Santé

Épilation, colorations, chirurgie et muscu : comment coacher nos ados ?

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Il veut se faire refaire le nez                                             

« L’adolescence est une période de grande turbulence psychologique et de fragilité, rappelle le Dr David Picovski, chirurgien plasticien. Et face à une demande de rhinoplastie esthétique – ni obligatoire ni urgente –, la plus grande prudence s’impose. Il faut déjà bien comprendre cette motivation : sur le plan anatomique, existe-t-il une véritable disgrâce ? Est-ce une demande bien claire de la part de l’ado ou bien fluctuante ? Veut-il ressembler à tel artiste ou tel influenceur ? Ce souhait peut aussi traduire un mal-être plus profond, un trouble du schéma corporel, une dysmorphophobie, ou bien une dépression. »             

LA BONNE ATTITUDE Pour déceler les motivations de l’enfant, on peut se faire aider par un psychothérapeute. « Et le plus souvent, il est urgent d’attendre. D’autant que l’on n’opère pas un adolescent fragile, tourmenté, cela ne suffira pas à le rendre heureux. Par ailleurs, il est souhaitable que la croissance des os et du cartilage du nez soit terminée pour opérer, soit 17-18 ans pour les garçons, 16-17 ans pour les filles. Or, je constate d’expérience que bon nombre de complexes disparaissent après 18 ans. »                                        

Elle a pris du poids                           

« Une prise de poids à l’adolescence, période où se jouent d’importants conflits intérieurs, n’est ni rare ni catastrophique, affirme le Dr Patrick Serog, médecin nutritionniste. Les jeunes, en rupture avec les habitudes familiales, plébiscitent la junk food, mangent volontiers gras et sucré. Or, la prise de poids s’assortit souvent d’un déni de l’ado qui, mal dans son corps, n’a pas envie d’être, en plus, mal dans sa tête. »           

LA BONNE ATTITUDE D’abord, se garder de juger. « Je vois parfois des mères qui lancent à leur fille “tu ne peux pas rester comme ça !” ou des pères qui désirent que leur progéniture ressemble à une pin-up, deux attitudes désastreuses. Il faut demander à l’adolescente si elle se sent bien ainsi. Si c’est le cas, on lui fiche la paix, sinon elle se braquera, et on se donne du temps en restant à sa disposition si elle change d’avis. Si, au contraire, elle exprime son mal-être, on consulte un nutritionniste : pas question de la mettre au régime, mais de revoir son alimentation, sans la brimer et tout en conservant, mais en les modérant, ses habitudes au fast-food. Dans ma pratique, je constate que lorsqu’un enfant avec un poids normal grossit au moment de l’adolescence, il a toutes les chances de retrouver un poids équilibré le jour où il décide de modifier son comportement alimentaire. »       

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Il a envie de se faire tatouer                                             

« Le tatouage est entré dans les mœurs, mais il renvoie à des situations très différentes, estime la psychiatre Marie Rose Moro, professeure d’université et auteure de “Et si nous aimions nos ados ?” (éd. Bayard). Ainsi, il faut distinguer l’ado qui se tatoue à un endroit discret, pour marquer son identité et son appartenance à sa génération, de celui qui se tatoue dans un moment d’incertitude, parce qu’il va mal et est angoissé, et imprimera sur son bras un imposant serpent qu’il regrettera plus tard. Or, un tatouage ne résout, bien sûr, aucune difficulté. »              

LA BONNE ATTITUDE Légalement, un mineur ne peut se faire tatouer sans le consentement écrit de ses parents. « Sur le plan physiologique, il convient d’attendre la fin de la croissance, car des zones comme le ventre, le dos ou la poitrine peuvent encore se modifier », observe Dermato Drey, auteure de « Faire la paix avec sa peau » (éd. Larousse), médecin dermatologue et créatrice, sous ce pseudo, de vidéos informatives et ludiques sur les réseaux sociaux. On ouvre donc le dialogue afin que le tatouage, acte définitif, soit mûrement réfléchi. Et ce d’autant plus si l’on sait que 15 % des adultes regrettent leur tatouage. « Un écueil fréquent chez les jeunes : se rendre chez un tatoueur dont on suit les publications sur Instagram et lui dire “faites ce que vous voulez, je suis votre toile !”. On renonce aussi au tatouage réalisé lors d’un voyage en Asie, où la réglementation des encres est bien moins rigoureuse qu’en Europe, avec un risque infectieux et toxicologique accru. Et au copain qui s’improvise tatoueur, on préfère le professionnel qui travaille dans de bonnes conditions. » Quant au risque allergique, il reste difficile à prédire. L’idéal ? « Que le tatoueur délivre un livret notifiant les encres utilisées. »                                            

Elle se trouve trop grosse (mais ne l’est pas)                                             

« L’image corporelle de soi, si elle évolue toute la vie, est particulièrement fluctuante à l’adolescence car, à cette période-là, le corps change en permanence, note Ludivine Artus, psychologue clinicienne et auteure de “Avoir confiance en moi” (Magenta Éditions, à paraître en octobre). Cela exige une adaptation psychique constante, volontiers bousculée par les commentaires de l’entourage sur l’apparence, qui sont légion à cet âge, et des modèles de minceur encore bien tenaces dans notre société. »                                                                                      

LA BONNE ATTITUDE « Si la jeune fille idéalise la minceur, le dialogue et l’échange d’expériences entre mère et fille autour de l’apparence et de l’image de soi, qui se construit à partir du corps réel, du corps tel qu’on le perçoit et du corps désiré, constituent la plus belle des protections. On peut aussi lui expliquer combien les canons de la beauté varient selon les cultures et les époques. » Ce qui doit vous alerter ? « L’ado qui évite les repas, perd du poids… Des signes potentiels d’anorexie, qui impliquent alors de consulter. »                                           

Il change de couleur de cheveux chaque semaine                                            

« Je trouve cela plutôt de bon aloi, sourit Sylvie Consoli, dermatologue et psychanalyste, auteure de “La Tendresse” (éd. Odile Jacob). Il est assez banal de voir un ado avec des cheveux jaunes, des mèches violettes, une partie du crâne rasée… Les cheveux, tout au long de l’enfance, sont sous l’emprise des parents. Se réapproprier sa chevelure est donc très symbolique et signifie : je veux vivre ma propre vie, créer d’autres modèles que ceux de l’enfance, d’autres liens… »              

LA BONNE ATTITUDE Pour Sylvie Consoli, « ni autoritaire ni complice, on tâche de comprendre ses motivations en évaluant le contexte. Mène-t-il une vie sociale et scolaire épanouissante ou montre-t-il des signes dépressifs (repli sur soi, chute des résultats scolaires…) ? Se contente-t-il de colorer ses cheveux ou multiplie-t-il aussi piercings et tatouages ? Pour repérer une éventuelle souffrance, on peut consulter un psy, même sans son enfant. » Sinon, on l’invite à choisir des colorations plus « safe » que les permanentes, dites d’oxydation, qui, répétées, « abîment le cheveu et comportent un risque allergique, notamment au paraphénylènediamine (PPD) », souligne Dermato Drey. Les alternatives ? Des mèches d’extension colorées ou des colorations temporaires qui s’estompent après quelques shampooings.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                            

 Elle pique ma crème antirides                                      

« L’application d’une crème anti-âge n’a aucun sens tant que le processus de vieillissement cutané n’a pas commencé, indique la Dre Marina Alexandre, dermatologue hospitalière et consultante scientifique pour La Roche-Posay. Et mieux vaut éviter, pour des raisons d’hygiène, que le pot de crème ne passe d’une main à l’autre. »              

LA BONNE ATTITUDE « C’est l’occasion d’interroger votre ado sur ce qui la chagrine, propose la Dre Marina Alexandre. Si elle souffre d’acné, on consulte un dermato qui prescrira un traitement adapté. Si elle redoute que sa peau ne s’abîme, on lui explique qu’une protection solaire, dès l’arrivée des beaux jours, constitue, à son âge, le meilleur moyen de prévenir le vieillissement cutané. » On en profite pour l’inciter à prendre soin de sa peau.            

« Chaque soir, se laver le visage avec un gel sans savon qui nettoie sans assécher, recommande Carine Larchet, maquilleuse pour La Roche-Posay. La peau des ados, même grasse, a besoin d’être hydratée. Le matin, une solution micellaire assainissante, suivie d’une crème hydratante matifiante. À éviter : les excès de masques à l’argile, asséchants, et les gommages. Répétés trop souvent, ils déséquilibrent le microbiome et abrasent la peau qui, en retour, graisse encore davantage. »

Elle se maquille énormément                 

« Le make-up reflète notre état d’esprit, constate la maquilleuse Carine Larchet. Outrancier, il peut masquer des inquiétudes, un manque d’estime de soi, et constitue aussi, souvent, un moyen de détourner l’attention quand les boutons fleurissent. »               

LA BONNE ATTITUDE « Interdire tout maquillage est vain, la jeune fille se maquillera dans les toilettes du collège. Mieux vaut en discuter et l’accompagner en gardant à l’esprit qu’un joli maquillage dope l’image de soi, ce qui est crucial à l’adolescence. » Il existe aujourd’hui, en pharmacie, des fonds de teint et des crèmes teintées adaptés aux peaux jeunes (apaisants, unifiants, hydratants…), qui traitent et masquent les imperfections en toute légèreté. La bonne idée ? « Lui offrir une séance avec une pro. Et pourquoi pas en duo mère-fille ? »     

ON-COACHE-NOS-ADOS

©Matteo Valle-Filippo Fortis-Matteo Scarpellini-Alessandro Zeno-Ivan Lattuada/Imaxtree

Il a envie de faire de la muscu                                          

« Même en pratiquant des exercices de musculation, l’enfant, avant la puberté, soit 14-15 ans pour un garçon, n’a pas le matériel hormonal (les androgènes) pour hypertrophier le muscle, souligne Sébastien Ratel, maître de conférences à l’université Clermont-Auvergne, auteur de “Préparation physique du jeune sportif” (éd. Amphora). Jusqu’à la puberté, il est judicieux de développer la force musculaire en travaillant la coordination intermusculaire et intramusculaire. »           

LA BONNE ATTITUDE On l’inscrit dans un club afin qu’il puisse pratiquer de façon encadrée et adaptée à son âge. « Avant la puberté, on privilégie les exercices dits “au poids du corps” (pompes, tractions…) et on utilise de petits équipements (haltères, élastiques…) qui suffisent à exercer la coordination intramusculaire et intermusculaire. Puis on passe peu à peu à un entraînement plus poussé sur des appareils appropriés au gabarit de l’ado. Essentiel pour s’épargner toute blessure : toujours veiller à bien se positionner sur l’appareil et à ce que le geste soit correctement effectué. On augmente les charges très progressivement. »                                            

Elle veut s’épiler                                            

« Une ado peut tout à fait avoir recours à une épilation si ses poils sont source de complexes, assure Dermato Drey. Sachant que les critiques sur ce sujet entre adolescents sont quasi incontournables, y compris sur les zones que l’on n’épile généralement pas (avant-bras, cuisses…). Prévenir la jeune fille qu’il y aura toujours un idiot ou une idiote pour lui faire des remarques peut suffire à désamorcer un complexe. »              

LA BONNE ATTITUDE Cire (froide plutôt que chaude), rasoir, tondeuse, crème dépilatoire… « Toutes les méthodes sont possibles, la tondeuse étant moins propice aux poils incarnés. Et on tord le cou à cette idée reçue tenace : raser ou tondre un poil ne le rend pas plus épais. » On réserve l’épilation au laser après la fin de la puberté, quand le système pileux est définitif. « Avant, c’est moins efficace. C’est un acte douloureux et coûteux, à envisager seulement s’il existe un complexe important. »

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