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Eczéma : comment le soigner ? | Santé Magazine

Très souvent, l’eczéma survient chez des personnes « atopiques », dont le terrain allergique est propice au développement de manifestations cutanées (urticaire), respiratoires (rhinites ou asthme allergique)… On parle alors d’eczéma atopique, ou dermatite atopique, qui concerne environ 2,5 millions de personnes, selon l’Association française de l’eczéma. Il est important de le distinguer de l’eczéma de contact, qui survient en réaction à un produit ou un matériau irritant ou allergisant. Dans ce cas, le traitement recommandé est l’éviction totale du produit fautif.

L’eczéma atopique se traduit par une sécheresse cutanée, des rougeurs et de fortes démangeaisons. De petites vésicules peuvent également apparaître au niveau des plis, des mains et de la bouche : lorsqu’elles se rompent, elles suintent et forment des croûtes bien visibles.

Lorsqu’il est mal soigné, l’eczéma peut être à l’origine d’anxiété, de troubles du sommeil, d’isolement social, voire de dépression. Il est donc essentiel de le prendre en charge en associant un traitement de fond et un traitement plus spécifique pour traiter l’inflammation en cas de poussées.

Eczéma atopique : l’hydratation de la peau en traitement de fond est indispensable

Un traitement de fond, c’est-à-dire un traitement pris sur le long terme, en prévention, est indispensable pour limiter les réactions inflammatoires lorsque l’on est sujet à des poussées d’eczéma.

Il consiste à hydrater quotidiennement sa peau à l’aide d’un traitement local (topique) avec des produits émollients et hydratants pour graisser la peau encore humide après la douche.

Les produits de soin et d’hygiène doivent être doux, sans savon et sans parfum. Attention notamment aux cosmétiques irritants, au tabagisme passif, à la climatisation et aux températures excessives (chaudes ou froides) qui peuvent assécher la peau ou la faire transpirer, et générer des inflammations, précise la Dre Delphine Staumont, dermatologue.

En cas de crise, que mettre sur l’eczéma ? Comment calmer les rougeurs et démangeaisons ?

En cas de poussée d’eczéma, le traitement repose sur l’utilisation de crèmes à base de cortisone. Pour les lésions rouges et prurigineuses, on recourt en priorité aux dermocorticoïdes, y compris pour les plus jeunes (la concentration en cortisone dans les crèmes varie selon la localisation et l’âge).

« Si besoin, des alternatives thérapeutiques topiques (Tacrolimus pommade) existent, surtout pour une utilisation au long cours dans certaines zones (comme le visage) », explique la dermatologue. Ce traitement doit être poursuivi jusqu’à la disparition complète des lésions.

Et en cas de poussée aiguë ?

En cas de poussée aiguë, le traitement est souvent spectaculaire et le problème peut se régler en quelques jours. S’il s’agit d’un eczéma chronique, le traitement est plus long, mais sa durée doit rester limitée : les crèmes à base de corticoïdes doivent être arrêtées progressivement sous peine d’aggraver la situation. Le schéma classique est une application deux fois par jour, puis une fois par jour, et un jour sur deux…

Après la corticothérapie locale, le relais peut être assuré par des crèmes émollientes pour graisser la peau. On conseille une à deux applications par jour l’hiver, où l’eczéma est plus intense, un jour sur deux au printemps et une fois par semaine l’été.

Photothérapie, immunosuppresseurs… en cas d’échec des traitements locaux

Dans les cas les plus sévères, des traitements dits « systémiques » peuvent être prescrits en cas d’échec, ou en complément des traitements locaux.

Les immunosuppresseurs

Chez l’adulte, et parfois chez le grand enfant, la ciclosporine peut être prescrite. « Le traitement est limité dans le temps, le plus souvent pour passer un ‘cap’ inflammatoire », précise la Dre Staumont. D’autres immunosuppresseurs peuvent aussi être utilisés, comme le méthotrexate, ou plus rarement le mycophénolatemofétil et l’azathioprine. Les modalités de traitements sont détaillées au cas pas cas par le médecin prescripteur.

Les anti-infectieux

Ponctuellement, des antibiotiques peuvent être prescrits en cas de surinfection bactérienne. En cas de co-infection avec le virus de l’herpès, le médecin peut aussi prescrire des antiviraux.

Les antihistaminiques

Ils sont utiles « notamment en cas de symptômes allergiques associés à l’eczéma : rhinite, conjonctivite… », indique la Dre Staumont.

Les corticoïdes par voie orale ou voie injectable sont encore parfois utilisés, mais à éviter, car ils peuvent conduire à un ‘effet rebond’ de la crise d’eczéma. Dre Staumont.

Les rayons par ultraviolets (photothérapie)

Enfin, un traitement par rayons ultraviolets (photothérapie) est régulièrement utilisé en cas d’eczéma avec de bons résultats. « Comme l’exposition solaire, ces séances de photothérapie effectuées pendant plusieurs semaines en cabinet de ville, sous surveillance médicale, contribuent à diminuer les inflammations », rappelle la dermatologue.

Les cures thermales sont-elles efficaces pour lutter contre l’eczéma ?

La cure thermale peut être plébiscitée pour améliorer le quotidien de patients souffrant d’eczéma. Si plusieurs études menées par les exploitants des stations thermales mettent en avant des bienfaits notoires (diminution des démangeaisons, et des insomnies) il faut souligner que ces études ne suivent pas le même protocole que les essais cliniques attestant l’efficacité des médicaments.

Les stations mettent en avant la qualité de leurs eaux, particulièrement riches en oligoéléments, mais selon les dermatologues, ce n’est pas la principale raison qui explique l’amélioration des symptômes. Lors de ces cures, les patients participent notamment à des ateliers « pommadage », à des psychothérapies de groupe, ou encore à des réunions d’information avec des médecins… C’est sans doute cette dimension « éducative » qui explique les bienfaits des cures thermales : les curistes apprennent à mieux appréhender leur maladie, à utiliser les bons produits, à faire les bons gestes et se réconcilient petit à petit avec leur peau.

La cure thermale peut donc être envisagée en complément des traitements traditionnels, mais elle ne doit pas les remplacer !

Une cure thermale peut être remboursée, à raison d’une cure par an, si elle est prescrite par un médecin généraliste ou un dermatologue. Un formulaire de prise en charge est nécessaire pour prétendre à un remboursement à hauteur de 70 % sur les soins et de 65 % sur la surveillance médicale. Sous réserve d’un plafond de ressources, une partie des frais de transport et d’hébergement peut également être remboursée.

Que faire contre l’eczéma sévère ? Quels sont les traitements possibles ?

En cas d’eczéma sévère, il existe différentes possibilités de traitement.

Les biothérapies

Dans les formes d’eczéma sévères, résistantes aux traitements cités ci-dessus, une biothérapie sous forme d’injection sous-cutanée peut être proposée au patient. Actuellement, la seule molécule disponible est le dupilumab. « Chez l’adulte, il ne peut être prescrit qu’en cas d’échec, de contre-indication ou de mauvaise tolérance de la ciclosporine », précise la Dre Staumont.

D’autres biothérapies sont en phase de test comme le lebrikizumab, le tralokinumab, et le némolizumab.

Inhibiteurs de JAK, tofacitinib topique, pommade au crisaborole… des pistes prometteuses

D’autres molécules sont en cours de développement avancé dans des essais cliniques :

  • Par voie orale (inhibiteurs de JAK bloquant la réponse inflammatoire dans la cellule, comme le baricitinib, l’upadacitinib, l’abrocitinib ou bien anti-H4R inhibant un autre récepteur de l’histamine) ;
  • Par voie locale (tofacitinib topique).

Une pommade au crisaborole (un inhibiteur de la phosphodiestérase 4, impliquée dans l’activation des cellules de l’immunité) est déjà disponible aux Etats-Unis, mais pas en France. Dre Staumont

Pour le moment, ces nouveaux traitements concernent uniquement les adultes souffrant d’eczéma modéré à sévère, résistant aux traitements classiques. À l’avenir, ils pourraient être disponibles chez l’adolescent, puis chez le plus jeune enfant pour les cas les plus sévères.

Comment prévenir les poussées d’eczéma ?

Pour limiter les risques de poussée, apaiser les symptômes et compléter les traitements, voici quelques habitudes à prendre au quotidien :

  • Coupez vos ongles courts et mettez des moufles aux plus petits pour limiter les lésions ;
  • Préférez les douches aux bains et utilisez du savon surgras ou des crèmes-douches vendues en pharmacie ou parapharmacie. Privilégiez une température tiède, et ne dépassez pas les 15 minutes par jour. La peau doit ensuite être rincée, séchée et crémée. Par ailleurs, l’eau chlorée aggrave l’eczéma, il faut donc éviter la piscine ;
  • Les tissus à texture abrasive, comme la laine et certaines fibres synthétiques, peuvent irriter la peau. Optez plutôt pour des vêtements doux, légers, en coton, qui ne provoquent pas de frottements. Une astuce pour les bébés : mettre leurs sous-vêtements à l’envers pour éviter le contact des coutures ;
  • Portez également une attention particulière aux produits de lessive que vous utilisez : comme pour l’hygiène corporelle, il vaut mieux éviter tout ce qui contient du parfum. Et n’oubliez pas de laver tous les vêtements que vous venez d’acheter avant de les porter, car certains contiennent des substances chimiques irritantes ;
  • Limitez le stress et détournez votre attention des lésions à l’aide d’activités relaxantes comme le yoga, la méditation, la pâtisserie, mais aussi le sport en douceur. L’art-thérapie peut aussi être une alternative intéressante : pratiquez la musique, la peinture, la lecture, le théâtre, la broderie, etc.

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