons-nous envisagées au nom d’un ailleurs aussi bref qu’exotique ?

Et comment faire quand, à l’heure des arbitrages, on a davantage de tenues de plage qu’il n’y aura de journées de farniente ? Ou plus de robes sophistiquées que d’apéros chics pour les arborer ? Ne pas tout emmener, s’en faire des nœuds au cerveau, avoir le sentiment de se trahir un peu à chaque cintre qui reste au placard.

On ne met pas que des vêtements dans sa valise, on y met ses espoirs, ses complexes et ses fantasmes. Dans une sorte de grand shaker émotionnel, à l’issue duquel tous nos compteurs personnels doivent, en théorie, être remis à zéro. Les accus rechargés, l’équilibre restauré. Faire ses bagages c’est honorer toutes ces projections, essayer d’en être digne. Et c’est dans cette part de rêve que nous sommes les plus émouvant(e)s. Dans ce périple intérieur qui nous est nécessaire pour que le zip ou le cadenas ferme. Et qui commence bien avant le départ.

Journaliste, plume du blog balibulle.com et coach en écriture, Charlotte Moreau est l’autrice de la méthode de désencombrement vestimentaire « Le Dressing Code : comment porter (enfin) l’intégralité de votre garde-robe » (éd. Leduc).

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